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À Talataye, dans la région des trois frontières, réunion du Cadre stratégique permanent (CSP) en présence de tous les chefs armés du Nord. Olivier Jobard / MYOP.

 

REPORTAGE - Réunis au sein d'une organisation unique, les chefs des groupes armés touaregs et arabes du nord du Mali se préparent à assurer la sécurité après le départ des forces françaises de Barkhane, dans une zone en proie aux attaques meurtrières des groupes djihadistes. Nous avons assisté à la naissance de cette nouvelle structure qui vise aussi à relancer le processus de paix.

 

n ce printemps 2022, dans la brousse de la région des trois frontières, à Talataye, un grand acacia délivre son ­ombre généreuse à une réunion exceptionnelle. Venus séparément, leurs gardes du corps discrètement déployés à bonne distance, ils sont tous là, tous les chefs des groupes armés du Nord ayant ­signé l'accord de paix d'Alger en 2015. Laborieusement conclu sous la pression de la communauté internationale, l'accord entre les autorités maliennes et les groupes armés devait mettre un terme à des décennies de rébellions par la mise en œuvre d'un ambitieux programme de régionalisation, de développement du nord et d'intégration des combattants dans l'armée régulière.

 

La dernière rébellion en date, il y a dix ans, a provoqué la pire crise de l'histoire du pays, quand les ­groupes rebelles touaregs et arabes – rejoints puis doublés par les djihadistes – se sont emparés des deux tiers du territoire malien, avant de proclamer l'indépendance de l'Azawad, cette grande région désertique du nord. En janvier 2013, François Hollande déclenchait l'opération Serval et, à partir de 2014, les autorités maliennes ­armaient des milices ethniques pour combattre les rebelles. On ne sait combien d'hommes sont morts au fil de ces incessantes et vaines batailles, le long de lignes de fractures com­plexes à analyser, parfois communautaires, parfois politiques.

Le départ des Français

Les voici réconciliés au sein d'une nouvelle structure : le Cadre straté­gique permanent (CSP). Assis sur des nattes et tapis multicolores, à l'invitation de la mairie de Talataye, ils sont là pour organiser la sécurité des ­populations victimes de l'État isla­mique au Grand Sahara (EIGS) qu'on appelle ici plus volontiers Daech. Le temps presse. Les der­nières bases de l'armée française au Mali et dans la région – à Gao, ­Ménaka et Gossi – sont en train d'être vidées, au risque de créer un ­fâcheux appel d'air en faveur des ­djihadistes.

À lire aussi«Nous sommes devenus un jouet entre les forces armées» : à Gossi, la population otage de la guerre informationnelle entre Wagner et Barkhane

Mohamed Assaleh est le jeune maire de Talataye, 30.000 habitants, peuplée d'éleveurs, essentiellement touaregs. « Nous ­subissons des attaques terroristes tous les mois ­depuis 2017. Plus d'une ­dizaine de villages sont abandonnés, surtout du côté sud de la commune. Les populations ont fui pour se réfugier dans les villes. Les éléments terroristes tuent les gens, brûlent les habitations, volent les ­animaux. Plusieurs milliers de têtes de bétail ont été emportées. Plusieurs ­dizaines de personnes ont été tuées et autant d'autres enlevées. »

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Les gardes du corps des chefs touaregs sont discrètement déployés à bonne distance d'une réunion historique. Olivier Jobard / MYOP.

La situation s'est aggravée après la destruction du camp militaire malien d'Indelimane, décimé le 1er novembre 2019 par l'État islamique. Depuis, les forces armées maliennes sont parties et les djihadistes règnent en maîtres sur des populations terrorisées : ils exigent des impôts, font des recrutements forcés, régentent la vie quotidienne. « On est livrés à nous-mêmes. On est conscients que l'État ne rétablira pas la sécurité à notre place. Il faut qu'on s'organise entre nous pour essayer de sécuriser nos populations », poursuit le maire, sans illusions sur les capacités et la volonté des autorités de venir se battre à leurs côtés.

Avant la tombée de la nuit, on se ­dépêche d'organiser le campement. Chaque convoi va bivouaquer sur une dune, choisie à la dernière ­minute. L'imprévisibilité est de règle

Cette zone des trois frontières est l'une des plus dangereuses du pays*. Pour des raisons de sécurité, la réunion se tient à l'extérieur de Talataye, dans un espace découvert, plus facile à surveiller qu'un environnement urbain. Toutes les pistes sont barrées par des hommes en armes. Motos, charrettes et piétons, repérés de loin, sont invités à passer plus loin. Des fanions, très connus dans la région, permettent d'identifier les pick-up des différents mouvements armés. Mais les combattants eux-mêmes se confondent dans des treillis dépareillés au gré de la ­disponibilité des uniformes sur le marché. Car il n'y a pas de militaires professionnels parmi eux. Ce sont tous des volontaires.

Avant la tombée de la nuit, on se ­dépêche d'organiser le campement. Chaque convoi va bivouaquer sur une dune, choisie à la dernière ­minute. L'imprévisibilité est de règle. Le chef de l'un des équipages qui constituent notre escorte scrute la brousse avec des lunettes de visée nocturne. Il y a partout des éleveurs et des animaux, et l'ennemi peut facilement s'y confondre. Les pick-up ­forment un cercle et nous dormons en son centre. Les combattants se ­relaient pour monter la garde, la ­kalach à portée de main, autour de quelques braises rougeoyantes et d'un thé amer.

Conflits communautaires

Le lendemain matin, tout le monde se rassemble avant de reprendre la route. Il est temps d'annoncer les ­décisions de la veille aux combattants et aux habitants de Talataye : un dispositif de sécurité va être mis au point pour créer une présence permanente aux côtés des popu­lations, afin de tenir à distance les djihadistes. Un état-major est en cours de constitution, avec son commandement propre, ses forces spécialisées, son renseignement et ses moyens de secours. Les représentants des habitants se disent soulagés.

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Départ en convois des groupes armés touaregs. Olivier Jobard / MYOP.

Le Cadre stratégique permanent sait qu'il doit être attentif à ne pas se laisser entraîner trop loin : au-delà de ses moyens militaires – forcément plus modestes que ceux des armées – ou dans un cercle vicieux d'affrontements ethniques. « Dans cette guerre qui nous est imposée, on devra veiller à ce que les unités opérationnelles, bien qu'essentiellement issues des terroirs subissant les atrocités, ne versent pas dans les conflits communautaires. Nous faisons la guerre à Daech et non aux Peuls », affirme Attaye Mohamed, un cadre de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), l'une des deux grandes coalitions signataires de l'accord d'Alger. En effet, la région est le théâtre d'une rivalité très ­ancienne entre la communauté touareg daussak, à l'identité linguistique et culturelle forte, et des Peuls, essentiellement nigériens. Ce vieux conflit entre éleveurs nomades a dégénéré à partir de 2012, la majorité des Touaregs ayant rejoint la nouvelle rébellion et la majorité des Peuls, pour se protéger des premiers, des groupes djihadistes affiliés à l'État islamique. Les civils ont payé cher les représailles communautaires de part et d'autre.

Offensives meurtrières

Moussa Ag Acharatoumane, le benjamin des leaders touaregs, est le chef du groupe le plus présent dans ces parages : le Mouvement pour le salut de l'Azawad (MSA). Basé à Ménaka, il a combattu en 2018 aux côtés des armées française, malienne et nigérienne dans la région. « Il y a eu ce que j'appelle une alliance de circonstance. Les Français étaient là ; l'armée malienne était là ; l'armée nigérienne était là. Il y avait notre mouvement aussi, au milieu de tout ça. Et toutes ces forces étatiques avaient les mêmes ennemis que nous, raconte-t-il. Pendant quelques mois, nous avons fait des opérations ensemble et nous avons pratiquement défait cette organisation le long de la frontière. Mais les États ont commis une grave erreur : ils ont trop vite crié victoire », prévient Moussa Ag Acharatoumane, détendu et rieur, le seul chef de guerre rebelle ayant fréquenté Sciences Po. La présence de la force Barkhane et de la force européenne Takuba était dissuasive. Leur départ risque de « donner des idées qui ne sont pas forcément positives à des acteurs qui n'ont pas forcément de bonnes intentions, s'inquiète-t-il. Nous sommes donc devant un grand défi : nous et notre État devons combler ce vide ».

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La société touareg est matriarcale et les femmes jouent un rôle central dans la rébellion. Olivier Jobard / MYOP.

Le matin suivant cet entretien, Moussa Ag Acharatoumane est parti en catastrophe : l'État islamique venait de lancer une offensive meurtrière, la plus sanglante depuis 2012, contre plusieurs campements et villages dans la bande frontalière des régions de Ménaka et Gao. Le MSA a perdu une position, des véhicules et quelques hommes. Le bilan civil est, lui, très lourd. Plusieurs sources font état de 400 personnes tuées et de milliers de déplacés, des chiffres difficiles à vérifier dans ces zones extrêmement reculées. C'est la tactique de prédilection de l'État islamique : il fuit le combat direct, sauf lorsque le rapport de force lui est favorable, mais exerce des représailles massives contre les civils.

Kidal, bastion de la rébellion

Après Talataye, le convoi du CSP s'est rendu à Anéfis, le cœur de la plaine pastorale, pour convaincre des combattants réfractaires de rejoindre la dynamique. Puis, après un dernier bivouac, il s'est dispersé au matin. Et notre escorte a rejointKidal, tout à la fois berceau et dernier bastion de la rébellion touareg : une petite ville perchée en haut du massif volcanique des Ifoghas, loin de tout. Il n'y a à Kidal ni électricité, ni banque, ni hôpital. La ville est gérée depuis 2014 par la Coordination des mouvements de l'Azawad. Son chef, Bilal Ag Acherif, nous a reçus dans son bureau. Le Cadre stratégique permanent, dont il a été le premier président, doit beaucoup à ses qualités diplomatiques.

Le but est de parvenir à une réconciliation dans le Nord. Malgré nos positions politiques différentes, nous devons respecter les relations sociales et les activités de nos populations qui ont le droit de cohabiter en paix

Bilal Ag Acherif, chef de la Coordination des mouvements de l'Azawad

« Le but est de parvenir à une réconciliation dans le Nord. Malgré nos positions politiques différentes, nous devons respecter les relations sociales et les activités de nos populations qui ont le droit de cohabiter en paix. Nous devons nous respecter, en leur nom. Aujourd'hui, nous vivons des temps très difficiles. Il faut que les combattants des mouvements de l'Azawad jouent leur rôle dans la sécurité de nos populations et coopèrent pour cela avec les forces maliennes et internationales, explique-t-il. Avant, tout le monde nous reprochait de nous combattre entre Azawadiens. Maintenant, il n'y a plus de combats entre nous. Il y a des combats entre les Azawadiens et les groupes terroristes qui commettent des exécutions de masse. Il faut de nouvelles relations entre le Sud et le Nord et, le minimum, c'est l'accord de paix d'Alger que nous nous devons d'appliquer. Dans le cas contraire, nous devrons avoir le courage de discuter un nouvel accord et de retourner à la négociation. »

Dialogue rompu

La mise en œuvre de l'accord est en panne depuis octobre 2021. En février 2022, les chefs du Cadre Stratégique permanent et le ministre de la Réconciliation du Mali, le colonel-major Ismaël Wagué, ont paraphé côte à côte l'accord de principe de Rome qui prévoit la reprise du dialogue entre les groupes armés et le gouvernement. Un dialogue très fragile, au bord de la rupture. Les autorités italiennes accompagnent patiemment ces efforts, alors que la France est désormais hors jeu.

Car, depuis le printemps, la France a évacué ses matériels et ses soldats de Gossi et Ménaka, respectivement en avril et en juin, remettant les clés des deux camps à l'armée malienne. Le super camp de Gao devra être vidé à la fin de l'été et il ne restera alors plus aucun soldat français sur le sol malien. La rupture militaire et politique entre les deux pays est, elle, consommée et semble irréversible, après neuf ans d'engagement. Début mai, le traité de coopération militaire entre la France et le Mali a été dénoncé par le gouvernement de Bamako avec effet immédiat, mettant un terme au cadre légal qui avait permis l'installation de la force Barkhane l'été 2014. Et il y a deux semaines, alors que le Conseil de sécurité des Nations unies examinait le rapport du secrétaire général sur la situation dans son pays, le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a réaffirmé l'opposition ferme du gouvernement à un appui aérien français aux Casques bleus de la Minusma.

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Les différentes communautés touaregs se sont unies contre leur ennemi commun : les djihadistes. Olivier Jobard / MYOP.

Les trois emprises françaises de Gossi, Ménaka et Gao incarnaient une priorité tactique très claire à la vaste région des trois frontières, d'où les groupes djihadistes armés ont progressivement envahi le Niger et le Burkina Faso voisins depuis 2014 et 2015. Or, les récents événements dans cette zone, dans les trois pays concernés, montrent que la guerre continue d'y faire rage.

Les rapports indépendants sur le nombre des victimes font état d'une dégradation continue de l'insécurité dans toute la région, d'un élargissement du périmètre de la guerre et d'un nombre croissant de victimes.

Le drame des déplacés

On compte désormais près de 5 millions de personnes déplacées au Sahel, se réfugiant dans les villes pour échapper à l'insécurité qui règne en brousse et autant d'enfants déscolarisés, dans des pays figurant parmi les plus jeunes et les plus pauvres du monde.

Les groupes djihadistes, eux, sont déchaînés, l'État islamique surtout, qui semble avoir décidé d'exterminer les Touaregs de la région. Moussa Ag Acharatoumane et son aîné, le général El Hadj Gamou, sont repartis sur les sentiers de la guerre début juin, à Andéramboukane. La bataille a été rude mais la ville aussitôt reprise par un essaim de combattants de l'État islamique à moto. Une semaine plus tard, l'armée malienne et ses alliés russes des milices Wagner prenaient possession de l'ancienne base française de Ménaka. Les combattants de Gamou, qui a repris le treillis, y sont installés eux aussi, pour pourchasser l'ennemi commun.

*Les groupes djihadistes sont actifs sur deux fronts principaux actuellement : la région du Centre, où l'armée malienne a entrepris une grande offensive contre la katiba Macina, affiliée à al-Qaida et la région des trois frontières, où les filiales locales d'al-Qaida et de l'État islamique sont en concurrence.

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Des combattants de la Coordination des mouvements de l'Azawad assurent la sécurité de la ville de Kidal. Olivier Jobard / MYOP.

Par Nathalie Prévost (texte) et Olivier Jobard / MYOP (photos). Édition par Louis Lecomte.

Ce reportage a été réalisé dans le cadre du tournage d'un film documentaire sur la crise malienne, produit par Point du Jour, qui sera diffusé sur France 5 dans les prochains mois.


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