La policière municipale ( ...camp Estrosi ...Mairie ...) qui a accusé dans le Journal du dimanche le ministère de l'Intérieur de lui avoir fait subir des pressions pour qu'elle modifie un rapport sur le dispositif de sécurité après l'attentat du 14 juillet à Nice a maintenu dimanche soir ses accusations. Dans la foulée, son avocat a annoncé qu'elle allait faire un signalement auprès du procureur de la République pour "faux en écriture publique", ce lundi. 

Sur France 2, Sandra Bertin a assuré qu'un "commissaire de police" disant être envoyé par le ministère présent avec elle dans le centre de vidéosurveillance de la ville et une autre personne disant faire partie du cabinet du ministre, jointe par téléphone, lui avaient notamment demandé "de faire apparaître sur certains endroits des positions de la police nationale" et de rédiger un rapport "modifiable".

Harcelée par téléphone

"Il y a un commissaire de police qui s'est présenté dans mon bureau, m'expliquant être envoyé par le cabinet du ministère et avoir besoin d'éléments de réponse quant au visionnage des caméras", a assuré dimanche soir Mme Bertin, qui est également responsable du Syndicat autonome de la fonction publique territoriale de la Métropole et de la Ville de Nice. "Il me met en relation téléphonique avec une personne qui se présente elle aussi comme faisant partie du cabinet du ministre de l'Intérieur et qui décline son nom, son prénom et qui m'indique avoir besoin de précisions quant à l'événement", a-t-elle poursuivi.

"Dans le cadre de ces précisions, (cette personne) me demande de noter précisément dans le rapport les points de barrage où était positionnée la police municipale et où était positionnée la police nationale. Je lui réponds qu'en fonction de ce que je vois, je lui indiquerai, et qu'évidemment je n'inventerai rien", a encore raconté Mme Bertin. "Partant de là, elle me demande une version modifiable de mon rapport, ce à quoi je m'oppose", a-t-elle ajouté, affirmant avoir été ensuite "littéralement harcelée téléphoniquement: au fur et à mesure que le temps passe, les appels sont de plus en plus rapprochés".

"Je ne suis pas une menteuse"

Après avoir envoyé son rapport, la personne se présentant comme un membre du cabinet de M. Cazeneuve a rappelé le commandant de police présent dans la pièce, toujours selon Mme Bertin: elle "lui demande de me faire modifier certains éléments, certains paragraphes, en me demandant notamment de faire apparaître sur certains endroits des positions de la police nationale". "Encore une fois je m'y oppose, le commandant de police s'énerve. Plusieurs personnes ont pris ma défense en disant qu'à un moment il fallait arrêter. (Le policier) indique à une des personnes --là encore je ne dis pas son nom, l'enquête le révélera-- qu'il la réquisitionne, qu'il faut modifier le rapport", a conclu la policière.

En face, le ministre de l'Intérieur a nié les pressions et indiqué qu'aucun membre de son cabinet n'avait été en contact avec Sandra Bertin. Pourtant, dans Nice Matin , la jeune femme persiste et signe : "Je ne suis pas une menteuse, je dis la vérité, j'ai subi des pressions" de la part du ministère de l'Intérieur. Egalement interrogée par France Info, la jeune femme n'a pas révélé le nom de la personne qu'elle avait eu au téléphone mais a indiqué que son identité serait "révélée très prochainement".

>>>>>>>>Le Figaro Prémium 25.07.16>>>>>>>>>>>



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Camille Neveux - Le Journal du Dimanche



...et voici un autre point de vue ...

Attentat de Nice : la responsabilité de Christian Estrosi

Suite à l'attentat de Nice, Olivier Bettati, ancien bras droit d’Estrosi et conseiller municipal FN, réclame deux commissions d’enquête : l’une sur le rôle de l’Etat et l’autre sur celui de la mairie. Il déclare à Caroline Parmentier dans Présent :

"Pourquoi êtes-vous si circonspect sur le témoignage de la policière de Nice qui accuse le gouvernement de pression ?

J’ai été l’adjoint d’Estrosi pendant 25 ans et je connais parfaitement tout ce petit monde. Il faut savoir que la technique d’Estrosi c’est de faire en permanence de la com sur la com, de manière à ce que l’on n’ait pas le temps de réfléchir à ce qui s’est passé à l’étape d’avant. L’étape d’avant c’est quoi ? Dans la nuit du 14 juillet, les bandes-vidéo ont toutes été saisies par la justice comme cela se fait à chaque fois. Deux jours après, il y a une réquisition faite par le parquet demandant la destruction des bandes. Pourquoi ? Pour éviter de les retrouver au mieux sur des réseaux sociaux, au pire dans la propagande de Daech. Ça se passe toujours comme ça et heureusement. La technique de com d’Estrosi a été de dire : « c’est un scandale d’Etat, on veut effacer les traces de ce qui s’est passé ». Et pendant trois jours tout le monde est rentré dans ce truc-là. Mais expliquez-moi quel intérêt aurait le ministre de l’Intérieur à envoyer une barbouze pour harceler un délégué syndical de la police municipale de Nice dans la ville d’Estrosi et lui demander de bidouiller des bandes dont les originaux sont depuis trois jours entre les mains de la justice ? Je rappelle que la policière Sandra Bertin est très proche d’Estrosi et de l’UMP. Pendant les Régionales elle a fait campagne ouvertement pour Estrosi, retweetant des messages contre Marion Maréchal-Le Pen.

Estrosi a donc, selon vous, tenté d’allumer un contre-feu de façon à effacer ses propres failles de la nuit du 14 ?

Exactement. Quand j’ai donné ma conférence de presse quelques jours après l’attentat, j’ai rappelé qu’Estrosi n’était pas le maire de Nice. Mais il est l’adjoint à la sécurité et à la circulation et occupe donc un rôle clé dans ce qui s’est passé. Pourquoi ne s’est-il pas rendu aux réunions organisées en préfecture concernant la mise en place du dispositif de sécurité et la répartition des rôles entre la police nationale et la police municipale pour le grand feu d’artifice du 14 juillet ? Au début, il a commencé par dire que ce n’était pas vrai puis il a fini par avouer sur BFM qu’il n’était pas à ces réunions. Or, en tant qu’adjoint à la sécurité il se devait d’y être. S’il y était allé il aurait été en mesure de prendre des décisions déterminantes comme de décider de la présence de policiers nationaux et pas de policiers municipaux sur le dispositif du soir. Or la police municipale était, à partir de 20 heures 30, seule en charge de la sécurisation de la promenade des Anglais à l’angle du boulevard Gambetta. Pourquoi lui, qui est en charge également de la circulation, a-t-il choisi, alors qu’il savait qu’il n’aurait plus de police nationale, de traiter l’entrée de la zone festive par un dispositif dit de circulation plutôt qu’un dispositif de sécurité ? C’est-à-dire sans les quatre blocs en béton qui auraient dû être déposés de chaque côté de la promenade des Anglais et auraient permis de bloquer l’entrée du camion tueur. Le choix qui a été fait par l’adjoint à la sécurité et à la circulation a été la mise en place d’un simple dispositif de circulation angle boulevard Gambetta/promenade, ce qui au regard du danger est une faute lourde.

[...] Pourquoi le commissaire divisionnaire Sylviane Casanova, ancien chef de notre police municipale, un grand flic, a-t-elle été remerciée et remplacée à la demande d’Estrosi par un simple agent de catégorie B, un copain à lui, élu Les Républicains et qui le soir du 14 juillet était absent, parti dans sa commune avoisinante ? Pourquoi l’ancien sous-préfet, Christophe Aumonier, unanimement reconnu comme un excellent spécialiste de la police, a-t-il été viré et remplacé par l’épouse du directeur de cabinet de Christian Estrosi, Véronique Borré, qui n’a aucune espèce de compétence en matière de sécurité ? [...]"