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 « Gloria in Excelsis Deo et in terra pax »

 

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 ... un long processus d'homonisation ..

 

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"À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un." (Gn 2, 24)*

 Prendre au sérieux l'Apocalypse
    ....la charité fait face à l'empire aujourd'hui planétaire de la violence....

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lorsque l'enfant parait
l’orage cérébral de l’adolescence n’est pas un mythe ... 

https://homocoques.fr/index.php/8-articles/2328-https-cgermainpatrick-blogspot-com-2014-02-definition-de-lamour-des-3-termes-grec-html-page-1-sur-6-la-question-de-l-amour-eros-philia-agape

 

le péché social d'égoïsme et d'obstination

.... prophétise à l'esprit,

 

SILENCE

SORS de CET homme

 

 

prophétise *,

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 ...ÂutreS ARTisans de l'ENtre....

 

 

 

... BenoitXVI ...

était convaincu de l’importance de la culture française

et croyait en la capacité d’influence de notre pays sur le monde entier.

 

 Prière de Marthe Robin pour la France

 

Génie du christianisme

 

Chemin de croix

 

 

«Les Perfections»

 

l’écran de nos vies blanches

 

 

1960

George Orwell nous adresse un dernier avertissement

 Aldous Huxley interviewé en français

 

 

 

mai 2023

 

 

 

 

 

... homme&femme IL ne cesse de créer

..."ENtre-DEUX-agité-désintéressé" à son IMAGE...

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Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, le 24 avril 2023, présidant le Conseil de sécurité des Nations unies.

La Russie et la Chine disposent d’armements bien supérieurs à ceux des Occidentaux. La première a gagné la guerre en Syrie et s’apprête à vaincre en Ukraine. Malgré tous ses efforts, l’Otan, qui a déjà échoué au Moyen-Orient par jihadistes interposés, ne parvient pas à renverser la réalité sur le champ de bataille.

La manière de penser des anciennes puissances coloniales les poussent à imaginer que la Russie et la Chine vont utiliser leur supériorité militaire pour imposer leur mode de vie au reste du monde. Or, ce n’est pas du tout leur intention et ce n’est pas ce qu’elles font.

Moscou et Beijing ne cessent de réclamer l’application du Droit international. Rien de plus. Les Russes aspirent à être tranquilles chez eux, tandis que les Chinois espèrent pouvoir commercer partout.

Les évènements en Ukraine nous ont fait oublier les demandes maintes fois réitérées depuis 2007 de la Russie : elle exige des garanties de sécurité qui lui sont propres, notamment l’absence d’arsenaux appartenant à des pays tiers stockés chez ses voisins. La Russie n’a pas les moyens de défendre ses frontières, les plus grandes du monde. Elle ne peut donc assurer sa sécurité si des armées ennemies se massent sur plusieurs fronts à ses frontières, sauf à pratiquer la « stratégie de la terre brulée » du maréchal Fédor Rostopchine. C’est le sens de toutes les négociations pour la réunification de l’Allemagne. L’URSS y était opposée, sauf à ce que la Nouvelle Allemagne s’engage à ne pas entreposer d’armes de l’Otan à l’Est. C’est le sens de toutes les négociations avec les anciens États du Pacte de Varsovie. Et ce fut encore le sens des négociations avec tous les États de l’ex-URSS. Jamais Moscou ne s’est opposé à ce qu’un État choisisse ses alliés et, éventuellement, adhère à l’Otan. Toujours, il s’y est opposé si l’adhésion à l’Otan impliquait l’installation de stocks d’armement de l’Otan sur son territoire.

Moscou ne s’est montré satisfait qu’en 1999, lorsque 30 États membres de l’OSCE ont signé la Déclaration d’Istanbul, dite « Charte de la Sécurité en Europe », qui pose deux principes majeurs :
 le droit de chaque État de choisir les alliés de son choix et
 le devoir de chaque État de ne pas menacer la sécurité des autres en assurant la sienne.

C’est la violation de ces principes, et elle seule, qui a conduit au conflit ukrainien. C’était le sens du discours du président Vladimir Poutine à la Conférence sur la sécurité de Munich, en 2007 : il y a dénoncé le non-respect des engagements de l’OSCE et l’établissement d’une gouvernance « monopolaire » du monde.

Les Occidentaux, qui considéraient la Russie comme un pays en faillite, ont certes convenu qu’elle avait raison, mais se sont moqués de son impuissance. Ils ont eu tort : la Russie s’est relevée et les a dépassés. Aujourd’hui, elle utilise sa force pour nous faire respecter les principes que nous avons signés, pas pour nous imposer sa manière de penser.

Depuis l’effondrement de l’Union soviétique, l’Occident a négligé les engagements auquel il avait souscrit durant la Guerre froide, afin de construire un « Nouvel Ordre Mondial », selon la formule de Margaret Thatcher et de George Bush Sr. ; un Nouvel Ordre Mondial « fondé sur des règles » que les Occidentaux ont eux-mêmes définies. Nous avons donc cumulé les violations de notre signature et, partant de là, du Droit international.

Il existe une incompatibilité fondamentale entre le Droit international, issu de la Conférence de La Haye de 1899, et le Droit anglo-saxon : Le Droit international est une convention positive. Il est élaboré à l’unanimité. C’est-à-dire qu’il est accepté par chacun de ceux qui l’appliquent. Au contraire, le Droit anglo-saxon est fondé sur les usages. Il est donc toujours en retard sur l’évolution du monde et privilégie ceux qui l’ont dominé.

À partir de 1993, les Occidentaux ont commencé à remplacer, un à un, tous les Traités internationaux pour les réécrire en droit anglo-saxon. Madeleine Albright, qui représentait alors les États-Unis du président Bill Clinton au Conseil de sécurité de l’Onu, était la fille du professeur Josef Korbel. Ce diplomate tchèque, devenu professeur à l’université de Denver, enseignait que le meilleur moyen pour les États-Unis de dominer le monde n’était pas de le conquérir militairement, mais de lui faire adopter son propre système juridique, ainsi que la Couronne britannique l’avait fait dans son empire. Après avoir été ambassadrice à l’Onu, Madeleine Albright devint secrétaire d’État. Lorsque le président George W. Bush succéda à Bill Clinton, c’est la fille adoptive de Josef Korbel, Condoleezza Rice, qui prit sa place après l’intermède Colin Powell. Dans la pratique, durant deux décennies l’Occident a patiemment détruit le Droit international et imposé ses règles, au point que désormais, il s’arroge seul le titre emphatique de « Communauté internationale ».

Le 21 mars 2023, à Moscou, les présidents russe et chinois, Vladimir Poutine et Xi Jinping, sont convenus d’une stratégie commune pour faire triompher le Droit international. Il s’agit dans leur esprit, ni plus, ni moins, que de démanteler tout ce que Madeleine Albright et Condoleezza Rice ont réalisé.

La Russie, qui présidait le Conseil de sécurité des Nations unies durant le mois d’avril, a décidé d’organiser un débat public sur le thème : « Maintien de la paix et de la sécurité internationales : un multilatéralisme efficace reposant sur la défense des principes consacrés dans la Charte des Nations Unies ».

La séance, présidée par le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, ne visait pas à déballer le linge sale accumulé depuis la disparition de l’Union soviétique, mais à commencer à mobiliser le plus d’États possible. Dans la note de cadrage (S/2023/244), diffusée par la Russie avant le débat, Moscou explicitait comment l’ordre unipolaire occidental se substituait au Droit international. Il alertait en outre sur le rôle d’acteurs non-gouvernementaux, les fameuses « ONG », dans ce dispositif. Il soulignait aussi que faire des Droits de l’homme un critère de bonne gouvernance et non pas un objectif à atteindre, les transforme en arme politique et nuit gravement à leur amélioration. D’une manière générale, les Tribunaux internationaux sont utilisés pour dire le Bien et non pas le Droit. Ils ne servent presque plus à résoudre des différends, mais surtout à créer des hiérarchies ; à diviser et non plus à unir. La Note se terminait par une série de questions dont : « Que pourrait-on faire pour rétablir la
culture du dialogue et du consensus au sein de l’Organisation [des Nations unies], y compris au sein du Conseil de sécurité ? Quel est le meilleur moyen de démontrer que la situation actuelle, marquée par une approche sélective des normes et principes du Droit international, y compris de la Charte, est inacceptable et ne peut plus durer ? ».

L’intervention du secrétaire général de l’Onu, le Portugais António Guterres, n’a pas permis d’avancer. Il s’est borné à présenter le programme à venir des Nations unies. Les très nombreux participants au débat se sont alors divisés en trois groupes.
La Russie a fait l’éloge de la Charte des Nations unies et déploré son évolution au cours des trente dernières années. Elle a plaidé pour l’égalité entre tous les États souverains et dénoncé le pouvoir exorbitant des Occidentaux et de leur organisation unipolaire. Elle a rappelé que l’opération militaire spéciale en Ukraine était la conséquence d’un coup d’État, en 2014 à Kiev, et que donc le problème n’était pas l’Ukraine, mais la manière dont nous conduisons les relations internationales. Au passage, la Russie a mis en garde le secrétaire général de l’Onu et lui a rappelé son devoir d’impartialité. Elle a souligné que si les documents des prochains sommets de l’Organisation ne respectaient pas ce principe, ils diviseraient un peu plus le monde au lieu de l’unir.
 Le Groupe des Amis pour la défense de la Charte des Nations Unies et le Groupe des 77 ont repris à leur compte la démarche russe.
 Un second groupe, composé par les Occidentaux, a dévié sans cesse le débat vers la question ukrainienne, refusant de prendre en compte le coup d’État du Maïdan, soulignant la violence de l’« invasion » russe et rappelant son prix humain.
 Un troisième groupe a décoché des flèches plus acérées. Le Pakistan a dénoncé la notion de « multilatéralisme en réseau », contraire à un ordre international constitué d’États souverains et égaux. Il a aussi rejeté toute perspective d’un monde « unipolaire, bipolaire ou même multipolaire s’il doit être dominé par quelques États ultra-puissants ». L’Éthiopie et l’Égypte ont dénoncé le rôle dévolu par les grandes puissances à des protagonistes non-étatiques.

Alors que la Russie et la Chine avaient rappelé avant le débat à diverses délégations les traités internationaux que le Nouvel Ordre Mondial viole de manière éhontée, il n’a pas été question de cas particuliers dans ce débat, à l’exception de l’Ukraine abordée par les Occidentaux.

On doit cependant anticiper les multiples réclamations des non-Occidentaux, c’est-à-dire des gouvernements représentant 87 % de la population mondiale.

Ainsi :
 la Finlande s’est engagée par écrit en 1947 à rester neutre. Son adhésion à l’Otan est donc une violation de sa propre signature.
 les États baltes se sont engagés par écrit, lors de leur création en 1990, à conserver les monuments honorant les sacrifices de l’Armée rouge. La destruction de ces monuments est donc une violation de leur propre signature.
 les Nations unies ont adopté la résolution 2758 du 25 octobre 1971 reconnaissant que Beijing, et non pas Taïwan, est le seul représentant légitime de la Chine. À la suite de quoi, le gouvernement de Tchang Kaï-chek a été expulsé du Conseil de sécurité et remplacé par celui de Mao Zedong. Par conséquent, par exemple, les récentes manœuvres navales chinoises dans le détroit de Taïwan ne constituent pas une agression contre un État souverain, mais un libre déploiement de ses forces dans ses propres eaux territoriales.
 par le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de 1968, les États signataires se sont engagés à ne pas transférer d’armes nucléaires dans un pays tiers. Or, dans le cadre de l’Otan, les États-Unis ont transféré des bombes nucléaires tactiques (et non pas stratégiques) sur certaines de leurs bases à l’étranger. En outre, ils ont formé des militaires étrangers à leur maniement. Ceci constitue une violation de leur signature par les États-Unis aussi bien que par l’Allemagne, la Belgique, l’Italie, les Pays-Bas et la Turquie.
 etc, etc.

En définitive, ce que nous, « Occident », avons à craindre de la Russie et de la Chine, c’est qu’ils nous obligent à être nous-mêmes et à respecter notre parole.

 
 
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https://www.liberation.fr/idees-et-debats/opinions/la-vie-cest-comme-une-partie-de-space-invaders-par-emanuele-coccia-20230520_XKDR4JUW35BAVHB6S5QPBQXIR4/

 

Qu’il s’agisse d’aller à la banque, de parler à des amis ou de suivre une réunion sur Zoom, notre monde où s’entremêlent réel et virtuel n’est jamais «hors jeu». Il va falloir être capable d’en réécrire les règles…

par Emanuele Coccia, Philosophe, maître de conférences à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (Ehess)

publié aujourd'hui à 9h55
 

Il y a quelques années, l’écrivain italien Alessandro Baricco a publié un livre, The Game, qui formulait une thèse assez surprenante. Selon Baricco, toute la culture contemporaine, tant du point de vue matériel qu’immatériel, n’est rien d’autre que le résultat de l’extension infinie d’un modèle originaire : le tout premier jeu vidéo produit, Space Invaders. Presque toutes les activités que nous faisons impliquent la répétition de ce modèle et de la posture que ce jeu implique : nous sommes devant un écran qui reproduit l’expérience, et nous nous déplaçons dans ce monde avec nos doigts.

Et cette transformation de la structure matérielle sert moins à la dématérialiser (comme le pensent de nombreux critiques contemporains) qu’à en faire un jeu, au sens premier de ce terme : un espace dans lequel nous pouvons faire l’expérience sensible de notre liberté et vice versa, le lieu où notre liberté nous permet de faire l’expérience esthétique de notre expérience. Chaque fois que nous jouons, l’expérience esthétique dépend de nos choix et vice versa, chaque choix que nous faisons nous permet non pas tant de nous sentir souverains sur le monde que de rendre l’expérience sensible du monde plus profonde et plus significative.

 

Les thèses de Baricco sont difficilement contestables : qu’il s’agisse d’aller à la banque, de parler à des amis, de réunions d’affaires ou de cours suivis via Zoom, de commandes en ligne, notre monde se trouve désormais dans l’impossibilité de se retrouver «hors jeu». Non seulement nous ne distinguons plus le réel du virtuel, mais ce mélange est l’espace dans lequel nous tentons de transformer notre expérience sensible en expérience de notre propre liberté.

Il est normal que cette perspective fasse peur. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si un nouveau genre est apparu : celui des romans, des séries télévisées, des bandes dessinées et même des jeux vidéo qui dénoncent le caractère totalitaire et mortifère du jeu. De Hunger Games à Alice in Borderland, de Battle Royal à Squid Game, on ne fantasme que sur une sortie définitive du jeu. Pourtant, face à ce nouvel enchevêtrement du monde, toute attitude visant à sortir du jeu, à retrouver une réalité pure, sans aucune médiation numérique, risque d’être aussi naïve et réactionnaire que celle de ceux qui pensent le numérique comme un monde dans lequel rien de notre expérience ne doit émerger.

Devenir une intensité purement virtuelle

Peut-être plus que de sortir définitivement du jeu, il faudrait trouver d’autres solutions. D’une part, il devrait être possible de construire des couloirs dans lesquels le réel et le numérique s’ouvrent et s’influencent mutuellement. C’est ce qu’a tenté de faire, il y a quelques années, l’un des plus grands couturiers vivants, Demna Gvasalia, directeur créatif de Balenciaga. Pour la collection automne 2021, en plein confinement, alors que d’autres remplaçaient les défilés par des vidéos, Gvasalia a entamé une collaboration avec Fortnite et a conçu une collection que l’on ne pouvait voir qu’en jouant à un jeu vidéo : Afterworld.

Pour voir la collection, il faut désormais pouvoir jouer au jeu vidéo. S’habiller signifie donc s’être transformé en personnage de ce jeu, devenir une intensité purement virtuelle, mais aussi pouvoir en sortir. Mais contrairement au philosophe du célèbre mythe de la caverne platonicienne, ici, on sort du jeu pour amener dans le monde réel la partie la plus vivante de la caverne : une portion de l’imaginaire qui nous semblait purement virtuelle et qui est au contraire capable d’habiter le réel.

L’habit devient ainsi le couloir du quotidien qui nous permet de redevenir, dans les rues de Paris, les personnages d’un jeu vidéo. Lors d’un défilé ultérieur (printemps-été 2022), ce mouvement a été comme radicalisé : Gvasalia a montré un épisode inédit de la célèbre série télévisée The Simpsons, dans lequel il fait défiler l’ensemble du casting de la série dans Paris. «Je vous emmène tous à Paris», lance-t-il devant le public réuni à Springfield. Plutôt que de sortir du jeu – ou de la grotte – nous devons y entrer pour amener ses personnages dans nos rues.

D’autre part, plutôt que de quitter le jeu, il faut pouvoir en changer les règles. Pour cela, il faudrait que les techniques pour les construire et les modifier deviennent des savoirs universels. Enseigner la grammaire mais pas l’informatique, exiger la maîtrise de l’anglais mais pas celle de Java ou de Python, c’est contraindre l’immense majorité de la population à un dangereux analphabétisme. Et surtout, peut-être que les écoles, les musées, les universités devraient entrer dans le jeu, devenir une partie décisive de cette imbrication du virtuel et du réel. Ce n’est qu’à cette condition que le jeu deviendra plus vivable et plus intéressant.

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https://www.liberation.fr/international/sommet-de-la-ligue-arabe-coup-de-maitre-diplomatique-pour-zelensky-et-mbs-20230519_PRMQNUWZDRE5TJJ2SMR6AKUJ4E/

 

La présence du président ukrainien, venu plaider sa cause devant des pays plus ou moins neutres face à la guerre, a gommé en partie le choc du retour du dictateur syrien Bachar al-Assad au sein de la Ligue arabe et a permis à Mohammed ben Salmane de se poser un peu plus en leader régional.

par Hala Kodmani

publié le 19 mai 2023 à 19h33
 

L’image était aussi surprenante qu’insolite. Débarquant dans sa tenue kaki habituelle au milieu des keffieh rouge et blanc de ses hôtes saoudiens, Volodymyr Zelensky a été accueilli à l’aéroport de Djedda, descendant d’un avion de la République française, en invité surprise. A ceux qui se seraient interrogés sur l’intérêt d’une telle incursion dans un sommet des pays arabes pour plaider la cause de son pays, le président ukrainien a répondu par plus d’un argument. «Malheureusement, certains pays dans le monde et ici, parmi vous, ferment les yeux sur ces annexions illégales», a-t-il déclaré dans son discours devant les chefs d’Etats arabes, appelant les dirigeants de la région à «jeter un regard honnête» sur une guerre qui a été «imposée» à l’Ukraine qui ne l’a pas choisie. «Toutes vos nations comprendront l’appel principal… Un appel noble à chacun d’entre vous à nous aider à protéger notre peuple», a-t-il dit.

Visant plusieurs points sensibles chez des pays qui affichent une certaine neutralité entre l’Ukraine et la Russie, avec laquelle plusieurs entretiennent des liens privilégiés, il a évoqué le sort des Tatars musulmans de la Crimée occupée. Il était d’ailleurs accompagné à Djedda d’un cheikh représentant ces communautés, comme il l’a indiqué à l’auditoire. Zelensky a salué les efforts de l’Arabie Saoudite qui avait mené une médiation l’année dernière entre Moscou et Kyiv pour l’échange de prisonniers de guerre. Il a rappelé les liens entre les pays arabes et l’Ukraine, notamment avec la présence de milliers d’étudiants arabes de différents pays dans les universités ukrainiennes ou les échanges commerciaux fournis et tout particulièrement la fourniture de blé ukrainien à plusieurs pays du Moyen-Orient et du Maghreb.

 

Réticences

Dans son entretien bilatéral avec le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salmane (MBS), hôte du sommet, Zelensky «l’a remercié pour son soutien à l’intégrité territoriale et à la souveraineté de l’Ukraine», a indiqué la présidence ukrainienne dans un communiqué. Il a également invité MBS, dont le pays a récemment coordonné sa politique pétrolière avec Moscou, à se rendre en Ukraine. «Pour MBS qui veut s’affirmer comme le poids lourd du monde arabe, incontournable dans la région, et une force d’équilibre entre l’Occident et la Russie, l’invitation de Zelensky est une belle opportunité», indique Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (Cermam) à Genève, présent à Djedda. «Il ne s’agit pas d’une visite tout à fait improvisée, selon le spécialiste. L’idée d’inviter le président ukrainien au sommet arabe aurait été proposée à MBS par les Américains. Après l’initiative lancée par l’Afrique du Sud dans le cadre de l’Union africaine pour une médiation entre la Russie et l’Ukraine, MBS s’est probablement dit : pourquoi pas moi ? Il a sauté sur l’occasion pour se positionner à son tour sur la scène internationale.»

La presse algérienne évoquait la venue du président ukrainien depuis trois jours. Un journal algérien avait même titré : «MBS privatise le sommet arabe». En effet, les Algériens n’ont pas caché leur réticence à cette intrusion de Zelensky parmi les chefs d’Etats de la Ligue arabe. Ouvrant la réunion de Djedda en tant que président du dernier sommet, le Premier ministre algérien n’a fait aucune mention dans son discours de ce visiteur inattendu. Autre indication sur une présence qui ne fait pas consensus parmi les participants, une source de l’organisation régionale a tenu à indiquer que le président ukrainien avait été invité par l’Arabie Saoudite et non par la Ligue.

Dans le même temps, la surprise Zelensky a fait passer au deuxième plan, voire a éclipsé, le retour de Bachar al-Assad à la Ligue arabe alors qu’on ne parlait que de cela depuis quelques jours. «Or MBS n’aime pas qu’on lui vole la vedette et ne voulait pas que Bachar soit la star du premier sommet qu’il préside dans son pays. Il tient à apparaître comme le grand manitou», souligne Hasni Abidi. Le chef de l’Etat syrien a sans doute encore moins apprécié qu’on lui vole la vedette, surtout de la part de l’Ukraine. La Syrie est en effet l’un des rares pays du monde à s’être aligné totalement sur son allié russe depuis le début de la guerre en Ukraine, notamment en votant contre les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies demandant à la Russie de cesser les hostilités en Ukraine et surtout en reconnaissant les Républiques séparatistes pro-russes du Donbass, illégalement annexées par Moscou.

«Effort commun de convergence»

A Paris, l’Elysée n’a pas souhaité commenter «pour le moment», le rôle que la France a pu jouer dans l’organisation de cette rencontre, au-delà de fournir un avion de la République française pour le transport. Néanmoins, le sujet de la visite au G7 mais aussi à la Ligue arabe aurait été évoqué lors du dîner organisé le 15 mai à l’Elysée entre les présidents Macron et Zelensky, indique-t-on de sources concordantes. Toujours dans un «effort commun de convergence de stratégie d’outreach [de sensibilisation, ndlr]», avec à l’esprit l’idée de parler à tout le monde, ou presque, pour essayer de rassembler le plus de soutien.

En juillet, Emmanuel Macron était devenu le premier chef d’Etat occidental à accueillir, avec les honneurs, MBS à l’Elysée, après l’assassinat du journaliste et opposant saoudien Jamal Khashoggi dans le consulat d’Arabie Saoudite en 2018 à Istanbul. Un crime dont MBS a été formellement accusé d’être le commanditaire direct par les services de renseignement américains. Avec la présence polémique de Bachar al-Assad puis l’arrivée surprise de Volodymyr Zelensky, qui devait poursuivre son périple diplomatique par le sommet du G7 ce week-end à Hiroshima au Japon, MBS aura en tout cas réussi à faire du sommet de Djedda un événement mondial sans précédent, alors qu’il n’attire habituellement qu’un intérêt médiatique très limité.

 
 
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https://homocoques.fr/index.php/8-articles/961-eaq-apocalypse-chez-saint-marc-parousie-du-seigneur-revelation-ou-devoilement

 

 

 

 

 

 

   
   
   
19 mai 2023  

 

 

 

 

https://www.lefigaro.fr/festival-de-cannes/jeanne-du-barry-de-maiwenn-un-film-plutot-conforme-a-la-realite-20230515

 

 

CRITIQUE - En dépit de quelques inexactitudes assumées, le spectateur sort en ayant une idée fort juste de l’esprit de cette France galante à son crépuscule.

Cette Jeanne du Barry de Maïwenn est une belle surprise dans un cinéma français qui, depuis quelques années, rate souvent ses reconstitutions historiques. Ce film évoque avec finesse la trajectoire sous le siècle de Louis XV d’une fille du peuple, belle et libre, interprétée de façon convaincante par Maïwenn, devenue l’égale d’une reine. Dans toute l’histoire de France, aucune autre maîtresse royale en titre n’était issue d’un milieu aussi modeste que Jeanne.

 

Cela ne fut possible que parce que la France de Louis XV était devenue, selon le mot du grand philosophe David Hume, le «pays des femmes». Le commerce entre les deux sexes y était fort libre, ce que l’on ignorait dans les autres royaumes d’Europe, qu’ils soient catholiques comme l’Espagne (les duègnes veillaient sur les jeunes filles) ou même la péninsule italienne (Sade s’y plaint des «sigisbées», des hommes remplaçant les duègnes), ou, pis encore, les nations protestantes, la Prusse militaire ou la prude Angleterre.

Évidemment, cette…

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CORRELATs

 

https://www.lefigaro.fr/vox/politique/mathieu-bock-cote-decadence-crise-de-regime-et-renouveau-national-20230512

 

 

CHRONIQUE - Le diagnostic de Laurent Wauquiez sur l’état d’une France qu’il juge décadente conduit à une conclusion frappante: nous ne vivons plus vraiment en démocratie.

Laurent Wauquiez s’était imposé une cure de silence médiatique depuis deux ans. Elle n’était pas totale mais elle était significative. Il vient de la rompre dans le cadre d’un grand entretien accordé au Point, où il propose son diagnostic sur l’état d’une France qu’il juge décadente, aux élites dévorées par l’idéologie de la déconstruction. Plus encore, il cherche à diagnostiquer les causes de l’impuissance politique française dans l’évolution institutionnelle du pays, et diagnostique trois phénomènes distincts.

 

Laurent Wauquiez dénonce d’abord ce qu’il appelle «l’État profond», qu’il assimile à la multiplication des autorités administratives indépendantes, qui en sont venues à s’autonomiser du politique et, même, à le remplacer, au nom d’une légitimité expertocratique jugée supérieure. Il en appelle à leur suppression. Il dénonce aussi le «coup d’État des cours suprêmes», qui ont institutionnalisé une forme de despotisme éclairé nouveau genre, prétendant se substituer à la figure d’un peuple suspecté d’être hostile au progrès, et devant pour cela, c’est notre ajout, être mis sous tutelle et rééduqué. Il s’en prend enfin à la multiplication des contre-pouvoirs qui ont paralysé le pouvoir, en verrouillant les modalités d’expression de la souveraineté populaire.

Ce diagnostic, valable pour l’ensemble des pays occidentaux, conduit à une conclusion frappante: nous ne vivons plus vraiment en démocratie. Les institutions qui caractérisaient cette dernière sont encore en place, mais sont neutralisées et n’ont plus de pouvoir. Les élus, même ceux qui sont au gouvernement, ne sont plus qu’un contre-pouvoir dans un dispositif institutionnel qui leur échappe de plus en plus. Les élections sont maintenues à la manière d’un rituel de validation du système, mais ne sont plus jugées en droit de faire émerger un pouvoir qui contesterait ce nouveau régime postdémocratique. On voit d’ailleurs la crise de panique de la classe dirigeante quand surgit quelque part la possibilité d’une victoire de la droite «populiste» ou du camp national.

Cette réflexion tranche avec l’idéologie dominante, qui au nom de la transparence, de l’efficacité technique, ou d’une conception fantasmée de l’État de droit, en est venue à dépolitiser l’État, à le vider de sa substance, et cela encore plus dans le cadre de l’Union européenne, qui s’est constituée à la manière d’un empire sans le nom se donnant le droit de sermonner, de punir et même de mater ses pays dissidents, qu’elle traite comme des provinces rebelles, historiquement retardataires, politiquement réactionnaires. Pour en revenir à la France, le cadre politique dans lequel se posent les problèmes du pays ne permet pas de les résoudre, ni même de les envisager avec une vision d’ensemble.

L’État de droit, aujourd’hui, fait surtout référence à la judiciarisation du politique, où la souveraineté est entravée au nom d’une idéologie qui se réclame des « droits fondamentaux »

On le voit régulièrement lorsqu’il est question de «l’état de droit». Si on entend par-là la défense des libertés publiques fondamentales, il suscite naturellement l’adhésion à peu près unanime de la population. Mais, encore une fois, le sens des mots évolue, et charrie avec lui une philosophie nouvelle. L’État de droit, aujourd’hui, fait surtout référence à la judiciarisation du politique, où la souveraineté est entravée au nom d’une idéologie qui se réclame des «droits fondamentaux» et qui prétend gainer les États au nom de traités auxquels il faudrait se soumettre car ils relèveraient d’engagements internationaux sacralisés. Le périmètre de la décision politique légitime ne fait que se rétrécir.

Il suffit dès lors qu’un parti politique propose une réforme allant à l’encontre de ce dispositif juridique tentaculaire et presque insaisissable pour se faire expliquer qu’il va contre le droit, comme si ce dernier était désormais de nature divine, révélée, transcendante, comme s’il ne représentait pas une philosophie politique discutable, que les hommes et les femmes d’un pays pourraient remplacer démocratiquement par une autre philosophie engendrant un autre droit. On semble congédier à l’avance l’idée que si le «droit» empêche telle ou telle décision politique, il est toujours possible de le changer.

Le régime politique occidental n’est plus démocratique - à moins de définir la démocratie non plus à partir de la souveraineté populaire, mais à la manière d’un processus historique censé permettre l’accomplissement de la société diversitaire, pilotée par une technocratie et des juges, nouvelle aristocratie s’emboîtant dans une oligarchie plus vaste. Dans quelle mesure est-il alors possible de restaurer la démocratie? Ceux qui s’engageront politiquement dans cette avenue seront politiquement extrême-droitisés, quelle que soit l’étiquette politique qu’ils revendiquent pour eux-mêmes. Car un régime se défend violemment contre ceux qui le dévoilent et combattent, en posant ouvertement la question de la légitimité. Historiquement, c’est à cette étape que nous sommes rendus.