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Ce film de Spielberg est proche d'être le meilleur de tous les temps, il se dirige pourtant vers un naufrage rageant au box-office

 
La bande-annonce de The Fabelmans : le film le mieux noté de ces 25 dernières années qui fait un flop au box-office - Universal Pictures
 
La bande-annonce de The Fabelmans : le film le mieux noté de ces 25 dernières années qui fait un flop au box-office - Universal Pictures

Steven Spielberg a sorti un tout nouveau film le 22 février 2023. Pourtant salué quasi unaniment par les critiques et les spectateurs, il se dirige vers un naufrage. On parle pourtant d'un film qui pourrait bien être considéré comme le meilleur de ces 25 dernières années...

Il a eu un accueil comme presque aucun film n'a eu ces dernières années, c'est LA production qu'il faut avoir vu. Pourtant, le film est loin de faire autant parler que ce qu'il mériterait et son score au box-office risque de frôler le désastre. On parle ici de The Fabelmans, le tout nouveau film de Steven Spielberg. C'est pour l'instant le film le mieux noté de l'année sur Allociné, mais aussi l'un des mieux notés de tous les temps. Il obtient la note de 4,9/5 par la presse et celle de 4,3 par les spectateurs. Des notes presque jamais vues et ça s'explique par le fait que le film se plonge dans l'enfance du cinéaste.

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Un film autobiographique de Steven Spielberg

Le célèbre réalisateur et scénariste de E.T., Jurassic Park ou encore Indiana Jones, s'est inspiré de sa propre histoire et de sa jeunesse pour The Fabelmans. On est plongé dans l'enfance du cinéaste, on y découvre son histoire familiale et comment il ( ....elle ....) a façonné sa vie privée et professionnelle.

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On ne le suit pas lui directement, mais Sammy Fabelman (Gabriel LaBelle), un jeune garçon qui passe son temps à filmer sa famille. Poussé à poursuivre sa passion par sa...

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https://www.youtube.com/watch?v=dOHiI_5yycU

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From the Kammermusiksaal of the Berlin Philharmonie, 2001 Piano recital by one of the very top pianists of her generation, still in her early thirties Watch the full concert: http://bit.ly/HeleneGrimaud-PianoRecital 0:00 Introduction 0:50 Johann Sebastian Bach - Chaconne from Partita No. 2 in D minor, BWV 1004 (Arr. Ferruccio Busoni) Subscribe to wocomoMUSIC: https://goo.gl/ahZRzC Follow us on Facebook: https://www.facebook.com/wocomo The Frankfurter Allgemeine Zeitung wrote of this recital by pianist Hélène Grimaud at the Kammer Musiksaal of the Berlin Philharmonie, “She doesn’t only play the piano - she feels it and she lives it. Every single note proves her devotion to perfection ... her unconventional style captivates everyone in the audience.” Arguably one of the very top pianists of her generation, her concert career took off in 1987 when she was in her early twenties and she now performs with major orchestras around the world as well as being in demand for recital appearances. The spontaneity of her playing is breathtaking. Not to be afraid of taking risks and always to play as though it is the first time is Hélène Grimaud’s maxim. Her program for this recording features Bach’s Chaconne in D minor, Beethoven’s Sonata No. 31 in A flat Op. 110, and Brahms’ Sonata No. 3 in F minor Op. 5. As encores, she plays two of Rachmaninov’s Etudes-tableaux Op. 33. © Licensed by Digital Classics Distribution #wocomoBAROQUE

 

 

She incarnates the face of eternel musique;she is more than gorgeous,she is the"princesse lointaine,toujours inaccessible"...C est l ivonne de Galais du Grand Meaulnes.
 
I'm sorry, but I don't like this bombastic piece of romanticised JSB. A stadium full of listeners and 1K of commentators say I'm wrong. Tant pis..*
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https://interpretationspirituelle.wordpress.com/ils-connurent-quils-etaient-nus/

 

« Ils connurent qu’ils étaient nus »

Gn 3:7  « Les yeux de l’un et de l’autre s’ouvrirent, ils connurent qu’ils étaient nus »

1. – « Les yeux de l’un et de l’autre s’ouvrirent »

Si l’on s’en tient au sens littéral de ce verset, il est très difficile à concilier avec le verset précédent qui nous dit que « la femme vit que l’arbre était bon à manger » (Gn 3:6). Il semble donc exclu de considérer que la vision que procure le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal est une vision physique (perception) sans quoi on ne comprendrait pas comment Adam et Eve, voyant déjà, pourraient « voir » une deuxième fois.

Il est alors tentant de penser que les yeux qui s’ouvrent sont des yeux spirituels autrement dit une faculté de voir autrement les choses selon le point de vue divin. Mais précisément cette interprétation doit aussi être exclue car elle signifierait paradoxalement que le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal permettrait de voir « comme Dieu ».  Or c’est précisément la promesse du serpent:  » vos yeux s’ouvriront, vous serez comme des Dieux » (Gn 3:5).

De quels yeux s’agit-il alors ? Ce ne sont pas les yeux physiques de la perception, ce ne sont pas non plus les yeux spirituels. Ce ne peut être alors que les yeux de la connaissance autrement l’oeil de l’âme, celui qui représente la fonction de l’intelligence. En comparaison, il faut savoir que les indiens ouvrent les yeux des statues sacrées précisément pour les animer (litt. « leur donner une âme »).

Est-ce à dire que l’intelligence soit un mal ? En elle-même, on peut en douter. Le mal est plutôt la place qu’elle occupe: si elle passe avant la réalisation spirituelle, la communion avec l’Esprit, elle s’y substitue et créé la possibilité de se diriger selon l’intelligence et non plus selon l’Esprit. Le danger est alors d’ouvrir l’intelligence avant qu’elle ne reçoive l’Esprit et ainsi, prenant toute la place elle imite l’Esprit et inscrit l’homme dans la dualité corps/âme.

2. – « Ils connurent qu’ils étaient nus »

La connaissance peut d’abord se comprendre comme la conscience qui étymologiquement signifie « accompagné de savoir »  (en latin cum-scire). C’est un « savoir en commun », une connaissance partagée avec quelqu’un. Cette origine du mot éclaire l’usage du mot connaissance dans la Bible pour désigner les relations sexuelles (Gn 4:1; Nb 31:18). La sexualité est bien le partage d’une expérience charnelle. Le terme même de pénétration prend tout son sens puisque pénétrer un secret signifie en découvrir le sens caché. On retrouve tout un champ sémantique qui s’applique également aux relations sexuelles: découvrir (la nudité); pénétrer (le corps).

Lorsque la connaissance s’applique à soi-même c’est la connaissance morale. Le mot « conscience » exprime exactement cela, la connaissance intuitive du bien et du mal. On retrouve cet aspect dans les expressions suivantes: « bonne conscience », « en conscience » « en leur âme et conscience ». La conscience est bien cette faculté qu’a l’homme d’accéder à sa propre réalité. Bref, le serpent n’a pas menti ! L’homme est devenu « comme un Dieu » connaissant ce qu’il est exactement: une âme vivante, un être matériel fait de la poussière de la terre (Gn 1:7). Ainsi, cette nouvelle vision lui fait prendre conscience qu’il est animal (litt. « une âme ») et cette connaissance est corrélative de la naissance de ce même désir animal qui sera la sexualité.

Mais cet accès à la sexualité se fait pour ainsi dire « par le bas » sans s’être d’abord accompli « par le haut » c’est-à-dire spirituellement. La jouissance sera désormais purement physique (limitée au corps), elle n’aura pas de dimension spirituelle. C’est l’union des chairs sans celle des esprits. La sexualité est pervertie  dans le sens où elle est détournée de sa finalité spirituelle d’union. Cette union est mentionnée explicitement dans la Bible: tout le Cantique des cantiques en est une métaphore et il est parlé de l’Eglise comme de l’épouse (Ap 21:2; 21:9). La jouissance spirituelle est perdue: il ne reste que le plaisir charnel et la conscience de ce plaisir qui sera le support du désir.

A titre de parallèle, il est frappant de relever que les tribus du Mali (précisément: les Bambaras) considèrent que la femme s’unit au mari par le sexe mais aussi par les yeux. La vue est le désir lui-même, l’envie. On comprend alors qu’il faille poser un interdit : « tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain » (Ex 20:17), commandement que Jésus cite en insistant sur le regard de convoitise (Mt 5:28).  C’est pourquoi le désir suscité par la nudité exige une protection du regard: ce sont les tuniques ou habits de peau (Gn 3:21). Une interprétation maximaliste de cette protection conduit très certainement à proposer le voile intégral de la femme ! Bref, on comprend désormais la dialectique du vêtement et de la nudité en ce qu’elle s’articule avec le couple du regard et du désir.

Pour conclure, l’interprétation spirituelle conduit à ne pas identifier la sexualité au mal. Le péché n’est pas en soi la sexualité. Le péché est le fait d’être coupé de l’Esprit et donc de Dieu et de se diriger dans le monde avec sa propre intelligence (« comme un Dieu ») et de satisfaire des désirs strictement charnels. C’est l’image bien connue du paradis perdu: toute la Bible invite alors à se réconcilier avec Dieu, pour jouir à nouveau de cette dimension spirituelle perdue et de faire « un retour vers le Père ».

 

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DÉCRYPTAGE - Faire durer le désir, le plaisir et l'épanouissement au sein du couple, de nombreuses études montrent que c'est possible. Des chercheurs en psychologie ont percé le secret de ces unions dont la météo érotique est au beau fixe.

Une intimité non fusionnelle

Vous vous dites tout, vous vivez collés-serrés, partagez pensées, loisirs et amis. Vous ne faites qu'un. Sauf que pour faire l'amour, il faut être deux. «Cette conception fusionnelle de l'intimité est un agent actif de la désérotisation du couple», explique Anne-Marie Benoît, psychanalyste et psychothérapeute. L'autre devenant un autre «moi», une sorte de double, ou alors, un frère, une sœur. Le désir s'émousse avant de s'éteindre.» Cette intimité interdit tout jardin secret, indispensable pour conserver son individualité, se ressourcer, ressentir le manque de l'autre et nourrir la relation.

 

En vidéo, les 12 secrets des couples qui durent

 

 

DÉCRYPTAGE - Faire durer le désir, le plaisir et l'épanouissement au sein du couple, de nombreuses études montrent que c'est possible. Des chercheurs en psychologie ont percé le secret de ces unions dont la météo érotique est au beau fixe.

Une intimité non fusionnelle

Vous vous dites tout, vous vivez collés-serrés, partagez pensées, loisirs et amis. Vous ne faites qu'un. Sauf que pour faire l'amour, il faut être deux. «Cette conception fusionnelle de l'intimité est un agent actif de la désérotisation du couple», explique Anne-Marie Benoît, psychanalyste et psychothérapeute. L'autre devenant un autre «moi», une sorte de double, ou alors, un frère, une sœur. Le désir s'émousse avant de s'éteindre.» Cette intimité interdit tout jardin secret, indispensable pour conserver son individualité, se ressourcer, ressentir le manque de l'autre et nourrir la relation.

 

En vidéo, les 12 secrets des couples qui durent

 

 Les secrets des couples qui se renouvellent : «Il y a trois ingrédients essentiels à mettre entre deux conjoints»

L'antidote : Faire de la place aux rendez-vous érotiques dans son agenda. Dans ses consultations, Sylvain Mimoun, gynécologue-andrologue-psychomaticien, fait remarquer aux couples qui se plaignent qu'ils ne se donnent pas la priorité dans leur agenda, les moments à deux passant à peu près derrière tout (les enfants, le sport, les loisirs, etc.). Il leur dit aussi qu'ils devraient commencer par se donner un rendez-vous sensuel. Des études ont montré que planifier une rencontre érotique renforçait le désir et la complicité entre les partenaires. À condition d'aborder ces retrouvailles dans un esprit de partage sensuel, de complicité ludique, et non avec anxiété et désir de «briller». Le premier rendez-vous peut être un échange sur les fantasmes, un film ou la lecture d'un texte érotique. On peut aussi pratiquer le «sensate focus», technique élaborée par les chercheurs Masters et Johnson pour aider les hommes et les femmes à se recentrer sur leurs sensations. À deux, cela consiste à effleurer l'autre, à le caresser doucement (pas de contact avec les organes génitaux), tandis que le receveur se concentre sur ce qu'il ressent. Ainsi, on quitte le mental et on habite son corps.

Des fantasmes partagés

Vous gardez vos fantasmes enfermés à double tour par peur de choquer ou de donner l'idée de les mettre en scène dans la vraie vie. Résultat : l'ennui, la routine et la frustration s'invitent de plus en plus souvent sous la couette. Plusieurs croyances sont attachées aux fantasmes dont celles-ci, largement répandues : «Je n'ai pas de fantasme», ou bien «parler de ses fantasmes finit par déboucher sur leur réalisation». «La première, qui relève de l'auto-censure, est un mécanisme de défense inconscient (j'ai peur de mon désir, mon désir me culpabilise, donc je ferme les portes à double tour), détaille la psychanalyste Anne-Marie Benoit, et la seconde veut exprimer une peur ou un désir. Le fantasme relève de l'interdit, individuel et/ou collectif. Il nous permet une transgression dans l'imaginaire qui renforce le désir et accroît le plaisir.» Elle précise en outre qu'avoir des fantasmes ou les évoquer ne constitue en rien la promesse de leur réalisation.

Le fantasme permet une transgression dans l'imaginaire qui renforce le désir et accroît le plaisir

Anne-Marie Benoît, psychanalyste et psychothérapeute

L'antidote : «Le désir sexuel émerge dans un espace où il y a un équilibre entre confiance, sentiment de sécurité et nouveauté, excitation, aventure», affirme Nicole K. McNichols. La professeure de psychologie ajoute que «parmi les couples qui se déclarent sexuellement satisfaits, figurent ceux qui essayent quelque chose de nouveau au moins une fois par mois». Inutile de faire preuve de radicalité, les études montrent qu'il suffit de procéder par petites touches (changer de décor, d'horaires, de communication verbale) pour revivifier, ré-intensifier le désir et le plaisir. Parmi ces variations, certains choisissent des jeux de rôles, d'autres d'aller à l'hôtel, d'autres encore essayent des techniques tantriques… Brigitte Martel, Gestalt-thérapeute et autrice de Sexualité, amour et Gestalt (interEditions), a conçu un exercice intitulé «le roi ou la reine» qui consiste à se mettre, à tour de rôle (chacun sa soirée), au service des désirs de l'autre. L'important, on l'aura compris, est de «jouer ensemble».

Ni jugement, ni comparaison

Vous comptabilisez le nombre de vos ébats et comparez les résultats avec ceux de votre entourage (ou des sondages), vous évaluez votre niveau technique, comparez votre vie sexuelle actuelle avec celle de votre prime jeunesse… Autant de comportements qui entretiennent l'illusion d'un âge d'or perdu, et qui brident votre spontanéité, altèrent votre confiance. Les professionnels rappellent régulièrement que la sexualité n'est pas une chorégraphie à apprendre ou à maîtriser, mais une communication et une création singulières. Se comparer est donc un non-sens absolu.

L'antidote : Les couples sexuellement satisfaits «sont curieux de leur propre sexualité et cherchent à explorer ce qui stimule et intensifie leur excitation», analyse la neuroscientifique américaine Nan J. Wise, spécialisée en sexualité. Ce qui enflamme le désir et provoque le plaisir est le fruit d'une création à deux qui ne peut émerger que lorsqu'on se laisse guider par ses sens et sa curiosité. Les couples sexuellement satisfaits cherchent à être heureux ensemble, à se donner du plaisir, sans complexes ni pression. Comme le précise sur le site Psychology Today Nicole K. McNichols*, qui a compilé un grand nombre d'études sur le sujet, «le sexe est imparfait, bordélique, et parfois même comique».

 

Sources :
Les articles de Nan J. Wise, Ph.D et de Nicole K. McNichols, Ph. D (Psychology Today), basés sur des études : Wise, N. (2020). Why Good Sex Matters: Understanding the Neuroscience of Pleasure for a Smarter, Happier, and More Purpose-filled Life. Houghton Mifflin.
Wise, N. J., Frangos, E., & Komisaruk, B. R. (2017). The journal of sexual medicine.
- E. Sandra Byers (2005) Relationship satisfaction and sexual satisfaction ; The Journal of Sex Research, 42:2, 113-118
- The battle against bedroom boredom: Development and validation of a brief measure of sexual novelty in relationships. The Canadian Journal of Human Sexuality, (2018).
Schwartz, P., & Young, L. (2009). Sexual satisfaction in committed relationships. Sexuality Research & Social Policy, 6(1), 1-17.

 

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https://www.lefigaro.fr/sciences/vers-une-revolution-cosmologique-majeure-20230228

 

 

 
 

DÉCRYPTAGE - Le télescope spatial Webb a découvert six objets lointains qui intriguent les astrophysiciens : de potentielles galaxies bien plus anciennes et massives qu’attendu. Aucun modèle théorique ne prévoit leur existence.

Si la Nasa a investi plus de 10 milliards de dollars dans le JWST (James Webb Space Telescope), c’était avant tout pour cela : trouver et caractériser les premières galaxies de l’univers, c’est-à-dire les plus lointaines. Celles dont la lumière a mis si longtemps à nous parvenir, plus de 13 milliards d’années, que nous les voyons telles qu’elles étaient dans la prime jeunesse de l’Univers, ce qui correspond à cinq premières années à l’échelle d’une vie humaine. Quand bien même il s’agissait de la mission première de ce titanesque télescope spatial (6,5 mètres de diamètre), la communauté astrophysique ne peut que s’enthousiasmer aujourd’hui devant les premiers résultats scientifiques produits sur la question.

 

Dans un article paru la semaine dernière dans Nature , une équipe est en effet allée à la pêche dans les premières données « lointaines » glanées par le télescope, un programme d’observation appelé « Cosmic Evolution Early Release Science », ou Ceers. Celui-ci visait une zone de ciel déjà observée par le télescope Hubble et dans laquelle ce dernier… ne voyait pas grand-chose. Soit parce que les objets qui s’y trouvaient étaient trop peu brillants, car trop lointains, soit parce que leur lumière était trop décalée vers le rouge (plus un objet est lointain, plus sa lumière est étirée par l’expansion de l’univers, au point de sortir du spectre visible).

À VOIR AUSSI -ISS: un vaisseau de secours a décollé pour récupérer deux cosmonautes russes et un astronaute américain

Avec sa sensibilité record et sa capacité à voir dans l’infrarouge, le JWST a très exactement été pensé pour débusquer ces « invisibles ». Et là, surprise : parmi la multitude, les astronomes mettent au jour six objets dont l’éclat et la couleur laissent penser qu’il s’agit de galaxies très anciennes, mais bien plus massives que prévu par les modèles cosmologiques. Dans un article paru dans The Conversation, le premier auteur de la publication dans Nature, l’astrophysicien Ivo Labbe, de la Swinburne University of Technology de Melbourne, raconte : « (Lorsque) j’ai lancé le logiciel d’analyse sur cette petite tête d’épingle, il m’a craché deux nombres : 13,1 milliards d’années et 100 milliards de masses solaires ; j’ai failli en recracher mon café. Nous venions de découvrir l’impossible. Des galaxies impossibles, trop précoces, trop massives. »

« Ce sont des travaux vraiment intéressants », analyse François Hammer, astronome à l’Observatoire de Paris, spécialiste de l’évolution des galaxies et récent auteur du livre Voyage de la Terre aux confins de l’Univers (Éditions Odile Jacob, 2023). « Mais soulignons bien, comme les auteurs le font eux-mêmes dans leur papier, qu’il ne s’agit que de galaxies candidates pour le moment, il faut donc rester prudent. » Leur distance, et donc leur très jeune âge, n’a pas été formellement confirmée.

Aucun mécanisme ne permettrait aujourd’hui d’expliquer la formation de galaxies aussi massives, aussi tôt dans l’histoire de l’univers. Nous les voyons telles qu’elles étaient 600 à 750 millions d’années après le big bang. Leurs masses sont comprises entre quelques dizaines et une centaine de milliards de masses solaires. Soit quelque part entre les nuages de Magellan et notre galaxie, la Voie lactée, qui sont beaucoup plus âgés. « Pour produire de telles galaxies aussi rapidement (dans l’histoire de l’Univers), il faut presque que tout le gaz disponible à cette époque soit transformé en étoiles, avec une efficacité proche de 100 % », écrit Ivo Labbe.

Ces galaxies semblent en outre contenir des étoiles relativement « vieilles ». « Plus une galaxie est jeune, plus elle émet dans le bleu », explique François Hammer. « Or la lumière de ces galaxies est plus rouge que ce à quoi on s’attendait. Ce serait une autre surprise. À moins qu’elles ne contiennent des étoiles jeunes entourées de poussières, qui absorbent le bleu. »

Un bébé quasar

Dans tous les cas, seule la spectroscopie permettra d’en savoir plus. Les scientifiques vont analyser très précisément la lumière émise par chaque galaxie pour dresser sa « carte d’identité » lumineuse, son spectre. Cela permettra de déterminer très précisément leur décalage vers le rouge, c’est-à-dire leur distance, et donc leur âge. Cela permettra également de déterminer leur composition. « Si plusieurs de ces galaxies candidates voient leur taille et leur distance confirmées, ce serait une révolution pour la cosmologie », estime François Hammer. « Il faudrait probablement abandonner notre modèle actuel. Mais c’est bien parce que les conséquences seraient aussi profondes qu’il faut des preuves supplémentaires. »

Le mois dernier, le JWST a déjà pu réaliser un premier spectre de l’un de ces candidats. « Il s’agissait en fait d’un bébé quasar », a reconnu Ivo Labbe. Soit la lumière émise par de la matière s’effondrant sur un trou noir supermassif. Un objet intéressant en soi, mais pas la galaxie lointaine et massive espérée. Restent encore cinq candidats pour bouleverser notre vision du cosmos.


 

 

 

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« le monde est en malaise faute de pensée * » 

 

Cette affirmation renferme une constatation, mais surtout un souhait: il faut qu’il y ait un renouveau de la pensée pour mieux comprendre ce qu’implique le fait que nous formons une famille; les échanges entre les peuples de la planète exigent un tel renouveau.... Une telle pensée nous oblige à approfondir de manière critique et sur le plan des valeurs la catégorie de la relation. Un tel effort ne peut être mené par les seules sciences sociales, car il requiert l’apport de savoirs tels que la métaphysique et la théologie, pour comprendre de façon éclairée la dignité transcendante de l’homme.  en 53 de l'Encyclique

Cela permettra de vivre et d'orienter la mondialisation de l'humanité en termes d'( hcqs ...ENtre-)

relationnalité,

de ( d'ENtre-)amour-comm (-) union et de partage..... ( hcqs ...et de vérité EN la charité ) 

 

 

 27.02.23  

Quatre fois plus de mortalité suite au Covid chez les 65-80 ans à cause de la vaccination ?

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https://www.lefigaro.fr/vox/societe/hugues-lagrange-la-banalisation-des-drogues-dures-le-grand-mal-etre-occidental-20230226

 

Hugues Lagrange: «La banalisation des drogues dures, le grand mal-être occidental»

 

ENTRETIEN - La consommation de cocaïne, mis en lumière par l’affaire Palmade et hier cantonnée aux milieux favorisés, croît et se banalise y compris dans les milieux défavorisés, argumente le sociologue qui y voit un symptôme de la dépression occidentale.

LE FIGARO. - Si l’affaire Palmade fait la une des journaux sur fond de consommation de stupéfiants, vous révéliez déjà, dans Les Maladies du bonheur, la poussée extraordinaire de l’usage et de l’abus de psychotropes dans les sociétés occidentales, notamment en France. La drogue ne se cantonne-t-elle plus à certains milieux? Quels sont les plus touchés?

 

Hugues LAGRANGE. - Les enquêtes de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) indiquent une baisse des consommations d’alcool qui s’opère parallèlement chez les jeunes de tous milieux de 1995 à la veille de la crise sanitaire. De même, fumer tous les jours n’est plus le fait que de 5 % des jeunes en 2017, contre 12 % en 2002, et la différence selon les milieux est ténue.

Les Occidentaux sont dépressifs non parce que des charges plus lourdes reposent sur leurs épaules que dans les sociétés d’Asie et d’Afrique mais parce qu’ils sont moins protégés par le « cocon » familial ou communautaire

Hugues Lagrange

L’évolution du cannabis est plus sinueuse. L’usage mensuel de 33 % chez les 17 ans en 2002 baisse jusqu’en 2011, se relève dans les années qui suivent la crise financière et baisse de nouveau de 2014 à 2019 à 21 %. À la fin du XX siècle, les usages de cannabis, héritiers des tendances antiautoritaires des années 1960, sont plus fréquents chez les jeunes des milieux favorisés. Si, de 2002 à 2017, l’usage régulier de cannabis (10 fois par mois) s’effondre à 6 % chez les jeunes favorisés, chez les apprentis, la proportion d’usagers réguliers est stable, autour de 15 %, et s’élève parmi les jeunes déscolarisés, atteignant 21 %. Plus utilisé dans les milieux modestes, il répond aujourd’hui à une marginalisation sociale, c’est souvent une manière de se cacher son échec.

… et les drogues stimulantes?

L’élévation des usages de cocaïne prend du relief sur le fond de cette baisse des psychotropes répandus - tabac, alcool, cannabis. La cocaïne a progressivement supplanté l’héroïne. Aujourd’hui, près de 6 % des adultes l’ont expérimentée, le nombre de ceux qui l’ont fait a plus que doublé depuis 2000. Ce fut le recours de prédilection des professions des arts et du spectacle, des cadres confrontés à de fortes exigences professionnelles. Là aussi, il y a un basculement social favorisé par la baisse relative des prix et une abondance de l’offre illustrée par les quantités arrivant au Havre, à Anvers ou Rotterdam. La demande de cocaïne est issue des périphéries urbaines pauvres où se diffuse aussi le crack, dérivé très addictif souvent acheminé par des réseaux antillais. Jadis drogue de ceux qui voulaient croquer le monde, la cocaïne est aujourd’hui aussi un pansement: on trouve deux fois plus d’utilisateurs parmi les chômeurs que parmi les actifs.

Vous aviez notamment souligné la demande croissante et l’augmentation de la disponibilité des drogues de synthèse. Comment l’expliquez-vous?

En Europe de l’Ouest, la cocaïne est plus utilisée que les drogues de synthèse
- ecstasy et amphétamines -, en raison de la proximité avec l’Espagne. Mais l’élévation de la consommation de ces drogues de synthèse associée à la techno est aussi forte.

Il y a eu un changement que révèlent deux évolutions croisées. Une baisse de la consommation d’héroïne, une envolée des consommations de cocaïne et de drogues de synthèse. Ce chassé-croisé a correspondu à ce qu’Alain Ehrenberg formulait comme «l’exigence de vivre et d’agir en individu (…) au lieu de s’abriter derrière les institutions, d’agir sur soi-même et par soi-
même».

Aux produits illégaux s’ajoutent les antidépresseurs. Est-ce à dire que les sociétés occidentales sont profondément dépressives? Le phénomène est-il cantonné à l’Europe et aux États-Unis?

Aux États-Unis, dans les années 1950-1975, les traitements médicamenteux qui prévalent ciblent l’anxiété, considérée comme le trouble le plus répandu dans un monde ouvert et moderne. Au cours des années 1975-2010, il y a une augmentation extraordinaire des prescriptions d’antidépresseurs pour répondre au ralentissement de la croissance dans un contexte où les exigences de performance se sont accrues. À mesure que l’on avance dans le XXIe siècle, beaucoup des déséquilibres dysphoriques, qui ne comportent pas de rupture avec la réalité, sont rangés dans la catégorie dépression, qui a enflé démesurément. Ces déséquilibres aux contours incertains résistent aux antidépresseurs: les «nouvelles molécules» ne sont pas plus efficaces que la course à pied ou la méditation.

Les recherches neuroendocrinologiques indiquent des voies pour aller au-delà de cette dialectique accélérateur/frein. On comprend mieux comment les mal-être s’inscrivent sous la peau, comment les consommations de psychotropes, prescrits ou illégaux, se pérennisent, au risque de détruire ceux qui ont trouvé là une consolation. L’élucidation des liens entre les émotions, les représentations du plaisir encodées par la mémoire et les fonctions du cortex dans la décision de consommer ou de s’abstenir éclaire les contraintes sous lesquelles les individus agissent. On conçoit les bases neurologiques que trouvent, dans un monde moins structuré par le rapport salarial, les récompenses physiques visées notamment par les jeunes en échec scolaire et une fraction des individus déboussolés par la rapidité des changements techniques.

Inversement, on comprend aussi mieux les effets sociaux des psychotropes. Ainsi, la cohorte Tempo montre que ceux qui ont initié le cannabis avant 16 ans ont environ deux fois plus de risques de vivre une période de chômage à l’âge adulte. Les addictions comme l’exercice physique produisent des endophénotypes qui diffractent les destins individuels, accroissant l’hétérogénéité interne des milieux sociaux.

Cette dépressivité occidentale, n’est-ce pas un paradoxe, dans la mesure où nos sociétés sont globalement plus riches et plus démocratiques?

Je me risque à des remarques très schématiques. Les bouleversements émotionnels associés aux traumas de la vie ont une incidence profonde sur la santé que l’on ne soupçonnait pas dans des sociétés où la vie individuelle était plus précaire, mais stables et inclusives. Les Occidentaux sont dépressifs non parce que des charges plus lourdes reposent sur leurs épaules que dans les sociétés d’Asie et d’Afrique mais parce qu’ils sont moins protégés par le «cocon» familial ou communautaire. L’isolement est noyé dans la drogue. Plus que par le passé, on narcotise les tensions de la vie sociale avec du sucre et des psychotropes, ou bien on les intériorise faute de pouvoir les socialiser. Le mal que l’on se fait s’ajoute à celui qui vient du dehors. Ceux qui ne parviennent pas à mobiliser efficacement des ressources inégalement réparties sont en déséquilibre, démunis, obèses, toxicomanes, anxiodépressifs et parfois tout à la fois.

La promesse de liberté et d’autonomie s’est, selon vous, soldée par une souffrance forte de l’homo œconomicus occidental. Comment renouer avec l’idéal de la «vie bonne» sans renoncer aux acquis de la modernité?

Ce polymorphisme ne doit pas nous cacher l’unité des déséquilibres. La phase de somatisation multiforme dans laquelle on est entrés doit être conçue comme une longue transition. L’abus du mot dépression peine à définir ce processus, moins marqué par une baisse de régime que par de l’anxiété et l’incapacité à éprouver du plaisir à la vie ordinaire.

Les sociétés occidentales confrontées à des bouleversements climatiques (incendies, ouragans, séismes) au retour des maladies infectieuses, doivent répondre par un changement des formes d’organisation, débordant la sphère du travail, qu’il faut cependant concilier avec l’absorption de la révolution technologique. Elles ne parlent guère de leurs buts, revendiquant des principes qui font toute la différence en temps de guerre mais sont insuffisants quand l’intégrité du territoire n’est pas en jeu. Il s’agit d’associer mieux activité et vie personnelle, santé individuelle et buts collectifs, pour favoriser une société plus intégrée, sinon plus solidaire.


*Directeur de recherche émérite au CNRS, Hugues Lagrange a notamment publié «Demandes de sécurité» (Seuil, 2003), «Le Déni des cultures» (Seuil 2010) et «Les Maladies du bonheur» (PUF, 2020).

 

 

https://www.lefigaro.fr/actualite-france/benoit-xvi-un-theologien-qui-tenait-la-france-et-son-esprit-critique-en-haute-estime-20230101

 

 

 

 
 

ANALYSE - Le pape émérite était convaincu de l’importance de la culture française et croyait en la capacité d’influence de notre pays sur le monde entier.

Il fallait entendre le pape Benoît XVIparler français pour saisir son amour profond de notre pays et sa culture. Vocabulaire choisi, phrases précises et argumentées, style classique presque parfait, références culturelles nourries, il savait de quoi il parlait quand il s’adressait à la France et aux Français. Qu’ils soient catholiques ou non, d’ailleurs, car ce pape intellectuel tenait en haute estime le dialogue avec la laïcité, avec les athées et les agnostiques. Pour lui, c’était une occasion d’exprimer au mieux l’essence du christianisme à travers le débat et l’échange d’arguments, une discipline qu’il chérissait. Bien loin de l’image du conservateur abscons et étroit que dépeignent ceux qui bien souvent ne l’ont jamais lu.

 

Si Jean-Paul II fut également un amoureux de la France, au sens presque charnel - il la visita huit fois, autant que sa Pologne natale -, Benoît XVI tenait en haute estime l’esprit français, dans sa profondeur spirituelle et philosophique, appréciant tout particulièrement cet art de la controverse.

Il ne visita cependant qu’une fois le pays en tant que pape, du 12 au 15 septembre 2008. Un voyage mémorable, avec cette messe impressionnante de recueillement sur l’esplanade des Invalides à Paris, son discours au Collège des Bernardins et une étape spirituelle au sanctuaire de Lourdes. On a d’ailleurs oublié ce discours des Bernardins, qui mérite relecture. Ce texte appartenait à une trilogie développée à Paris, en Allemagne et en Angleterre par Benoît XVI, défendant les fondements de la culture européenne. Selon lui, il était capital de lutter contre le relativisme qui sapait les valeurs sur lesquelles le modèle civilisationnel européen était fondé. Dont la démocratie, qu’il jugeait en péril si les élites européennes laissaient s’écouler le cours de choses.

Un lien d’intimité

Là aussi, quel contraste entre la pertinence d’une analyse approfondie et la caricature d’un pape arriéré, hors du temps, qui n’aurait rien compris à son époque. Peut-être plus qu’aucun pape récent il avait saisi de l’intérieur les conséquences de l’écroulement intellectuel de la civilisation démocratique européenne. Civilisation qu’il aimait relier en une continuité historique et intellectuelle de Jérusalem à Rome en passant par Athènes.

Mais Paris était pour lui l’une de ces nouvelles capitales du monde des idées. Il espérait beaucoup de la France intellectuelle. Il était convaincu de l’importance de la culture française et croyait en la capacité d’influence de notre pays sur le monde entier.

La stature intellectuelle du futur Benoît XVI avait été reconnue à Paris, avant même qu’il ne devienne pape, et ce ne fut pas un hasard de voir Joseph Ratzinger être élu le 13 janvier 1992 comme membre étranger de l’Académie des sciences morales et politiques au fauteuil d’Andreï Sakharov. Il avait une bonne connaissance du bouillonnement intellectuel des années 1950 en France. Il avait lu et étudié de près Sartre et Camus, entre autres. Il avait aussi suivi la floraison des «nouveaux philosophes» des années 1970. En 1999, il fut ainsi invité à la Sorbonne pour intervenir sur la crise de la vérité dans la culture actuelle.

Joseph Ratzinger, puis Benoît XVI, a entretenu un lien d’intimité et un vaste réseau d’amitiés avec cette France chrétienne et catholique

Et puis, il y avait l’autre France, celle qui croyait au Ciel. Cette France chrétienne et catholique avec qui Joseph Ratzinger, puis Benoît XVI, a entretenu un lien d’intimité et un vaste réseau d’amitiés. Il y eut évidemment les grands auteurs de théologie, dont beaucoup sont devenus ses amis, Henri de Lubac, Yves Congar, Marie-Dominique Chenu, Jean Daniélou, Louis Bouyer. Il en rencontra certains lors du concile Vatican II (1962-1965), où le jeune prêtre allemand était expert, au service du cardinal Joseph Frings, archevêque de Cologne. Il a ensuite poursuivi avec eux un dialogue théologique nourri, dans le cadre de la commission théologique internationale, mais aussi à titre personnel. Là aussi, il fallait entendre le cardinal Ratzinger citer de mémoire de Lubac, Congar ou Daniélou pour mesurer sa proximité intellectuelle avec les théologiens français.

Réconciliation intérieure

Autre amitié marquante, celle nouée avec le futur cardinal Jean-Marie Lustiger, que Joseph Ratzinger a connu en 1954 alors que le futur archevêque de Paris était aumônier de la Sorbonne. En 2002, trois ans avant qu’il ne devienne pape, celui qui était alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi avait été invité par le cardinal Lustiger à conclure la série des conférences de carême en la cathédrale Notre-Dame de Paris.

La cathédrale de Paris fut également le théâtre d’une conférence retentissante du cardinal Ratzinger, en 1983, à propos de l’enseignement de la catéchèse où il se montra très critique sur les méthodes alors diffusées en France dans le manuel Pierres vivantes, qui était soutenu par la Conférence des évêques. La bataille fut rude et témoigne des relations tendues entre le cardinal Ratzinger et l’aile progressiste du catholicisme français dont il fut la cible, ardemment combattu y compris quand il devint pape.

Dans la vision de l’Église portée par Benoît XVI résidait enfin la question de la liturgie, sujet très sensible en France, où les communautés traditionalistes ont toujours trouvé en la personne de Joseph Ratzinger, théologien, prélat ou pape, un appui, un soutien constant, jusqu’à la reconnaissance le 7 juillet 2007, par le motu proprioSummorum pontificum, libéralisant la célébration de la messe selon le missel promulgué par saint Pie V et réédité par Jean XXIII. Dans certains milieux du catholicisme français, le «Panzer Kardinal» et son «conservatisme» effréné furent alors brocardés, sans comprendre combien la réconciliation intérieure de l’Église catholique, entre sa tradition et sa modernité, était l’essence de cette décision. Aux yeux de Benoît XVI, la France était un laboratoire pour l’Église.

Dernière image, en 2004, un an avant qu’il ne soit élu pape, Joseph Ratzinger avait représenté Jean-Paul II aux cérémonies du soixantième anniversaire du Débarquement. On avait alors vu la dignité simple de ce catholique allemand sur les terres d’une Normandie marquée par une guerre encore douloureuse. Il se présentait là en artisan de réconciliation et en frère d’une France que cet homme aimait.


À VOIR AUSSI - Les discours de Benoît XVI «sont des monuments intellectuels» pour l’historien Christophe Dickès

 
 
 

 

 

 

http://www.biblisem.net/citatio/citdenis.htm

 

Si donc je suis bien pénétré de cette théorie des correspondances, et si je suis chrétien, je puis faire entrer toute la nature, toute la vie moderne, toutes les ressources de ma sensibilité dans l’œuvre destinée à l’église. Un tel art oblige à un effort de sincérité et pour ainsi dire d’introspection qui exclut le convenu et par conséquent l’académisme. Représenter, symboliser nos émotions religieuses par des formes et des couleurs, c’est travailler sur notre fonds le plus intime. L’œuvre d’art naît ainsi de l’expérience personnelle de l’artiste. Au lieu d’un système d’allégories ou de hiéroglyphes froid, banal, figé, au lieu d’un réalisme sentimental de qualité douteuse, l’artiste chrétien nous doit donner un art vivant, et parler le langage de son cœur. Je vois là une sorte d’ascèse qui met au service de la Foi notre excès de sensibilité. Eh ! sans doute, il y a eu et il y aura d’autres formules, l’art chrétien est inépuisable mais s’il doit traduire les aspirations de chaque époque, n’est-ce pas la forme d’art qui convient le mieux au temps présent ?

 

https://www.lemonde.fr/culture/article/2006/11/11/maurice-denis-un-peintre-entre-gauguin-et-dieu_833499_3246.html

 

https://www.kazoart.com/blog/maurice-denis-le-nabis-aux-belles-icones/

 

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Loin des stéréotypes, l’adolescence au crible de la science

 

https://www.letemps.ch/sciences/loin-stereotypes-ladolescence-crible-science?check_logged_in=1

 

L’adolescence est une période très intense qui rebat les cartes des relations familiales mais qui est souvent loin du cataclysme que redoutent beaucoup de parents. Poser un cadre dans un climat d’ouverture et de confiance est utile

Image d'illustration. — © Ponomariova_Maria / Getty Images/iStockphoto

«Ça y est, c’est l’adolescence qui commence!» Cette phrase, habituellement ponctuée d’un soupir qui en dit long, est fréquente chez les parents dont les enfants passent le cap des 10-11 ans. Ils égrènent ensuite tout ce qui n’est «plus comme avant»: la relation qui est moins facile, leur progéniture qui émet des avis contraires aux leurs, les câlins qu’on leur demande de ne plus faire en public… Et, dépités, ils se préparent déjà à des années de conflits et à affronter la crise d’adolescence dont ils sont persuadés qu’elle est une montagne incontournable sur le chemin de leur parentalité. Pourtant, de nombreuses recherches menées au cours des dernières décennies apportent des éléments rassurants, loin de ces stéréotypes que la société, les médias et la pop culture cultivent allègrement, nourrissant une crainte souvent infondée et parfois même contre-productive chez les parents.

Lire aussi: Toujours plus de jeunes femmes hospitalisées pour des troubles psychiatriques

«Une étude récente que nous avons menée dans le canton de Vaud sur 146 couples de parents a permis de montrer que ceux qui ont le plus d’a priori sur l’adolescence et craignent le plus cette période sont souvent ceux qui vont rencontrer le plus de difficultés avec leurs adolescents», illustre Grégoire Zimmermann, professeur à l’Institut de psychologie de l’Université de Lausanne.

Les parents, dont les ados étaient âgés de 14 à 15 ans, ont rempli différents questionnaires sur leur comportement vis-à-vis de leurs enfants, mais aussi sur leurs croyances par rapport à l’adolescence. Il en ressort notamment que les croyances négatives au sujet de l’adolescence sont positivement corrélées aux comportements surprotecteurs et au risque de burn-out parental. Un résultat retrouvé tant chez les mères que chez les pères, même si les femmes, qui restent encore «la principale figure éducative», relèvent le Pr Zimmermann, sont plus susceptibles d’être surprotectrices.

La «crise d’ado» serait-elle donc aussi le fait des parents? «Nos travaux n’ont en aucun cas vocation à accabler les parents, qui font déjà face à de nombreuses injonctions éducatives. Il s’agit plutôt de leur donner l’opportunité d’avoir une certaine réflexivité sur la relation qu’ils ont avec leurs ados et de leur rappeler de regarder aussi tout ce qui se passe bien», explique le spécialiste.

Se faire confiance

Certes loin d’être un fleuve tranquille, l’adolescence se passe sans heurts majeurs pour de nombreux jeunes. «Même s’il est vrai que la pandémie a aggravé des situations de vulnérabilité pour certains adolescents, n’oublions que la majorité va bien», insiste Sophie Vust, psychologue cadre, spécialiste FSP à la Division interdisciplinaire de santé des adolescents (DISA) du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). «Les parents ont parfois l’impression qu’ils doivent lire mille livres ou suivre des formations pour savoir quoi faire, or ils doivent surtout se faire confiance! Ils sont en capacité de gérer ce moment de transition. Les adolescents n’ont pas besoin de parents super-héros mais qu’on leur donne des repères et un minimum de cadre.»

Lire aussi: Enfants et réseaux sociaux, jamais sans filet!

Le conseil semble simple, pourtant à l’ère de l’«éducation positive», interdire ne va pas toujours de soi. «Il y aurait beaucoup à dire sur la manière dont le concept d’éducation positive a été diffusé et compris, mais ne nous trompons pas, quand on parle de poser un cadre, nous ne sommes pas dans une quelconque nostalgie de l’éducation «à l’ancienne», précise Grégoire Zimmermann. Tout au long de son développement, l’enfant a besoin d’un cadre qui doit être ajusté au fil du temps. Et la vraie question est de savoir comment poser ce cadre puis le gérer. Les parents sont souvent en quête de trucs pour bien faire avec leur ado. Eh bien je vais les décevoir: il n’y a pas de trucs! Il y a juste des climats dans lesquels les pratiques sont moins conflictuelles.»

Soutenir leur autonomie

Pour se positionner de manière constructive sur certains points du vivre-ensemble (horaires, politesse, usage du smartphone…), il ne suffit plus d’imposer. Et des études ont montré que la réaction des adolescents vis-à-vis des règles dépend surtout de la manière dont elles sont communiquées. La confiance est bien entendu un élément clé et l’ado doit pouvoir sentir qu’il est un réel partenaire dans la discussion. Lorsque les parents adoptent un comportement soutenant l’autonomie des adolescents, ces derniers ont tendance à mieux respecter les interdits, suggèrent certaines recherches.

Si les parents restent in fine décisionnaires, il faut veiller à créer un espace de discussion autour des règles et des conséquences en cas de transgression. Les adultes doivent aussi écouter les remarques des ados et essayer de les comprendre. Et même si la décision finale provoque un «tu ne comprends rien», les parents doivent l’accepter.

Lire aussi: TikTok, la drogue des ados devenue ennemi public numéro un

Ne pas être d’accord, créer de la frustration, parfois de la colère, fait partie de la vie de famille. «Certains n’osent plus jouer leur rôle de parents de peur que leurs enfants soient mécontents ou les repoussent. L’adolescence est une phase d’autonomisation, ce qui peut être difficile émotionnellement pour les parents aussi», pointe Sophie Vust. Mais il est parfois plus simple de se focaliser sur les sautes d’humeur de son ado que d’observer son propre bouleversement. «Nos adolescents peuvent nous mettre face à des équilibres de vie qui ne fonctionnent plus, remarque la psychologue. Ce n’est pas confortable, mais c’est aussi une belle opportunité de faire bouger des choses en soi et dans sa vie!»

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ill Grünewald: «Les jeunes sont l’élixir de vie de toute société. Les seniors doivent prendre leurs soucis au sérieux»

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Selon une récente enquête, les Suisses de 18 à 25 ans estiment qu’un fossé désunit les jeunes et les plus âgés. Pour le directeur de la Berner Generationenhaus, la collectivité aurait tout à gagner d’un dialogue permanent entre les générations

An African Ethnicity Mother sitting talking to her teenage daughter at the ocean at sunset — © wilpunt / Getty Images/iStockphoto

Sommes-nous satisfaits de notre vie, en Suisse? Après la pandémie, ça va mieux. Sauf chez les jeunes. Certains ouvrent les rideaux de la «vie d’adulte» avec le sentiment qu’un gouffre les sépare de leurs aînés. Plus largement, les voilà qui ont le cœur lourd. Ils se sentent incompris, désavantagés dans le monde du travail et peignent le futur en noir. Alors, que faire?

Le «Baromètre des Générations 2023», dont les résultats ont été dévoilés récemment, a pris pour la troisième fois le pouls de la population du pays pour en questionner les motivations et les fractures sous le prisme de l’âge. Pour ce sondage représentatif commandé par la Berner Generationenhaus et réalisé en collaboration avec l’institut de recherche Sotomo, 2787 personnes majeures, en Suisse alémanique et romande, ont été interrogées en ligne en novembre 2022.

On y lit que l’écart entre les riches et les pauvres est considéré comme la plus grande ligne de faille en Suisse. Mais aussi que celle qui désunit les générations tourmente particulièrement les «Z», soit les 18-25 ans. Si bien que le sentiment de déséquilibre entre jeunes et plus âgés est d’une ampleur sans précédent. Till Grünewald, directeur de la Berner Generationenhaus, désireuse de stimuler le discours public sur ces questions, répond au Temps.

Relire: En Suisse après la pandémie, la satisfaction remonte, sauf chez les plus jeunes

Le Temps: Parmi les nombreux résultats du «Baromètre des générations 2023», lequel vous a le plus surpris?

Till Grünewald: Plus de la moitié des 18-25 ans pensent qu’il existe dans notre pays un fossé entre les générations. Nous avons été particulièrement surpris par la nette différence entre cette tranche d’âge et la suivante, les 26-35 ans, sur cette question. Les deux dernières enquêtes n’avaient pas révélé une telle insatisfaction de la part de la génération Z. Nous avons également été surpris de constater que cette dernière est nettement plus pessimiste quant à l’avenir que les plus de 25 ans – et davantage encore que lors de la dernière enquête. En 2021, 43% des 18-25 ans voyaient l’avenir (plutôt) de manière positive, contre 19% seulement en 2022.

Comment expliquer le fait que la génération Z ressente ce fossé générationnel?

Cela pourrait être lié au fait que les plus jeunes ne se sentent pas suffisamment compris ou considérés. Les personnes âgées sont beaucoup plus satisfaites de leur vie: près de la moitié des plus de 55 ans disent même l’être beaucoup. Les anciennes générations ne semblent pas vraiment conscientes que ce n’est pas le cas chez leurs cadets et qu’ils se sentent à court de perspectives. En somme, les résultats ne montrent pas de grand fossé, mais de nombreuses petites lignes de fracture. Le monde du travail est l’une d’entre elles.

Lire aussi: Au travail, la génération Z veut surtout «être heureuse»

Comment la fracture s’observe-t-elle dans les sphères professionnelles?

Les jeunes s’y sentent désavantagés, ce qui peut surprendre à première vue, car on considère plus volontiers les plus de 50 ans dans cette situation. Pour les jeunes, cela est lié à l’évolution importante et rapide du monde du travail. D’une part, il y a une grande pénurie de main-d’œuvre qualifiée et les jeunes travailleurs sentent qu’ils devraient être demandés sur le marché du travail. Or il est toutefois probable que dans la réalité les idées des collaborateurs plus âgés sont vues comme plus attrayantes. A l’inverse, l’impression de manque d’expérience et de compétences des jeunes reste tenace. Dans ce cas, les programmes de mentorat inversé, par exemple, peuvent favoriser la compréhension et l’échange d’expériences.

De plus, le monde du travail est soumis à une forte évolution des valeurs: la recherche de sens et la contribution personnelle immédiate sont de plus en plus mises en avant par les jeunes. Pour répondre à ces attentes, un changement de mentalité est nécessaire chez de nombreux employeurs.

Dans votre sondage, on apprend que la satisfaction des jeunes de moins de 36 ans face à leur vie diminue et que les générations plus âgées n’en semblent pas conscientes. Qu’est-ce que l’on gagnerait collectivement à améliorer notre compréhension de ces générations?

Le fait que les générations plus âgées aient parfois peu de compréhension pour les besoins des jeunes est probablement aussi vieux que l’humanité. Selon Klaus Hurrelmann, chercheur allemand spécialiste de la jeunesse, les jeunes ont un regard ouvert sur les défis de la société et tendent un miroir aux aînés. Nous devrions en être conscients: ils sont l’élixir de vie de toute société, c’est d’eux que viennent le courage, la créativité et la volonté de faire les choses différemment. Pour les seniors, cela signifie: faire de la place, écouter, gagner en empathie envers leur situation et prendre au sérieux leurs craintes et leurs soucis. Pour que cela réussisse, il faut un dialogue permanent entre les générations: en politique, dans les médias, dans la rue et à la maison.

Le regard porté sur l’avenir est plutôt sombre dans toutes les tranches d’âge, pour deux tiers des sondés. La proportion est la plus élevée chez les 18-25 ans, qui, à 81%, se disent plutôt, ou carrément, pessimistes. Ce chiffre vous inquiète-t-il?

Oui, ce résultat doit nous inquiéter. Si les jeunes envisagent l’avenir avec pessimisme et découragement et s’ils n’ont plus la volonté de changer, il nous manquera, en tant que société, le renouvellement indispensable à notre survie. Les crises multiples des dernières années, notamment le changement climatique, pèsent lourd dans l’appréciation de leurs futures conditions de vie. La promesse d’un progrès par rapport à la génération précédente ne semble plus être valable chez les moins de 36 ans.

Lire aussi: L’écoanxiété est-elle «un truc de jeunes»?

Toutefois, la génération Z est celle qui voit en elle le plus de marge de manœuvre pour construire l’avenir. Ce sentiment compense-t-il le pessimisme?

Il s’agit effectivement d’une lueur d’espoir de l’enquête. Aussi, près d’un tiers des 18-25 ans pensent avoir eux-mêmes une influence sur l’avenir. Dans l’idéal, l’insatisfaction agirait donc comme un moteur de changement positif. Ainsi, plus de 70% des 18-25 ans accordent par exemple de l’importance à un style de vie respectueux du climat. De cette conscience des problèmes et de cette volonté d’agir, nous pouvons, en tant que société, tirer une forme d’optimisme.

Que conclure sur l’équilibre de notre société?

Le conflit de générations dont on parle tant n’est pas le plus grand fossé de notre société, qui est celui qui sépare les riches et les pauvres. En même temps, la génération Z voit un déséquilibre croissant entre les générations, et ce dans une phase où nous sommes confrontés à de grands défis sociaux. Pour pouvoir y faire face, nous avons besoin de relations intergénérationnelles fonctionnelles et viables. Celles-ci supposent un dialogue constant, je le répète.

 

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https://www.lefigaro.fr/theatre/philippe-tesson-homme-theatre-20230210

 
 
 
 

Philippe Tesson trouvait inconcevable de céder au Destin, à l’image de tant de héros du théâtre antique refusant l’ordre des dieux. Philip Conrad/Photo12

 

DISPARITION - Figure tutélaire de la vie médiatique française, directeur de journaux, Philippe Tesson était le critique dramatique du Figaro Magazine depuis plus de trente ans. Disparu mercredi 1er février 2023, à 94 ans, il nous laisse inconsolables.

Le dernier dimanche avant sa disparition, comme chaque dimanche, Philippe Tesson y pensait encore: dicter à sa fille aînée des mots qui, une semaine plus tard, par la magie de son verbe haut, de son érudition tranquille et de son style élégant et clair, deviendrait sa chronique théâtrale du Figaro Magazine. Cela durait depuis plus de trois décennies. Plus d’un millier d’auteurs, de metteurs en scène et d’acteurs auront eu l’heur ou le malheur de subir son regard qui en avait vu d’autres. «Je crois avoir assisté à plus de 12.000 représentations dans ma vie», s’amusait-il à l’orée de ses 90 ans. Et il n’était pas rassasié.

 

Homme à la fois de tradition et de progrès, capable de s’élever avec la même (bonne ou mauvaise) foi contre un spectacle trop moderne ou trop conventionnel, Philippe Tesson m’avait aimablement imposé un rituel annuel immuable. Il se déroulait à la fin du mois d’août, quand les ultimes chaleurs estivales annonçaient la réouverture prochaine des salles de théâtre parisiennes et que lui-même était rentré de sa villégiature normande. Il consistait en un déjeuner dans l’une de ses adresses du quartier de Saint-Germain-des-Prés - là où ont lieu ses funérailles ce vendredi - ou de Montparnasse - là où se trouve son cher Théâtre de Poche, sa dernière grande aventure professionnelle entamée à 83 ans (on n’est pas sérieux quand on a 83 ans…, mais Tesson a-t-il jamais été sérieux?).

Après avoir précisé à qui voulait l’entendre (la serveuse, le voisin de table, le patron ou Ali, le célèbre vendeur ambulant du Monde et du JDD du 6e arrondissement de Paris) que j’étais son «chef» (cette blague…) et avant de passer commande, fusait la même question faussement inquiète: «Tu me gardes?» Comme s’il pouvait être question pour Le Fig Mag de se séparer de lui.

Un enthousiasme permanent

C’eût été, pour nous, renoncer à publier des critiques animées d’un souffle revigorant qui, par leur enthousiasme, paraissaient écrites par un jeune homme à l’aube de sa carrière. Jamais blasé, d’une curiosité permanente, Tesson était capable de s’enflammer comme un enfant pour des pièces dont il connaissait pourtant par cœur la mécanique, la profondeur, le génie. Souvent, avant d’envoyer son texte, il m’appelait pour justifier son choix de parler encore une fois d’une pièce de Molière, Ibsen, Beckett, Tchekhov, Shakespeare, Racine, Guitry, Dubillard, Thiéry, Zeller, Strindberg, Anouilh, Audiberti, Feydeau ou Yasmina Reza. Raison: par sa mise en scène, par le jeu de tel ou tel comédien, par son rythme, l’œuvre s’était dévoilée à lui sous un jour inédit.

Il était donc indispensable, nécessaire, urgent, vital, d’en parler. «C’est supeeeeerbe» était en général la phrase qui ponctuait la fin de sa démonstration qu’on aurait aimé voir durer encore quelques heures tant elle s’enrichissait, au fil de son développement, de digressions brillantes, inutiles et drôles. En parlant de Tartuffe, il s’agaçait contre le gouvernement. En traitant de Ionesco, il s’emportait contre la société contemporaine pétrie de totalitarisme mou. En commentant Aymé, il pointait le confort intellectuel de notre époque. Et en évoquant un classique à la Comédie-Française (avec qui il avait un rapport d’amoureux tour à tour transi et dépité), il en profitait pour dire ce qu’il pensait d’une autre institution: Le Figaro Magazine.

Pourquoi il s’y sentait bien. Pourquoi, après avoir exercé sa plume de critique dramatique au Canard enchaîné et à L’Express, il avait trouvé là le lieu correspondant le mieux à sa conception du monde, son esthétique, sa joie de vivre, son esprit de liberté absolu. Pourquoi il aimait son équilibre, entre analyses, reportages, enquêtes, portfolios, chroniques et prises de position engagées. Pourquoi nous devrions néanmoins faire plus pour nos lecteurs (en lui confiant un éditorial politique, par exemple…).

Pour lui, tout faisait théâtre

En vérité, il fallait entendre son raisonnement à l’envers. Pour lui, ce n’était pas le théâtre qui faisait écho à la société et au monde, mais l’inverse. Comme si tout faisait théâtre, comme si tout était théâtre: la politique, les médias, le sport, la médecine, la vie. Chacun plus ou moins dans son rôle, avec des metteurs en scène changeant d’une saison à l’autre. Ainsi ce voltairien acharné qui adorait parler de religion finit-il par avouer, une poignée d’heures avant de rendre son dernier souffle, «chercher Dieu»… comme on cherche à voir l’auteur à la fin d’une pièce.

Dans ses heures dernières, il sera resté le même - ce n’est pas pour rien qu’il avait dirigé un journal portant le beau nom de Combat. Dans sa chambre de l’hôpital américain, puis dans sa maison de Chatou où il vivait depuis 1968, il aura fait preuve jusqu’au bout de la même énergie indomptable, du même allant fougueux. «Hop, on y va!» était une autre de ses nombreuses phrases fétiches. Où? Comment? Pourquoi? Peu importait.

Je crois que je ne suis pas né pour mourir

Philippe Tesson, journaliste

Philippe Tesson trouvait inconcevable de céder au Destin, à l’image de tant de héros du théâtre antique refusant l’ordre des dieux. Tombé une première fois dans un coma qu’on croyait fatal, il était revenu à la vie en s’exclamant: «Je crois que je ne suis pas né pour mourir» (existe-t-il formule plus tessonnienne?). Son fils Sylvain, qui avait connu la même mésaventure après son accident en 2014, avait résumé à sa façon cet avant-dernier voyage: «Il est arrivé au cimetière, il a croisé la Mort dont le visage ne lui disait rien qui vaille, et après lui avoir dit poliment: “Au revoir, madame”, il est revenu parmi nous.» Provisoirement, hélas.

«Si vous saviez comme je vous ai aimés!»

Sylvain, Stéphanie, Daphné, Loup, Sacha et, avant eux, bien sûr, Marie-Claude…: sa tribu (pardon: sa famille) était la seule chose qu’il mettait au-dessus du théâtre. N’a-t-il pas arraché à l’hôpital son masque à oxygène pour hurler à ses enfants, comme s’ils avaient pu l’ignorer ou qu’ils pouvaient l’oublier: «Si vous saviez comme je vous ai aimés!» En témoignait aussi la chambre où il a vécu les derniers jours d’une vie débutée avant la crise de 1929 et où reposait sa dépouille, le visage enfin apaisé - profil d’aigle ayant rabattu ses ailes.

Face à son lit, une petite table sur laquelle étaient exposées une photo de lui et une autre de sa femme, disparue en 2014. Entre les deux, son exemplaire de Blanc, le dernier récit d’aventures de Sylvain, dédicacé «pour papa», avec la promesse que ses sœurs et lui seront «les parents de ses rêves»

Quant à son costume de scène dernière, c’est Loup, son petit-fils, qui l’avait choisi: outre son célèbre foulard bicolore délicatement noué autour du cou, une chemise en jean et un pull beige léger. Comme son esprit. Comme le dernier mot qu’il a prononcé avant de rendre l’âme: «Rideau!» Oh,certes, il ne l’a pas dit, mais il l’a pensé si fort que tout le monde l’a entendu.

 

 

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