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Face à la volonté de puissance qui plombe notre temps, le professeur de philosophie et chrétien engagé, explique, dans un entretien au « Monde », puiser dans les Evangiles pour inviter à l’abandon de soi. Avec de radicales implications sociales et politiques.

Propos recueillis par

Publié aujourd’hui par Le Monde ... le 01.05..22

L’époque que nous vivons est marquée par les crises, et nous sommes toujours tentés de voir dans le paradigme moderne – celui de la maîtrise rationnelle – la solution à nos problèmes. Mais que faire si ce logiciel philosophique est, au moins en partie, responsable de cette situation ? Face à ce paradoxe, Foucauld Giuliani, professeur de philosophie et fondateur du café associatif Le Dorothy – lieu d’expérimentation collective du message chrétien –, explique dans La Vie dessaisie, la foi comme abandon plutôt que la maîtrise (Desclée de Brouwer, 176 p., 16,90 euros) que les Evangiles indiquent une autre voie : celle de l’abandon de soi.

Nous avons hérité de la modernité philosophique un idéal de maîtrise, à la fois de l’homme sur la nature et de nous-mêmes sur autrui. Dans quelle mesure la voie des Evangiles constitue-t-elle une alternative ?

Notre pensée moderne, notamment dans sa dimension économique et politique, est structurée par les notions de maîtrise, de contrôle, de planification. L’homme se pose en maître de toute réalité et pense pouvoir aménager de façon autonome et avec raison son environnement.

Or, notre époque est aussi celle d’un phénomène possiblement fatal à moyen terme : le dérèglement climatique. On découvre que notre organisation capitaliste est tout simplement en contradiction avec les conditions d’une vie collective durable et heureuse. L’image que le miroir de l’époque contemporaine présente à la pensée moderne est en décalage avec l’idée qu’elle se fait d’elle-même.

Lire aussi la critique : Article réservé à nos abonnés « La communion qui vient » ou comment être catholique en politique

Cela produit ce que j’appelle « l’époque de la peur » : non seulement celle-ci est porteuse dangers destructeurs, mais, en plus, la pensée moderne, censée nous protéger de ces dangers, se retrouve impliquée dans leur existence et apparemment incapable de les résoudre. Dès lors, nous nous sentons pris au piège.

De quelle manière faut-il donc agir dans ce contexte d’urgence ?

Mon hypothèse est que la foi est la lumière transformatrice sans laquelle la raison s’égare. Cela serait vrai tant à l’échelle individuelle que collective. Cette hypothèse implique de voir l’histoire comme le lieu de la réalisation de la volonté de Dieu et non comme une simple matière contingente à conformer à notre propre volonté.

Je lis les Evangiles comme la révélation de la volonté aimante d’un Dieu qui n’est pas auteur du mal et qui le subit même de plein fouet sur la croix. Par ses paroles et par ses actions, par exemple par la guérison réitérée des corps blessés, Jésus montre que, à travers l’histoire humaine, peut se poursuivre l’acte de création commencée à l’origine des temps. Il nous révèle que la création a pour unique finalité de s’épanouir en communion. Néanmoins, il serait trop simple et même mensonger de voir la foi comme une « solution » : elle ne peut être que le fruit d’une conversion progressive de nos gestes dans laquelle la prière, modalité particulière de la pensée, joue un rôle essentiel.

Qu’est-ce précisément qu’une « vie dessaisie » ?

Il serait faux de croire que la vie dessaisie nous définit tels que nous sommes réellement, nous autres chrétiens. Elle est plutôt l’état vers lequel nous tendons, peut-être l’expérience que nous faisons fugacement et que nous constatons aussi chez des non-chrétiens. A travers les trois concepts principaux « d’écartèlement », « d’éclatement » et « d’abandon », je décris ce que produisent dans l’existence l’appel et la visée de la vie dessaisie.

Ils génèrent un combat, un certain nombre de déchirements à différents niveaux de l’être. Non que la foi ne puisse rendre heureux. Elle exige cependant des arrachements puisqu’il ne s’agit plus seulement de vivre pour soi-même, mais de vivre de l’esprit de Dieu. Or, nous résistons à la volonté de Dieu. Cette résistance à Dieu, les chrétiens l’appellent le péché. Le combat spirituel n’est pas optionnel ; il est l’effet logique d’une vie animée par le désir de conversion à l’amour entendu comme charité, c’est-à-dire don de soi-même.

Lire aussi Article réservé à nos abonnés Pédocriminalité dans l’Eglise : « C’est l’idée même d’institution chrétienne qui est en crise »

La vie dessaisie n’est pas une invitation à la passivité. Jésus nous dit explicitement que croire en lui, c’est mettre en pratique le service du prochain. Ainsi en Matthieu 25 : « Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli. » De tels propos orientent évidemment la façon de concevoir l’ordre social et la vie politique, si souvent régis par la volonté de puissance des plus forts.

Vous appliquez aussi cette exigence de dessaisissement à la communauté. En quoi la « communauté dessaisie » permet-elle d’éviter les écueils tant communautaristes qu’identitaires ?

Bien comprise, l’Eglise est d’abord une « communauté de manque » bien plus qu’une communauté d’identité. Cela signifie que le manque est ce que ses membres partagent intimement, la réalité vécue qu’ils dévoilent et déposent devant Dieu quand ils le prient d’étendre son royaume : « Que ton règne vienne. »

Ensuite, l’Eglise doit disposer ses membres à une action personnelle et collective pour le bien commun. On connaît malheureusement trop peu certains concepts importants de la doctrine sociale catholique, par exemple la « destination universelle des biens », pourtant particulièrement utile pour lutter contre la marchandisation capitaliste du monde. Il faut se saisir de la portée politique de la foi, ce qui n’est pas contradictoire avec le fait de penser la foi en tant que dessaisissement.

« La Vie dessaisie » : l’abandon de soi comme salut

La modernité nous a légué un idéal de contrôle, à la fois de nos vies et de notre environnement. A l’heure où les crises se multiplient, cette exigence semble encore régler nos existences alors même que la rationalité technico-économique porte une lourde responsabilité dans la situation actuelle. Et s’il fallait formuler une hypothèse totalement différente ? Et si, pour sortir du marasme, il fallait privilégier l’abandon à la maîtrise ?

Voici l’idée que formule Foucauld Giuliani dans son ouvrage. Ce professeur de philosophie âgé de 31 ans puise dans les Evangiles afin de proposer une éthique du « dessaisissement ». Car rester fidèle à l’enseignement du Christ, c’est comprendre que seul un homme dépouillé des choses matérielles peut véritablement faire œuvre de charité. C’est aussi comprendre qu’il n’y a pas plus grand souci de soi que le souci des autres. Cette thèse, parfaitement révolutionnaire et choquante pour l’esprit bourgeois, mérite d’être prise au sérieux. Et Foucauld Giuliani, dont la sincérité ne peut être mise en doute, également.

 

 

 

 

 

ENQUÊTE - Les rémunérations peuvent facilement dépasser les 100.000 euros dès le début de carrière. Des sommes mirobolantes qui cachent une réalité tout aussi hors normes.

Des semaines de 75 heures. Angela a bien connu ces années d'intense labeur. Cette jeune banquière d'affaires diplômée de la prestigieuse école de commerce ESSEC en 2020, qui a évolué plusieurs mois en stage dans le service fusion-acquisition de la banque Lazard il y a deux ans, n'a aucun regret. Dans un secteur où les évolutions et les salaires restent très attractifs, la jeune femme de 25 ans a pris sa décision en connaissance de cause. « Je savais qu'il fallait travailler très dur. Quand je partais à minuit, c'était relativement tôt. Je ne changerais pas ma carrière pour autant. J'ai beaucoup appris. Quand tu closes un deal, c'est très satisfaisant », explique-t-elle. Dans l'univers secret des «M&A« (comprendre «Mergers and Acquisitions», pour fusions et acquisitions) où les anglicismes règnent en maîtres, «closer un deal» signifie conclure une opération de fusions ou de rachat entre deux entreprises.

Ces horaires paraissent fous et les salaires restent à la hauteur de cette démesure. À la sortie de l'école, après un stage de six mois chez Lazard, on propose à Angela un salaire de 70.000 euros («70K» dans le jargon) avec en prime un bonus de 80 à 100% de sa rémunération…

 

 

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“Between stimulus and response there is a space. In that space is our power to choose our response. In our response lies our growth and our freedom.”

Attribuée à Viktor E. Frankl.

 

« EN  TouT *** , seuls comptent le commencement et le dénouement, le faire et le défaire.

La voie vers l’être et la voie hors de l’être, c’est cela la respiration, le souffle, alors que l’Être comme tel n’est qu’un étouffoir»

Cioran, De l’inconvénient d’être né *

  

 

 

               ....  Il était père d'une famille nombreuse. A l'arrivée des Européens, il laissa tomber des regards de dédain sur eux, sans marquer ni étonnement, ni frayeur, ni curiosité. Ils l'abordèrent ; il leur tourna le dos et se retira dans sa cabane son silence et son souci ne décelaient que trop sa pensée : il gémissait en lui-même sur les beaux jours de son pays éclipsés. Au départ de Bougainville, lorsque les habitants accouraient en foule sur le rivage, s'attachaient à ses vêtements, serraient ses camarades entre leurs bras, et pleuraient, ce vieillard s'avança d'un air sévère, et dit pleurez, malheureux Tahitiens ! pleurez ; mais que ce soit de l'arrivée, et non du départ de ces hommes ambitieux et méchants : un jour, vous les connaîtrez mieux. Un jour, ils reviendront, le morceau de bois que vous voyez attaché à la ceinture de celui-ci, dans une main, et le fer qui pend au côté de celui-là, dans l'autre, vous enchaîner, vous égorger, ou vous assujettir à leurs extravagances et à leurs vices ; un jour vous servirez sous eux, aussi corrompus, aussi vils, aussi malheureux qu'eux. Mais je me console ; je touche à la fin de ma carrière ; et la calamité que je vous annonce, je ne la verrai point. O Tahitiens ! mes amis ! vous auriez un moyen d'échapper à un funeste avenir ; mais j'aimerais mieux mourir que de vous en donner le conseil. Qu'ils s'éloignent, et qu'ils vivent. >>>>>>>>>>>>>>>>

 

 

 

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....fragment 2 ...  les NOUS "d'appartenance" & l' 1dividualisme universaliste ... 

 

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"  Nos Nous "

 .....sans lesquels une santé de vie humaine n'est pas possible.***...

 

>>>>>>> 01.05.22 .....Législatives 2022 : Michel Denisot approché par la Macronie en vue d'une candidature ...voir les commentaires ...

 

01.05.22 ..... Cette moitié du monde qui reste dans le camp de Vladimir Poutine

Le Nouvel Ordre Mondial que l’on prépare sous prétexte de guerre en Ukraine

 

Après la conquête de la mer d'Azov

 

“Mon cri était celui de ma patrie”...le fait qu'elle soit alsacienne, ce qui crée un lien entre elle et moi.

 

"Il n’y a d’Europe viable que de l’Atlantique à l’Oural"

 

 "Voilà ce qui se cache derrière le conflit en Ukraine"

 

La protestation des rappelés en 1955, un mouvement d'indiscipline dans la guerre d'Algérie

 

28.04.22.......Marion Maréchal : “Il faut aller chercher les Français dans le bloc élitaire de Macron”

 

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... fragments 3 ... du TEMPS & ESPACE ...   GUERRE &  PAIX ... Néant & Âbsolu.....

 

 Comprendre ce qu’est l’amour est le but de toutes les missions et donc de toute vie sur terre et si j’ai très souvent l’impression de l’avoir compris, expérimenter est la seule possibilité d’en avoir la certitude et surtout d’en porter l’énergie.>>>>>>>>>>>>>>

 

 trinitaire

 

 

 Depuis M. Heidegger3 nous savons que l'acte de bâtir ne précède
pas l'acte d'habiter, c'est plutôt l'inverse, car l'homme est un être naturellement
"habitant" 

 

 

...... le mouvement naturel est pensé par Goethe "comme une unité immédiatement destinée à se dire dans la "forme de deux", c'est-à-dire comme une polarité absolue.

"Absolu parce qu'il est original" (p. 161).

Cette thèse est confirmée dans la Théorie des couleurs. Les couleurs ne sont déterminées qu'à partir d'une impossible superposition de l'obscurité sur la lumière ou de la lumière sur l'obscurité: " qui sont 'un' [...] parce qu'ils ne peuvent pas se déterminer comme absolument différents les uns des autres " (p. 265).  Les couleurs ressortent (comme l'a également souligné Steiner) sur la frontière ambiguë qui semble diviser la lumière de l'obscurité. .....*

 

... de l'éphémère phénomène de Ma vie EN l'A permanence de l'Absolu *...

« cette expérience de la vie que la vie fait d’elle-même, de soi-même en train de vivre ». De nous-même en train de vivre. Et de tenter, chaque jour, de reconstruire notre commune humanité. Dans le respect de l’extraordinaire vulnérabilité de ceux qui nous ont fait naître, de ceux qui nous entourent, et de ceux qui nous survivront. *

 

 https://www.archi-wiki.org/Adresse:%C3%89glise_Saint-Pierre_le_Jeune_(catholique)_(Strasbourg)#/media/Fichier:7_rue_Saint_L%C3%A9on_Strasbourg_3336.jpg

 

>>>>>13-02-22-j-ai-vu-des-crimes-abominables-commis-par-azov-de-retour-d-ukrane-adrien-bocquet-raconte

01.05.22 .....Le discours quiétiste selon La Bruyère

 

 fractionner .... "l'attachement" & "liberté  et démocratie"

 

 

 

Sociologie de la trouille : pourquoi les vieux sont-ils globalement aussi cons ?  *

 

Le vieux est théoriquement une espèce en voie de disparition, et pourtant toujours là, et il y en a de plus en plus (25 % de la population). Avouez que c’est paradoxal. La France compte une quinzaine de millions de vieux, c’est-à-dire de plus de 65 ans. Or, dans la catégorie des vieux, il y en a qui le sont, d’autres pas. Vieux a donc deux acceptions : vieux dans la tête – ou con –, et vieux dans le corps, ou juste naturellement âgé. 

 

 

 Depuis M. Heidegger3 nous savons que l'acte de bâtir ne précède
pas l'acte d'habiter, c'est plutôt l'inverse, car l'homme est un être naturellement
"habitant" 

 

 

30.04.22 .....Rachat de Twitter par Elon Musk: les pires twittos qui pourraient faire leur retour

29.04.22 .... Raphaël Enthoven et « la liberté du renard dans le poulailler »

29.04.22 .....De la guerre en Ukraine à la guerre de l’eau dans le monde? ..... les limites de la politique d’«eau virtuelle» ...

29.04.22 ..... Bienvenue dans ce nouveau direct consacré à la guerre en Ukraine.

29.04.22.....Luxe : le sac Hermès, un placement qui s’arrache

 

 

 LA PEUR & COURAGE ... de l'avoir & de l'ÊTre....de l'HEDONISME & LIRE-COMPRENDRE

 

 

01.05.22 .....Au p’tit bonheur : « La solitude dans le couple, je connais »

29.04.22..... Yann Moix poursuit ses études à l'École supérieure de commerce de Reims, et obtient son diplôme en 1992

 VICHY et les juifs

 

Maroc : plusieurs arrestations dans un café pour non-respect du jeûne

28.04.22 ....« Montagnes russes, le grand frisson », sur Arte : vibrer de peur et de plaisir

23.04.22 ....Nuland, le nucléaire et l’apocalypse-bouffe

 

cerulnick

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dé-couvir
combat des VERITEs & des WELTanschauung & du Pouvoir

de 1999 à

 

 

 

«Pourquoi faudrait-il que le fait que le ( notre ) monde ait commencé à être soit un plus grand miracle que le fait d'avoir continué à être ? "

Ludwig Wittgenstein (1889-1951)

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  de l'universel à l'universalisme  ...et de la mondialisation au mondialisme ... et du régime de la Pentecôte à la tour Babel ...

 

 

 

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>>>>>>>>>> 01.05.22 .. ...En Suède, la repentance de l’Église face aux Samis

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La fin de la domination mondiale des États-Unis & Ce qui est en jeu

Le diagnostic du déclin occidental (vu par Spengler)

La suppression du corps diplomatique actée

Un premier cas humain de grippe aviaire H3N8 détecté en Chine

28.04.22 .....La création du CDG Express, train rapide entre Paris et l’aéroport de Roissy, validée par la justice

31.01.20 .... GOODBYE ......

 

 

 

 

 

 

https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/04/24/religion-la-mutation-actuelle-du-christianisme-appelle-a-un-changement-de-paradigme-au-sein-de-l-eglise-catholique_6123451_3232.html

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Le synode ( octobre 2023 ) lancé par le pape François doit permettre à l’Eglise catholique de lancer des réformes aptes à revitaliser la voie chrétienne, estime un collectif de chrétiens qui propose quatre pistes pour concilier foi et modernité.

Publié le24.04.2022

 

Tribune. La crise que traverse l’Eglise catholique relève-t-elle seulement de dysfonctionnements dans son organisation ou de retards dans les bonnes décisions ? Le synode lancé par le pape François, qui culminera à Rome à l’automne 2023, tiendra-t-il compte des demandes que les catholiques vont faire remonter à Rome ? Quelles demandes considérera-t-on comme prioritaires ?

Dans l’état actuel des choses, le doute est permis. Il est surtout bienvenu de se demander si les « réformes retenues » seront suffisantes pour revitaliser la voie chrétienne. Seront-elles assez déterminantes pour permettre aux chrétiens du XXIe siècle d’affermir leur foi en Dieu, de marcher sur les pas de Jésus, au sein de cultures marquées par les sciences physiques et humaines, et par la modernité qui gagne tous les peuples de la planète ? Voici quelques pistes.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Election présidentielle : « Les propositions de Marine Le Pen sont bien moins “catho-compatibles” que celles d’Emmanuel Macron »

La structure hiérarchique de l’Eglise catholique est née au deuxième siècle de l’ère chrétienne. Dans son fonctionnement, elle pratique très peu la démocratie élective. Du pape aux évêques, aucun responsable n’est élu. Les prêtres sont formés dès leur jeune âge dans des séminaires fermés, avec essentiellement de la philosophie et de la théologie traditionnelles. La réforme protestante, inaugurée par Luther en 1517, avait mis à terre cette structure pyramidale.

Les retours en arrière après Vatican II

Aujourd’hui, toute personne honnête et informée reconnaît que ce fut une rupture libératrice à l’encontre du pouvoir pontifical et en faveur d’une lecture directe de la Bible par le peuple. Hélas, le concile de Trente (1565), dans sa contre-réforme, refusa de tirer le moindre enseignement de la nouveauté protestante et congela l’Eglise catholique pour des siècles. Au XXe siècle, les choses bougèrent sensiblement, en particulier avec le concile Vatican II (1962-1965).

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Mais on en connaît aujourd’hui les limites, ainsi que les résistances et les retours en arrière qui se sont produits par la suite. Il faut admettre que depuis lors, beaucoup de catholiques ont quitté la pratique liturgique et la vie de l’Eglise et continuent de le faire. Et cela en raison de sa doctrine et de ses formulations pré-modernes.

Lire aussi : Présidentielle 2022 : la discrétion de l’Eglise catholique face à l’extrême droite

L’énorme exode disciplinaire et doctrinal que ce phénomène représente, et qui a touché prêtres, religieux et laïcs, stupéfie toujours les observateurs, mais ne semble ni inquiéter ni interroger en profondeur l’institution Eglise catholique. Un premier point de doctrine : Jésus est-il de nature divine, comme l’ont proclamé les conciles de Nicée (325) et de Chalcédoine (351) et comme l’affirme le Credo ? Est-il né d’une vierge par le Saint-Esprit ?

A l’encontre de la théorie de l’évolution de Darwin

Aujourd’hui, avec les acquis de l’exégèse historico-critique, il est admis que Jésus était pleinement un humain, qui avait une relation d’intimité avec Dieu, qu’il appelait Père. Jésus n’était pas un prêtre mais un prophète qui a parcouru la Galilée et la Judée pour annoncer que le royaume de Dieu était proche. Pour les catholiques, voilà une formidable interrogation dogmatique à assumer.

La doctrine du péché originel : les humains naîtraient avec une tare spirituelle, impliquant une réparation dont Jésus serait par la croix la victime sacrificielle. Ce point de doctrine est radicalement contesté par la théorie de l’évolution exposée par Darwin. Les humains, mammifères de la branche des hominidés, descendent de l’Homo sapiens, voici trois cent mille ans.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés « Pour l’Eglise catholique, la canonisation répond aussi à des enjeux politiques et économiques »

Nous provenons d’une longue évolution et nous continuons d’évoluer par le travail, la culture, les changements sociaux, au fil des générations. Au Ier siècle, le prophète de Galilée a, après bien d’autres – juifs, Grecs, Asiatiques –, indiqué une voie d’excellence, manifestée dans les Evangiles : paraboles, sermon sur la montagne, paroles sur le royaume de Dieu, primat de l’amour et de la miséricorde…

Accepter un autre visage de Dieu

L’Eglise catholique mettra-t-elle aux archives le catéchisme de Jean Paul II (1992), qui symbolise, sur tous ces points, le retard qu’elle a pris dans sa mise à jour du message chrétien ? Un mot sur les recherches actuelles concernant Dieu. De plus en plus d’humains rejettent la conception d’un Dieu théiste, créateur de l’univers et le gouvernant ; ce Dieu qu’il suffirait de prier pour que cesse la guerre, pour qu’un malade soit guéri. Cette représentation de Dieu traverse toujours la liturgie chrétienne, faite de supplications et de demandes de pardon.

Des auteurs comme le théologien protestant américain Paul Tillich (1886-1965), le philosophe Marcel Légaut (1900-1990), le prêtre et théologien Adolphe Gesché (1928-2003), l’évêque anglican américain John Shelby Spong (1931-2021), le théologien et psychothérapeute Eugen Drewermann ont écrit sur la fin du théisme et ont cherché à offrir une autre expression de Dieu, avec des mots comme Transcendance, Fondement de l’être, Source de la vie et de l’amour (voir à ce sujet l’ouvrage de John Shelby Spong Etre honnête avec Dieu. Lettres à ceux qui cherchent (Karthala, 2020).

Lire aussi Article réservé à nos abonnés Véronique Margron, le visage compatissant de l’Eglise catholique

 

Un Dieu inconnaissable, forme du vide et du plein, personnel et impersonnel, décelable dans la profondeur de notre conscience. Les théologiens de l’Eglise catholique accepteront-ils de dire un autre visage de Dieu ? L’expérience de Dieu, revue et ressourcée, garde-t-elle de nos jours un intérêt bénéfique pour les humains ?

Comment expliquer et admettre que beaucoup de théologiens, d’informateurs religieux et d’intellectuels ne saisissent pas ou presque les signes actuels de la mutation en cours du christianisme ? Des signes qui, plus qu’à des réformes disciplinaires, appellent à un changement de paradigme, à un véritable retournement, à une refondation.


Les signataires de cette tribune sont Robert Ageneau, fondateur des éditions Karthala ; Serge Couderc, enseignant à la retraite ; Paul Fleuret, professeur de lettres en collège ; Jacques Musset, écrivain et essayiste ; Philippe Perrin, ESCP et avocat ; Marlène Tuininga, écrivaine et journaliste.

Le groupe Pour un christianisme d’avenir est à l’origine de cette tribune, ce collectif rassemble des chrétiens favorables à une compréhension renouvelée du christianisme.

 

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publié le dimanche 24.04.2022 ....jour de l'élection présidentielle ENre "Emmanuel Macron -Marine le Pen"

 

 

 La joie exige d’être communiquée. L’amour exige d’être communiqué. La vérité exige d’être communiquée. Celui qui a reçu une grande joie ne peut pas la conserver simplement pour lui-même, il doit la transmettre. On peut dire la même chose pour le don de l’amour, pour le don de reconnaître la vérité qui se manifeste.

Benoît XVI , "LA RENONCIATION À LA VÉRITÉ EST MORTELLE POUR LA FOI"

 

 

  1   

 

... amour&miséricorde*.... choix-engagement .... mariage ....   

&

 ....individualisme .... liberté-égalité-fraternité ....

  

V V V V V V V V

 

 

 vibrations

de

l'ENTRE DEUX

 

....les époux ont à se créer mutuellement dans le mariage maintenant non plus seulement comme époux,

mais encore comme père et mère.

.......

 .....le monde a un sens (qui va de l’homme vers la femme, et de l’un et l’autre vers l’enfant), la femme naît dans le sein de l’homme, dans son cœur, et l’homme s’accomplit quand il veut justement être homme et affirmer toute sa virilité, il s’accomplit en faisant naître sa femme à son être personnel, en refusant d’en faire une poupée, et en refusant encore davantage d’être un poupon entre ses bras !

 

…Maurice Zündel * ...

 

 

 

 ............ le 27 septembre 1957 ..............

 

UNe ode à la Vie

vie-à

la tryade  femme-homme ENfants

 ... l' ENfant-PAIR-ENts ...

 EN-raciné

 

vvv&vvv

                                                      Accueil - Face à Face Montreal

 

^^&^^

 

dé-raciné

vibrations EN homoCOQs

UNiversaliste

 

 

 

 

 

la REPUBLIQUE FRANCAISE

... creuset de LIBERTE-EGALITE-FRATERNITE .

..du MONOCOQs UNi-versaliste MONDIALISTE

?

 VT

 

 

 

 Les points de suspension [Ponctuation]    ....fragments de robert .... N°1....

Les 3,4 ou cinq points de suspensions qui précèdent ... amour&miséricorde .... concernent la période allant de la rencontre de mes parents jusqu'à ma naissance le 6 juin 1932 dans une clinique de la Robertsau… curieux… voilà que Robert apparaît dejà…

 ...............

 

 

 

 

 SCITT : Service Central Informatique et Traces Technologiques -  police-scientifique.science...traces glanées.......

 

>>>>> 01.07.22 .....PENISSIMO video complète ARTE

08.05.22 ..... Lacan, l'amour .... pur événement de rencontre, comme touchant au réel. .... le jeu de la mourre .. (Articles accès Registered) ... Disons au passage que cette reconnaissance de la limite une fois acquise, on parle non plus de phallus imaginaire, mais de phallus symbolique, et que ce renoncement, dont nous aurons à reparler, est ce ...Créé le 4 avril 2018

05.05.22 ..... 

01.05.22 .....

01.05.22 .....

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Cinq formes familiales plus une ..... Emmanuel Todd

......les hommes plus à risque après une rupture amoureuse

......violence féminine... violence au feminin ....

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Pour les bouddhistes japonaises, le mariage peut être interdit, encouragé ou laissé au libre choix du moine .......

 

https://www.homocoques.com/ar1301_kennedy24.11.1963.htm

 

 

 

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Le Monde avec AFP

Publié hier 18.04.2022

 https://www.lemonde.fr/international/article/2022/04/18/reforme-de-la-haute-fonction-publique-la-suppression-du-corps-diplomatique-actee-au-journal-officiel_6122664_3210.html

 

C’est l’un des volets de la réforme de la haute fonction publique engagée par le gouvernement, voulue par Emmanuel Macron et programmée pour 2022. Un décret paru, lundi 18 avril, au Journal officiel acte la suppression du corps diplomatique, qui a donné des générations d’ambassadeurs à la France. Une mesure annoncée à la fin de l’année 2021, qui avait mis en effervescence le ministère des affaires étrangères, haut lieu d’ordinaire si feutré de la diplomatie française.

A six jours du second tour de l’élection présidentielle, cette suppression a été critiquée par l’opposition. Sur Twitter, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, notamment, ont dénoncé l’officialisation de cette mesure. « A quelques jours de la fin de son mandat, Emmanuel Macron a publié le décret supprimant notre corps diplomatique. Il veut remplacer des serviteurs de l’Etat impartiaux par du copinage », a notamment déploré la candidate du Rassemblement national, qui promet, si elle est élue, de rétablir « un statut de diplomate fondé sur le mérite et l’intérêt national ».

Pour Jean-Luc Mélenchon, « la France voit détruire au bout de plusieurs siècles son réseau diplomatique. Le deuxième du monde. Les copains de promo vont pouvoir être nommés. Immense tristesse. » Le député LR Eric Ciotti souligne lui aussi « la fin d’une époque. Macron abat en ce jour, un nouveau pilier de notre Etat régalien ».

Au ministère des affaires étrangères, la fronde a commencé à monter courant octobre, quand le sujet s’est précisé. La mesure concerne en effet deux corps au cœur des rouages de la diplomatie française : celui des conseillers des affaires étrangères et celui des ministres plénipotentiaires, « mis en extinction » à partir de 2023. Ces hauts fonctionnaires auront alors vocation à rejoindre un nouveau « corps des administrateurs de l’Etat », où seront rassemblés les cadres jusqu’ici formés par l’Ecole nationale d’administration (ENA), elle-même remplacée par l’Institut national de la fonction publique depuis janvier 2022.

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Les hauts fonctionnaires des affaires étrangères vont donc entrer dans un pot commun d’administrateurs de l’Etat, qui auront vocation à évoluer d’un ministère à un autre tout au long de leur carrière. Dans ce futur vivier de personnels, les diplomates côtoieront des préfets, des sous-préfets ou des inspecteurs généraux des finances.

800 hauts fonctionnaires concernés

Au total, quelque 800 hauts fonctionnaires du ministère des affaires étrangères sont concernés, sur 1 800 cadres de catégorie A. Ces personnels sont, à ce jour, soit issus de l’ENA, soit, le plus souvent, recrutés par le biais du très sélectif concours d’Orient. Ils pourront rester dans leur ancien corps « en extinction », mais seront incités à basculer dans le nouvel ensemble interministériel, sans grande visibilité, craignent-ils dans les deux cas, sur la suite de leur carrière. Une évolution qui passe mal auprès des intéressés.

« La réforme cause une blessure profonde chez les agents du ministère et de fortes inquiétudes », commentait, en décembre, Olivier Da Silva, un permanent de la CFDT du Quai d’Orsay, très engagé contre le projet. « On ne s’improvise pas diplomate. C’est vraiment un apprentissage qui s’acquiert sur le terrain, au gré des affectations », s’insurgeait, pour sa part, un ambassadeur en poste à l’étranger, interrogé par l’Agence France-Presse.

Aux yeux de ses artisans, la réforme vise pourtant à dynamiser les carrières en puisant dans un plus large vivier de candidats et en passant « d’une logique de statut à celle d’emploi ». « Les fonctionnaires, pas plus que les salariés du secteur privé, ne sont interchangeables », avait répliqué un collectif de diplomates réuni sous le nom de Théophile Delcassé, le ministre des affaires étrangères qui a imposé le concours d’entrée dans la carrière diplomatique, jusque-là un privilège de la noblesse, au début du XXe siècle.

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Le Monde avec AFP

 

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Libération par Fabrice Drouzy et Valérie Munson

publié le 9 septembre 2013

 

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A l’occasion de la sortie du livre "la Chute du ciel, parole d’un chaman yanomami" rédigé par le chef indien Davi Kopenawa et l’anthropologue Bruce Albert, Libération a demandé à Raymond Depardon, photographe globe-trotter, d’interroger les deux hommes.

 

La rencontre a eu lieu à la Fondation Cartier pour l’art contemporain à Paris. Les propos de Davi Kopenawa étaient traduits simultanément par Bruce Albert qui partage la vie des Yanomami depuis plus de trente ans et parle couramment leur langue.

Raymond Depardon : Pourquoi ce titre, la Chute du ciel ?

Davi Kopenawa : La chute du ciel est une prophétie des chamans. L'une de leurs missions est de maintenir le ciel en place. Si les Blancs détruisent la forêt, envoient des épidémies, si les chamans meurent, alors il n'y aura plus personne pour retenir le ciel. Or le ciel est déjà malade à cause des fumées que les Blancs produisent, ces fumées qui ­montent dans la poitrine du ciel et commencent à l'étouffer, à le brûler. Il est très fragile. A la mort des chamans, leurs esprits orphelins, en colère, vont le découper. L'obscurité va se faire, le tonnerre, la pluie, ne vont plus cesser, et avant qu'on s'en rende compte, le ciel va s'écrouler sur nous et tout sera fini.

 

Bruce Albert : Il faut avoir en tête ce que vivent actuellement les Indiens d'Amazonie, alors que le Brésil s'apprête à élire un nouveau président. Raoni, le chef des Kayapos, était de passage à Paris, en mai, pour lutter contre la ­construction du barrage Belo Monte sur le Rio Xingu qui occasionnerait le déplacement d'au moins 20 000 personnes. Le projet avait déjà été repoussé par les Kayapos en 1985 et 1986, mais il vient de ressortir des tiroirs du gouvernement brésilien. L'autre cas est celui des Yanomami, car le prix de l'or vient de passer à 1 250 dollars l'once. Or, leur vie est indexée sur les cours du marché international de l'or comme au bon vieux temps des conquistadors ; 1 250 dollars l'once, cela veut dire que les chercheurs vont recommencer à affluer. Ces deux dossiers ont fait l'objet d'une action auprès du secrétariat des droits de l'homme aux Nations unies.

R.D.: Davi, vous avez des propos très durs sur les Blancs, et pas seulement les Blancs du Brésil. Pourquoi dites-vous: «Vous les Blancs, écoutez-moi»? 

D.K. : Je suis en colère mais pas sans raison. Quand j'étais enfant, je n'avais pas conscience du monde. Puis, toute ma famille est morte dans une épidémie. Les anciens qui m'ont élevé, les femmes que j'appelais mères, sœurs, les beaux-frères et frères qui me donnaient leur affection, tout le monde est mort à cette époque-là. On ne connaissait pas encore les Blancs, et leur épidémie est arrivée. Je n'ai pas oublié ça. Puis j'ai grandi, je suis devenu adulte et j'ai ­conservé cette colère contre la destruction provoquée par les Blancs. S'ils venaient simplement nous visiter sans autre motif que faire amitié avec nous, je ne serais pas en colère. Mais comme ils viennent pour détruire la forêt, salir les rivières pour en tirer de l'or, ils font tout mourir. Voilà ce qui nourrit ma ­colère depuis mon enfance.

Maintenant je sais qu'avec leurs ordinateurs, ils regardent les cartes de nos territoires et se disent : «Ça, ça va être à nous.» Leur seule intention est de s'approprier la forêt et de nous faire disparaître. Les Blancs ont commencé à ouvrir des chemins dans la forêt, ils ont fait des plans de colonisation. Ensuite, vers 1985, un projet des militaires brésiliens a établi des pelotons à la frontière du nord du Brésil avec le Venezuela. Après ces pelotons de frontières mili­taires, sont arrivés les chercheurs d'or. Une ruée massive, 40 000 personnes entre 1987 et 1990, comme des fourmis qui avancent en colonne. Ils ont commencé à détruire les sources des rivières dans les hautes terres, à défricher partout, à propager la «fumée de l'épidémie» [Les Yanomami considèrent que les maladies contagieuses des Blancs se propagent sous forme de fumée, ndlr] .

B.A. : Il y a eu aussi des conflits armés comme le massacre de Rachiu, en 1993, où un groupe de garimpeiros, les chercheurs d'or, a loué les services de pistoleros pour se débarrasser d'Indiens qui leur faisaient obstacle. Ils ont encerclé le groupe composé de femmes, d'enfants et de vieillards. Ils ont tiré au fusil de chasse, achevé les femmes avec un coup de 38 dans la tête et les enfants au couteau dans les hamacs. On a travaillé avec le procureur de la République brésilien, et on a réussi à retrouver les coupables. Pour la première fois dans l'histoire de la justice brésilienne, ces assassinats ont été qualifiés de crimes de génocide. Ensuite, les choses se sont calmées, mais de nouveau, depuis un an ou deux, les chercheurs d'or se sont réinstallés. Et le gouvernement ne fait rien.

Davi a pourtant rencontré trois fois Lula [l’actuel président brésilien] ces dernières années. Récemment, c’était pour une commémoration de la délimitation des grandes terres indiennes dans le nord [un territoire sanctuarisé]. Il lui a demandé pourquoi il ne faisait pas d’efforts pour retirer les garimpeiros de leur terre. Lula ne lui a pas répondu et lui a demandé de s’adresser au président de la Funai, l’organisme qui gère les af­faires indigènes, ou au ministre de la ­Justice. Il l’a, en gros, envoyé vers des sous-fifres.

R.D.: Le gouvernement n’entend donc pas sanctuariser l’Amazonie…

B.A.: Le Brésil compte continuer à développer les infrastructures énergétiques, les transports, etc. Cela préoccupe énormément le gouvernement de Lula. Il y a eu un conflit avec la ministre de l'Environnement, Marina Silva, qui est beaucoup plus proche des Indiens et de la défense de l'Amazonie, mais il a été tranché en faveur des productivistes. Aujourd'hui, les Indiens se sentent trompés car ils ont soutenu Lula dans ses campagnes antérieures. En 1986, Davi avait été candidat à la députation dans l'Etat de Roraima, soutenant la candidature du Parti des travailleurs. Il n'avait aucune chance d'être élu, mais c'était une façon de faire entendre leurs problèmes. Lula avait alors demandé aux chamans de faire danser les esprits…

R.D.: S'il y a peu de choses à attendre du gouvernement brésilien, que peut faire la communauté internationale ?

D.K.: On ne peut pas faire partir les garimpeiros mais il est important de faire peur aux politiciens brésiliens, de les impressionner en leur montrant que tout le monde est au courant de ce qui se passe dans la forêt. Lors du Sommet de la terre à Rio, en 1992, on a obtenu la délimitation et la légalisation de la terre Yanomami sous la présidence de Fernando Collor de Mello. C'était la pire époque pour nous. La mortalité était terrible, et les garimpeiros, pour se débarrasser des Indiens malades, les ramassaient dans les villages et les parquaient dans des infirmeries mouroirs à Boa Vista, la capitale de Roraima. Les médias internationaux sont venus et le gouvernement a dû céder. C'est vraiment comme ça que ça fonctionne.

R.D.: Y a-t-il une prise de conscience dans la population brésilienne ?

D.K.: Bien sûr, il y a des Blancs qui nous soutiennent au Brésil, mais les gens qui habitent près de nous restent nos ennemis. Ce sont eux qui veulent prendre notre terre, les arbres, l'or. Les gens dans les grandes villes ont de la sympathie pour nous, ils nous soutiennent. Mais ce n'est pas suffisant. On dépend surtout de nous-mêmes et des différents groupes indiens qui s'allient et font grandir leur propre mouvement de protestation.

B.A.: Plusieurs structures existent. Le CIM (Conseil indigéniste missionnaire), de gauche, lié à la réunion des évêques brésiliens, l'ISA (Instituto Socioambiental), grande ONG indigéniste environnementale, et diverses autres ONG. Face à ces mouvements, les militaires brésiliens brandissent toujours les mêmes arguments : toutes ces ONG sont en fait des organisations pilotées par des mouvements séparatistes. L'internationalisation de l'Amazonie est un thème que l'armée ressort depuis les années 70. Ils ne peuvent pas concevoir que les Indiens aient leur propre stratégie, leur propre mouvement. Fatalement, si c'est un Indien, c'est une marionnette. Et ça marche dans le grand public brésilien. C'est même surprenant : cet argument ­nationaliste touche une grande partie de la population.

Existe-t-il une ONG yanomami ?

B.A.: Oui. Nous l'avons créée avec quelques amis, en 1978. A l'époque, les Yanomami étaient extrêmement isolés. On s'est occupé de la lutte pour la terre, ensuite de programmes de santé. On a fait des écoles en langue yanomami car ils avaient besoin de mieux se débrouiller avec la communication extérieure. Puis, nous avons sabordé l'ONG en question, et en 2004  est né Hutukara, l'association 100 % yanomami, dont Davi est le président.

Que fait cette association ?

B.A.: Elle mène des projets, cherche des financements. L'association a par exemple monté un système de radios sur le territoire yanomami. Ce qui n'est pas simple car la logistique des transports est extrêmement compliquée. La taille du territoire yanomami est celui d'un pays européen, à peu près grand comme l'Irlande ; il y a 25 postes de santé desservis par monomoteurs. D'ailleurs, à chaque fois qu'on présente un dossier, on nous dit : «C'est quoi ­votre truc, un projet d'aviation ?»

Autre dossier mené par l’association : l’école. Après l’avoir beaucoup développée pour que les enfants aient accès à l’instruction, on revient aux fondamentaux . Parce que c’est un peu ­ambigu, la scolarisation ; c’est à la fois quelque chose qui permet de se débrouiller sur la scène politique et cela introduit des changements dans les comportements des jeunes. Aujourd’hui, les responsables ont décidé de revenir aux fondamentaux.

R.D.: Justement, parle-nous des chamans…

B.A.: Davi est à la fois un chaman traditionnel et quelqu'un qui a voyagé. Il a produit une synthèse sous la forme de prophétie chamanique de ce qui est en train d'arriver aux Yanomami. Et il pense que ce qui s'est passé avec les chercheurs d'or est une sorte de modèle réduit de ce qui va arriver à la terre si on continue dans cette direction. Ils ont vraiment vécu, en trois ou quatre ans, la mort de 13% de la population, les rivières polluées, les maisons désertées. Ils ont fait l'expérience d'une catastrophe écologique et épidémiologique, à cause de la folie des Blancs. Dans notre livre, les Yanomami appellent les Blancs «le peuple de la marchandise». Leur impression est que les Blancs sont amoureux des marchandises et qu'à cause d'elles, ils mettent la terre sens dessus dessous. Je parlais des lettres de Walter Raleigh [explorateur du XVIe siècle] qui, apercevant les côtes d'Amazonie disait : «On va les faire bosser, l'or, l'or, l'or…» La première vision de l'Amérique, c'était ça, et cela continue dans un style à peine différent aujourd'hui.

R.D.: Quelle est la place des chamans aujourd’hui ?

Le chamanisme est le lieu de la créativité intellectuelle dans des sociétés comme celles des Yanomami. Ce sont les chamans qui ont la charge de digérer toutes nouvelles informations avant de tenter d’expliquer et de donner du sens aux choses. Notamment quand tout change très vite. C’est pour cela qu’au fil des siècles, quand les contacts ont été très brutaux et très violents, on retrouve de tels mouvements messianiques, des mouvements de révolte ­conduits par des chamans, des mouvements prophétiques, etc. Davi s’inscrit dans cette tradition. Certes, ce n’est plus comme au temps des Portugais ou des Espagnols, personne ne va prendre les armes. Maintenant au lieu de se révolter, on va à la Fondation Cartier, on rencontre des journalistes, mais la prophétie chamanique est toujours là, et la figure du chaman a toujours ce rôle.

R.D.: Ont-ils toujours eu cette conscience planétaire ?

B.A. Non, leur monde s’insère au fur et à mesure dans des sphères de relations plus grandes, ils bricolent avec les ­connexions, les informations, les ­contacts. Le chaman a le même rôle, mais le contexte a changé. Ils se sont finalement adaptés très rapidement. Ils apprennent à leurs enfants à se servir d’Internet, à avoir des contacts avec des amis blancs dans différents pays. Il faut avoir une perception et une intelligence politico-symbolique très grande pour arriver à faire des discours qui viennent du fond de la forêt et qui sont audibles jusqu’à la tribune des Nations unies. Davi est une personnalité tout à fait ­remarquable.

R.D.: Tu nous as dit récemment : «Si un anthropologue n’est pas engagé au côté de ces populations, il ne sert à rien…»

B.A.: Je vais encore me faire bien voir de mes collègues [rires]. En fait, c'est mon histoire. Ce n'est pas forcément une ­règle générale, mais c'est la façon dont j'ai cru comprendre qu'il était décent de faire de l'anthropologie. Quand je suis arrivé chez les Yanomami et que j'ai rencontré Davi, on avait à peu près le même âge : 22, 23 ans. J'arrive de l'université, Levi Strauss plein la tête, et j'atterris dans une sorte de Far West abominable. Très rapidement, j'ai eu à m'occuper d'assistance de santé alors que je n'y connaissais rien. Je me suis alors dit : «Je peux continuer à faire de l'anthropologie, intellectuellement cela m'intéresse, mais je ne peux le faire décemment que si je continue à travailler avec les gens qui sont ici et qui ont tous ces problèmes.» Je ne me voyais pas travailler en France, écrire des articles académiques et, de temps en temps, constater : «Ah tiens, la moitié de la population a disparu, quel dommage…» Et revenir vingt ans plus tard pour écrire un second livre et conclure : «Avant c'était mieux, mais maintenant, ils sont tous morts.» C'est ma recette pour faire de l'anthropologie mais il y en a d'autres.

Vous êtes en France depuis peu de temps. Avez-vous vu Avatar ?

B.A.: Oui, et cela m'a profondément énervé. On retrouve tous les poncifs du western américain avec le héros étranger qui épouse la fille du chef et qui sauve les sauvages qui sont trop couillons pour se débrouiller tous seuls… Insupportable.

 

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