Articles Publique

 

 

Quand la « blanche robe d’églises » recouvre l’Europe médiévale, les ouvriers des chantiers s’organisent en confréries, où l’on raconte que le métier de maçon existe depuis l’origine du monde. Retour sur l’histoire des premiers bâtisseurs, à l’occasion de la Nuit des cathédrales.

Par

Publié hier 14.05.22 à 09h00, mis à jour hier à 09h00

Temps de Lecture 6 min.

 

 

Vers 1460, Jean Fouquet, peintre, enlumineur, proche des familiers de Charles VII (1403-1461) et plus tard portraitiste à la cour de Louis XI (1423-1483), illustre les Antiquités juives et la Guerre des Juifs de Flavius Josèphe (37-100). Dans une curieuse miniature, aujourd’hui conservée à la Bibliothèque nationale de France à Paris, il dépeint le chantier du Temple de Jérusalem décrit dans Le Livre des Rois.

Salomon, reconnaissable à la couronne qui orne son front, installé sur une sorte de balcon, désigne l’édifice en construction à un homme placé en retrait – peut-être l’architecte du Temple, le mythique Hiram, qui reçoit les observations de son maître. En bas, une troupe brillante, sans doute constituée de conseillers et de courtisans, s’apprête à entrer dans le bâtiment.

Dans un joyeux désordre, des ouvriers taillent des pierres, sculptent des statues, préparent du mortier ou transportent des matériaux. Au sommet du Temple en construction, trois hommes achèvent de hisser de volumineux blocs à l’aide d’une grue en bois.

Ce tableau si exact et si vivant rappelle les nombreux chantiers d’églises, qui se multiplient à l’époque de Fouquet. Il est cependant plus singulier qu’il n’y paraît : il est supposé représenter un édifice bâti vingt-cinq siècles plus tôt. Or, le Temple de Jérusalem – qui devait plutôt ressembler à quelque sanctuaire égyptien – s’élève ici sous l’aspect d’une magnifique cathédrale du gothique flamboyant, dans le genre de celle de Notre-Dame-de-Cléry (Loiret).

On peut certes invoquer la méconnaissance de l’archéologie au temps de Fouquet. Mais il faut surtout comprendre que, pour les hommes du Moyen Age, la conscience historique, c’est-à-dire le sens de l’écoulement du temps, de la relativité des cultures et de l’évolution des mentalités, des usages, des mœurs et des représentations, n’existe pratiquement pas.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés A Notre-Dame de Paris, un sarcophage vient semer le trouble

Pour eux, seul compte le sens profond des choses – et particulièrement des choses sacrées, comme une église. Or, ce sens est pérenne, intangible, immuable : le Temple de Salomon, qui abrite dans l’obscurité du saint des saints l’arche d’alliance, où réside l’ombre solitaire du dieu d’Israël, n’est en fait pas très différent, à leurs yeux, d’une cathédrale du XVe siècle où trône, sous la lumière du tabernacle, près du chœur, l’ostensoir de la présence réelle du Seigneur.

 

.......Article réservé aux abonnés de Monde

 

.

.

.

.

 

 

https://www.liberation.fr/checknews/lepreuve-de-ses-du-bac-2022-etait-elle-fortement-orientee-vers-le-liberalisme-20220513_KEQQRXB5SVFPTBKSVOX7SV73WY/

 

 

L’épreuve de SES du bac 2022 était-elle «fortement orientée vers le libéralisme»?

Les sujets de l’épreuve de spécialité de sciences économiques et sociales ont suscité la polémique sur les réseaux sociaux, en raison d’intitulés interprétés comme une remise en cause de l’Etat-providence ou de la notion de classes sociales.
par Jacques Pezet
publié le 13 mai 2022 à 18h16
 
Question posée le 12 mai.

Jeudi, les lycéens de terminale ont passé leurs épreuves de spécialité du bac 2022. Durant quatre heures, ceux qui ont choisi les sciences économiques et sociales (SES) ont analysé des documents et disserté sur des questions, dont les intitulés dévoilés sur les réseaux sociaux sont considérés par certains internautes comme des «documents de propagande» en faveur du libéralisme. Sur Twitter, un enseignant de philosophie estime ainsi que «les questions sont outrancièrement orientées politiquement», poussant les élèves à répondre que «les classes sociales, ça ne veut rien dire, que les politiques de justice sociale, c’est de la merde, et que nous serons sauvés de la crise écologique par la start-up Nation».

Image
 

Disponible sur le site du ministère de l’éducation nationale, l’épreuve de spécialité de SES demandait bien aux lycéens de répondre aux sujets diffusés sur les réseaux sociaux. Les thèmes qui semblent le plus avoir indigné les internautes sont les suivants : «A l’aide de vos connaissances et du dossier documentaire, vous montrerez que l’approche, en termes de classes sociales, pour rendre compte de la société française, peut être remise en cause.» Le dossier documentaire comprenait un extrait du livre La société singulariste du sociologue Danilo Martuccelli datant de 2010, un sondage TNS-Sofres interrogeant les Français sur leur sentiment d’appartenir à une classe sociale et un tableau de l’Insee concernant l’équipement des ménages en biens durables, selon la catégorie socioprofessionnelle en 2019.

 

Trois questions de mobilisation des connaissances, évaluées sur 10 points demandaient également aux lycéens : «A l’aide de deux arguments, montrez que le travail est source d’intégration sociale» ; «A partir d’un exemple, vous montrerez que l’innovation peut aider à reculer les limites écologiques de la croissance» ; «A l’aide d’un exemple, vous montrerez que l’action des pouvoirs publics en faveur de la justice sociale peut produire des effets pervers.»

Trop de récitations et pas assez de problématisation

Au-delà des réseaux sociaux, la polémique autour de l’épreuve de spécialité de SES a fait réagir l’Association des professeurs de sciences économiques et sociales (Apses), réunissant plus de 2 100 professeurs de lycée. Joint par CheckNews, son coprésident, Benoît Guyon, s’indigne moins du fond des questions posées que de la forme de l’exercice : «Ce ne sont pas des questions, mais des sujets qui invitent à réciter le cours. Si les élèves nuancent, s’ils remettent en question, ils risquent d’être pénalisés car ils seront hors sujet. Les élèves doivent simplement exposer des mécanismes appris en classe, sans prise de recul.» Il déplore ce type d’épreuves, «qui n’invite pas à la problématisation ou au débat», et où les documents vont servir d’exemple pour «guider les réponses», alors qu’en cours, les élèves sont confrontés à «des théories qui peuvent être contradictoires». Alors que «le rôle d’un enseignant de SES est de présenter les enjeux du débat, d’essayer de leur donner les clés de compréhension», ajoute-t-il.

Analyse

L’année dernière, l’Apses avait déjà publié un communiqué reprenant ces mêmes arguments, puisque les élèves avaient dû travailler sur l’énoncé suivant : «Vous montrerez que des politiques de flexibilisation du marché du travail permettent de lutter contre le chômage structurel.» L’association d’enseignants expliquait alors que «l’utilisation de l’expression “vous montrerez que”, ainsi que la seule mention aux politiques de flexibilisation empêche les candidat·e·s de présenter les limites de ces politiques ou les autres instruments de lutte contre le chômage, leur mention pouvant même être considérée comme hors sujet».

L’Apses déplorait également que les élèves aient à disposition un sondage commandé par le Medef plutôt qu’un véritable document scientifique sur le sujet. L’association, qui défend «un enseignement pluraliste de l’économie et des autres sciences sociales», réclamait que cette épreuve du baccalauréat soit «repensée afin de laisser plus de place aux débats permettant ainsi aux élèves d’exercer leur esprit critique».

«C’est la compétence qu’on veut tester»

Sur Twitter, le sociologue Denis Colombi, auteur de Où va l’argent des pauvres (Payot & Rivage, 2 020), a pris le contrepied de l’indignation suscitée sur les réseaux sociaux, en rappelant qu’il s’agit d’une épreuve de baccalauréat et non pas d’une dissertation d’un mastérant en sociologie. «Les élèves ont étudié au cours de l’année la portée et les limites de l’action de l’Etat en faveur de la justice sociale. Parmi les limites, ils ont vu qu’il y avait des débats autour de la possibilité d’effets pervers. Ici, on leur demande de mobiliser une partie du cours : dans toutes leurs connaissances, ils doivent sélectionner seulement certains points. C’est la compétence qu’on veut tester – plutôt que de voir s’ils peuvent réciter un plan de cours tel quel, voir s’ils peuvent choisir ce qui se rapporte à cette question. C’est déjà important de comprendre l’exercice et sa forme.»

Sur les différents points abordés dans les sujets, il rappelle qu’on demande aux élèves de citer des effets pervers de l’action de l’Etat mais qu’on n’exige pas d’eux de démontrer qu’elle est entièrement néfaste. De même, sur la question portant sur l’approche en termes de classes sociales, il considère qu’«on peut répondre que des inégalités de genre /patriarcales ou le déclin de la conscience de classe viennent remettre en cause une lecture purement en termes de classes sociales…»

Denis Colombi déplore également que l’indignation des internautes se soit concentrée sur le partage des captures d’écrans de certaines questions, mais ait omis de présenter d’autres questions qui invitaient les élèves à souligner l’importance de la redistribution pour réduire les inégalités, ou que les évolutions de l’emploi peuvent fragiliser le rôle intégrateur du travail, notamment en le précarisant.

Joint par CheckNews, le sociologue souligne aussi que chaque question de mobilisation des connaissances est notée sur 3 ou 4 points seulement, «ce qui ne demande donc pas de longs développements».

Des corrigés disponibles

Des propositions de corrigés des épreuves sont disponibles sur les sites des médias spécialisés comme l’Etudiant ou Studyrama. Pour les trois questions de mobilisation des connaissances, leurs réponses se concentrent essentiellement sur la démonstration requise, sans invoquer de nuances. En résumant ces réponses attendues : le travail intègre car il permet à un individu d’obtenir un statut social grâce à son revenu, mais aussi d’accéder à la protection sociale ; le progrès technique permettra de continuer de produire mais avec de l’énergie plus propre ; et la hausse des impôts peut réduire la consommation et donc pousser les entreprises à produire moins, ce qui entraînerait davantage de chômage.

Pour l’exercice traitant des classes sociales, les réponses des élèves doivent se fonder sur les documents montrant que les citoyens ont accès à davantage de produits de consommation, qu’ils ne se considèrent plus comme appartenant à une classe et qu’ils se définissent désormais comme des «singularités». Les deux corrigés suggèrent cependant de nuancer la démonstration en proposant de rappeler, en ouverture, que le concept de classe sociale reste défendu par certains chercheurs pour comprendre les inégalités sociales.

 

 

Monument for Blessed Charles Eugene de Foucauld 1858 -1916 near church in Strasbourg , Alsace region, France - 19008436

>>>>>>>>>>

 

http://canonisation.charlesdefoucauld.org/

 

Père Ardura: Charles de Foucauld est le «patron des recommençants»

La vie de Charles de Foucauld est marquée par une conversion fulgurante à l’âge de 27 ans, qui a signé le début d’une profonde transformation intérieure pour l’officier dissipé. Le postulateur de sa cause de canonisation, le père Bernard Ardura, nous explique en quoi celui qui sera canonisé à Rome le 15 mai prochain peut être un modèle pour les catholiques d’aujourd’hui.
 

Entretien réalisé par Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican

À partir du 15 mai prochain, chacun pourra prier Charles de Foucauld en tant que saint, lui qui avait été béatifié par Benoît XVI le 13 novembre 2005. Éduqué dans la foi chrétienne, jeune agnostique, officier de cavalerie dévoré par ses passions, explorateur, puis, après avoir rencontré un Dieu de Miséricorde, trappiste et enfin ermite donné à tous dans le désert du Sahara: la personnalité et le parcours de ce témoin de l’Évangile sont pour le moins riches et non dépourvus d’aspérités.

Le père Bernard Ardura, de l’ordre des Prémontrés, est président du Conseil Pontifical pour les Sciences historiques et postulateur – entre autres – de la cause de canonisation de Charles de Foucauld. Il souligne d’abord l’actualité du message spirituel de celui qui écrivait «On fait du bien, non dans la mesure de ce qu’on dit et ce qu’on fait, mais dans la mesure de ce qu’on est» (Charles de Foucauld, Conseils spirituels).

 

https://www.vaticannews.va/fr/eglise/news/2022-05/charles-de-foucauld-canonisation-15-mai-pere-bernard-ardura.html

 

Ce que les Papes Paul VI et François ont remis en lumière, c’est qu’il est l’homme de la fraternité. Charles de Foucauld, aujourd’hui, vient nous redire que s’il n’y a pas cette fraternité universelle, notre vie non seulement n’a plus de sens, mais notre existence est en grand danger. Aujourd’hui, cette canonisation est un bienfait pour l’Église, et non seulement pour l’Église, mais également pour la société, car elle intervient alors que nous sommes en train de vivre des semaines où nous voyons précisément le contraire de la fraternité qui semble gagner et avoir le dessus.

Charles de Foucauld est celui qui par toute sa vie a rayonné un amour, un amour sans limite. Il est la réflexion de l’amour de Dieu.

Je crois qu’il invite, nous les chrétiens en particulier, à être les témoins de cet amour. En ce sens, cette canonisation arrive à point nommé. Elle a été retardée [en raison de la pandémie, ndlr], elle aurait dû avoir lieu il y a déjà deux ans. Mais c’est vraiment un grand message de fraternité, et d’une fraternité qui n’est pas seulement philanthropie. C’est une fraternité fondée sur l’amour dont Dieu nous aime, sur l’amour dont Dieu aime tous les autres, ceux qui sont différents de nous, et dans lesquels nous rencontrons des frères.

 

 

Vous êtes postulateur de la cause de Charles de Foucauld. Qu’est-ce qui vous a particulièrement marqué dans le fait de suivre ce témoin de l’Évangile?

Ce qui marque particulièrement, c’est ce que Charles de Foucauld appelle sa conversion. En réalité, ce n’est pas une conversion dans le sens où on l’entend habituellement, puisqu’il était déjà baptisé. C’est une conversion dans le sens où l’entend saint Ignace de Loyola. Pour lui, cette conversion est un recommencement. Arrivé à l’adolescence, Charles de Foucauld ne s’est plus reconnu dans les expressions de la foi de son enfance. C’est pourquoi, alors qu’il a 27 ans, il pourra écrire «pendant douze ans, j’ai vécu sans croire en rien et sans croire en personne». Il va alors redécouvrir dans l’église Saint Augustin, à Paris, un Dieu qui est miséricorde, pardon, qui va lui rendre le sens de son existence, qui va lui rendre sa dignité. À partir de ce moment-là, Charles de Foucauld aura compris que ce Dieu d’amour est celui auquel toute sa vie va appartenir. Je crois que c’est là un élément très important de la vie de Charles de Foucauld. Je dirais qu’il est le patron des recommençants, ceux qui ont abandonné peu à peu la pratique religieuse, et parfois même la profession de foi explicite, et qui redécouvrent un jour cela.

Il y a un autre aspect qui me semble très important. Le pape Benoît XVI nous rappelait que la foi chrétienne ne se transmet pas par prosélytisme mais par attirance, par attraction. Charles de Foucauld a été missionnaire, un missionnaire sans prêcher car il n’avait pas de fidèles. Un missionnaire qui a rayonné la bonté de Dieu à travers la façon dont il vivait, dont il se comportait, avec ceux qu’il rencontrait. Un homme dont toute la vie a été un accueil, ouvert à tous.

Vous venez d’évoquer Benoît XVI. Parlez-nous aussi de François: quel lien spirituel pourrait-on faire entre François et Charles de Foucauld?

Lorsque pour la première fois, j’ai dit au Pape François à l’occasion des vœux de la Curie: «je crois que nous avons un miracle pour la canonisation de Charles de Foucauld», il m’a dit «alors travaillez, ça c’est intéressant, je veux le canoniser». Puis j’ai fait parvenir au Pape l’édition italienne du volume écrit par Pierre Sourisseau, la biographie de Charles de Foucauld, et le pape François a voulu l’offrir aux responsables de la Curie au Noël suivant.

Il ne faut pas non plus oublier que l’encyclique Fratelli tutti était déjà terminé, lorsque le Pape a ajouté un numéro dans lequel il parle explicitement de Charles de Foucauld, «le frère universel».

 

 

Que représentait Rome pour Charles de Foucauld?

Rome était pour lui – comme pour tout chrétien – un point de référence obligé, dans la mesure où Charles de Foucauld, tout en ayant un caractère très marqué, et peut-être même une tendance à l’autonomie, a toujours vécu dans la plus grande et édifiante obéissance. Obéissance à son évêque, obéissance au préfet du Sahara, et donc aussi aux directives du Saint-Père.

Par exemple, lorsqu’on s’est aperçu et on s’est ému ici à Rome du fait que Charles de Foucauld célébrait la messe, mais qu’il n’y avait personne, qu’il conservait le Saint-Sacrement dans sa chapelle, mais il n’y avait personne, on s’est ému en disant «mais s’il devient malade, s’il meurt, que va-t-il arriver au Saint-Sacrement ?». Il va alors rester des mois et des mois sans pouvoir célébrer la messe, sans pouvoir tenir le Saint-Sacrement auprès duquel il passait de longues heures d’adoration. Charles de Foucauld est un modèle d’obéissance, alors que lui, militaire, ne l’était pas du tout. Sa conversion, son retour à Dieu, a fait qu’il s’est ouvert pleinement à la grâce, et qu’il a donc été transformé de l’intérieur par cet amour de Dieu qui est allé en quelque sorte le repêcher pour le faire rentrer dans la bergerie du Bon Pasteur.

Charles de Foucauld devient saint aujourd’hui, mais quels sont les saints qui l’ont inspiré, qui l’ont guidé?

Il y a certainement des saints qui l’ont inspiré, peut-être même sans qu’il le sache. En tous cas, il a une grande dévotion pour Saint Charles Borromée, son saint patron. Mais je crois que lorsqu’on relit Charles de Foucauld, il y a certaines de ses expressions, de ses phrases, qui nous font repenser exactement à Saint Augustin. Saint Augustin lui aussi est un homme qui a eu, lui, une véritable conversion. Il est passé de l’indifférence, de l’agnosticisme, à une adhésion de foi absolument extraordinaire. Voilà pourquoi Charles de Foucauld est un chaînon. Il est un chaînon et nous, nous nous tournons aujourd’hui vers lui. Par la canonisation, il nous est présenté comme modèle et intercesseur. Profitons-en pour entrer, grâce à Charles de Foucauld, dans cette grande famille des amis de Dieu. Cet aspect de la communion des saints a été très présent dans toute sa vie.

Je pense que cette canonisation est pour nous une occasion de renouveau intérieur, dans la façon de vivre notre foi. Charles de Foucauld avait voulu recevoir de la part de l’abbé Huvelin des leçons de religion, des leçons de catéchisme, et l’abbé Huvelin lui a dit: «mettez-vous à genoux et confessez-vous», avant de l’envoyer communier. Notre religion n’est pas la religion du livre, n’est pas une religion des leçons bien apprises. C’est celle de Quelqu’un, le Christ, le Fils de Dieu, venu pour partager notre condition humaine, pour nous racheter, et pour nous ouvrir les portes du Royaume.

À ceux qui ne connaissent pas Charles de Foucauld, quels conseils donneriez-vous pour l’approcher?

Je conseille de reprendre ce bel ouvrage de Pierre Sourisseau, publié en 2016 aux éditions du Cerf: Charles de Foucauld, 1858-1916, biographie. On peut le suivre très facilement et on s’aperçoit alors qu’il n’est pas né saint, il l’est devenu, en laissant opérer en lui la grâce de Dieu et en collaborant avec générosité à cette grâce qui l’a transformé littéralement, et qui a fait de ce militaire impénitent, de ce militaire indiscipliné, qui n’avait pas assez de son argent pour assouvir toutes ses passions, qui a fait de lui un homme entièrement donné, qui s’est anéanti au milieu des plus pauvres, dans le désert du Sahara, et qui a laissé un signe très fort, celui de la fraternité.

.

.

.CORRELATs

 

.... mon kenadsa ... colomb-bechard ...

https://www.lesenfantsdebechar.fr/forum/4-discussions-generales/2792-kenadsa?start=6

..... SAINT- PIERRE LE JEUNE   ...ma paroisse ....

https://www.archi-wiki.org/Adresse:%C3%89glise_Saint-Pierre_le_Jeune_(catholique)_(Strasbourg)#/media/Fichier:7_rue_Saint_L%C3%A9on_Strasbourg_3336.jpg

 

mon Algérie ...peres blanccs   El-Abiod-Sid-Chiehr .....   https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00382597/document

 

.Les points de suspension [Ponctuation]

 

 7 rue Saint Léon Strasbourg 3336.jpg

.

 7 rue Saint Léon Strasbourg 46.jpg

 

Aller au contenu

Rechercher

 
 

Guerre en Ukraine : quelle est l'origine du conflit ?

https://i.f1g.fr/media/cms/704x704/2022/04/20/c79d00aaa81efc4ea229c21c6f8e64a609be943a19091eab5044614a8f1bbdee.jpg, https://i.f1g.fr/media/cms/320x395/2022/04/20/c79d00aaa81efc4ea229c21c6f8e64a609be943a19091eab5044614a8f1bbdee.jpg" sizes="(min-width: 64em) 1194px, (min-width: 48em) and (max-width: 63.99em) 704px, 100vw" class="fig-media-modal__image" alt="Une Ukrainienne dans une rue de la ville de Marioupol."/>" data-modal-image-credit="ALEXANDER ERMOCHENKO / REUTERS" aria-label="Agrandir l'image">https://i.f1g.fr/media/cms/616x347_cropupscale/2022/04/20/c79d00aaa81efc4ea229c21c6f8e64a609be943a19091eab5044614a8f1bbdee.jpg 616w, https://i.f1g.fr/media/cms/704x396_cropupscale/2022/04/20/c79d00aaa81efc4ea229c21c6f8e64a609be943a19091eab5044614a8f1bbdee.jpg 704w" sizes="(min-width: 64em) 616px, (min-width: 48em) and (max-width: 63.99em) 704px, 100vw" class="fig-media-photo fig-img fig-img--complete" alt="Une Ukrainienne dans une rue de la ville de Marioupol.">
 
Une Ukrainienne dans une rue de la ville de Marioupol. ALEXANDER ERMOCHENKO / REUTERS

Le président russe Vladimir Poutine a lancé le 24 février l'invasion de l'Ukraine. Que se passe-t-il ? Quelle est l'origine de cette guerre ? Voici quelques explications simples pour comprendre ce conflit.

Jeudi 24 février 2022 à l'aube, le président russe Vladimir Poutine a lancé ce qu'il a appelé une «opération militaire spéciale» contre son voisin, l'Ukraine. Que se passe-t-il ? Quelle est l'origine de cette invasion ? Pourquoi cette guerre entre la Russie et l'Ukraine ? Le Figaro vous explique les enjeux de ce conflit commencé en 2014 avec la révolte de groupes séparatistes soutenus et financés par Moscou dans le Donbass, et l'annexion de la Crimée par la Russie.

» LIRE AUSSI - Retrouvez tous les reportages des envoyés spéciaux du Figaro

À VOIR AUSSI - Guerre en Ukraine: «Moscou veut un changement de régime à Kiev», affirme Philippe Gélie

 
 

Que se passe-t-il en Ukraine ?

Le jeudi 24 février à l'aube, le président russe Vladimir Poutine lance une invasion de l'Ukraine. Les troupes russes bombardent des positions militaires stratégiques puis gagnent rapidement du terrain. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky appelle à la mobilisation générale et demande le soutien de la communauté internationale.

Les Européens annoncent des sanctions contre la Russie. Armes, matériel médical et humanitaire commencent à affluer, venant de différents pays. Mais Poutine semble déterminé à poursuivre son offensive et à obtenir un changement de régime en Ukraine.

Des millions d'Ukrainiens fuient le pays, surtout des femmes, des enfants et des personnes âgées, les autorités ukrainiennes n'autorisant pas le départ des hommes en âge de porter les armes.

Le nombre de morts civils et militaires en Ukraine, lui, est incertain, chaque partie donnant des chiffres très différents.

Deux mois après le début de l'invasion, l'avancée des troupes russes se heurte toujours à une résistance acharnée des Ukrainiens. Une situation qui laisse envisager un possible enlisement du conflit. Le 20 avril, l'armée russe lance son offensive sur le Donbass.

Avec le retrait des troupes russes de certains territoires, la question des crimes de guerre est apparue, notamment avec la découverte de la mort de centaines de civils à Boutcha ou Irpin.

 

Quelle est l'origine du conflit entre l'Ukraine et la Russie ?

L'Ukraine, pays de 44 millions d'habitants situé entre l'Europe et la Russie, est une ancienne république soviétique devenue indépendante en 1991. Si une grande partie du pays est plutôt pro-occidentale, la partie orientale de l'Ukraine est majoritairement russophone et se sent proche de Moscou.

Dans les années 2000, l'Ukraine, qui n'est pas dans l'Otan, songe à se rapprocher de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord, créée en 1949 dans le but de freiner l'expansion de l'Union soviétique. Une perspective intolérable pour Moscou.

En 2014, la Russie annexe la Crimée. La population de la péninsule, majoritairement russophone, se prononce en faveur de son rattachement à Moscou, lors d'un referendum contesté par la communauté internationale. Des combats éclatent alors dans les provinces ukrainiennes de Donetsk et de Lougansk, dans le Donbass, qui s'autoproclament «républiques populaires».

Depuis cette date, l'armée ukrainienne combat ces séparatistes, au cours d'une guerre qui a fait plus de 13.000 morts. Les affrontements y avaient grandement diminué depuis des accords de Minsk en 2015, mais des violences éclataient encore régulièrement.

Kiev et ses alliés occidentaux ont longtemps accusé Moscou de fournir des troupes et des armes aux séparatistes prorusses du Donbass. Ces accusations étaient rejetées avec véhémence par le Kremlin. Mais pour la Russie, ces séparatistes sont des Russes qui doivent être protégés par Moscou.

En avril 2021, la Russie masse des troupes à la frontière avec l'Ukraine, puis assure les avoir retirées. La situation dégénère en octobre 2021, quand des vidéos montrant des mouvements de troupes, chars et autres armes lourdes russes en direction de la frontière ukrainienne circulent sur les réseaux sociaux. Le 1er décembre, la Russie accuse à son tour l'Ukraine de masser des troupes dans l'est du pays.

L'Otan annonce début février la mise en place de forces en attente, de navires et d'avions de combat en Europe de l'Est. Washington place aussi des militaires en état d'alerte. Ces annonces font réagir le Kremlin qui dénonce alors une «hystérie» en Europe.

Après avoir refusé un sommet avec Joe Biden, le 21 février au soir, Vladimir Poutine reconnaît l'indépendance des territoires séparatistes prorusses de l'est de l'Ukraine. L'invasion de l'Ukraine commence trois jours plus tard.

Que souhaite la Russie ?

La Russie ne veut pas que Kiev rejoigne l'Otan , qu'elle perçoit comme une menace. Jusqu'ici, Vladimir Poutine accusait l'Occident d'attiser les tensions, avec des exercices militaires en mer Noire et la livraison d'armes modernes à Kiev.

L'Ukraine a longtemps refusé de renoncer à son projet d'adhésion à l'Otan et à toute autre «garantie». Elle a aussi réclamé aussi d'adhérer à l'Union européenne. 

Mais dans un entretien à ABC diffusée le 7 mars, le président ukrainien Zelensky s'est finalement dit prêt à un «compromis» sur le statut des territoires séparatistes de l'est de l'Ukraine. Il a également déclaré : «S'agissant de l'Otan, j'ai tempéré ma position sur cette question il y a déjà un certain temps, lorsque nous avons compris» que «l'Otan n'était pas prête à accepter l'Ukraine». «L'Alliance a peur de tout ce qui est controversé, et d'une confrontation avec la Russie», a-t-il déploré.

La question de la neutralité de l'Ukraine (un statut qui ressemblerait à celui de l'Autriche ou de la Suède, deux pays qui ne sont pas membres de l'Otan) est «étudiée en profondeur», a déclaré le président ukrainien le 28 mars.

La Russie réclame aussi le retrait des troupes de l'Otan de Roumanie et de Bulgarie ou l'arrêt de la coopération militaire occidentale avec l'Ukraine.

 

Dans un article publié en juillet, Vladimir Poutine accusait les pays Occidentaux de cultiver un sentiment antirusse en Ukraine. Les Russes et les Ukrainiens sont «un seul peuple», écrivait-il, soulignant les «liens spirituels, humains, civilisationnels» qui «se sont tissés depuis des siècles». «Et nous ne permettrons jamais que nos territoires historiques et que les personnes qui nous sont proches et qui y vivent soient utilisées contre la Russie». Dans son long réquisitoire le 21 février, il expliquait que l'Ukraine avait été créée par Lénine mais que ce dernier avait à l'époque «désavantagé» sa mère patrie. Lui, entend donc corriger l'œuvre de son prédécesseur bolchevik.

Y a-t-il un risque de 3ème guerre mondiale ?

L'opération militaire engagée le 24 février a suscité les réactions indignées de nombreux pays. Pour l'heure, des sanctions économiques sont prises contre la Russie par l'Union européenne et les États-Unis. Le président américain Joe Biden a écarté l'idée d'une intervention militaire en Ukraine, mais défendra les alliés de l'Otan. Tout en précisant qu'une guerre entre l'Otan et la Russie provoquerait la «Troisième guerre mondiale». L'Europe, régulièrement accusée de pusillanimité, a décidé fournir des armes à l'Ukraine.

Les dirigeants occidentaux sont préoccupés. «Une attaque à l'arme chimique changera totalement la nature du conflit», a prévenu le secrétaire général de l'Alliance, Jens Stoltenberg. Les revers militaires en Ukraine pourraient inciter le président russe Vladimir Poutine à recourir à une arme nucléaire tactique ou de faible puissance dans ce pays, a estimé mi avril le chef de la CIA, William Burns. «Il est évident que nous sommes très inquiets. Je sais que le président (Joe) Biden est profondément préoccupé par le risque d'une Troisième Guerre mondiale et fait tout pour éviter de parvenir au point où un conflit nucléaire devient possible», a-t-il ajouté.

À VOIR AUSSI - Biden promet une «réponse» de l'Otan si la Russie utilise des armes chimiques

  • le 23/04/2022 à 11:38

    C'est un récit pour les enfants cet article ? Que faites vous de toutes ces révolutions de couleurs , orange notamment, de ces groupuscules d'extrême droite, montés en puissance comme par enchantement du jour au lendemain et armés jusqu'aux dents qui ont provoqué maidan ? Tout cela , ce sont détails pour l'auteur de cet "article" ? Qui était derrière toutes ces agitations, il y a un plan global derrière cela La CIA sont les Nr 1 dans ce genre de numéro, personne ne parle jamais de cet aspect des choses, pas plus que de la préparation militaire qui a permis à ces groupuscules de maidan, intégrés a l'armée ukrainienne, ainsi que à cette dernière de monter son niveau, les instructeurs US et anglais, des mirages croyez vous ? c'est notamment cette formation qui leur permet de tenir la dragée haute aux russes, et aussi la présence en tant que "volontaires" de leurs mentors de l'otan, revenus sous casaque neutre !! Encore un autre article de formatage d'opinion publique

  • Paul Emiste

  • le 06/04/2022 à 08:15

    Cain veut une nouvelle fois tuer Abel par jalousie.
    "Si la jalousie, l'envie et la haine pouvaient être éliminés de l'univers, le socialisme disparaîtrait le même jour."
    Gustave Le Bon

  • Le Burgonde

  • le 05/04/2022 à 17:42

    Biden va nous refaire le coup de l,Irac sur les armes chimiques

 
À lire aussi

 

 

 

https://www.lefigaro.fr/vox/monde/henri-guaino-nous-marchons-vers-la-guerre-comme-des-somnambules-20220512

 

TRIBUNE - Dans un texte de haute tenue, l’ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République relève des analogies entre la situation internationale née de la guerre en Ukraine et l’état de l’Europe en juillet 1914. Sans renvoyer dos à dos l’agresseur et l’agressé, et tout en distinguant le bellicisme de Moscou et le discours désormais martial de Washington, il s’alarme du durcissement des positions en présence qui ne laisse aucune place à une initiative diplomatique et à une désescalade.

Nous marchons vers la guerre comme des somnambules.

 

J’emprunte cette image au titre du livre de l’historien australien Christopher Clark sur les causes de la Première Guerre mondiale: Les Somnambules, été 1914: comment l’Europe a marché vers la guerre.

«Le déclenchement de la guerre de 14-18,écrit-il, n’est pas un roman d’Agatha Christie (…) Il n’y a pas d’arme du crime dans cette histoire, ou plutôt il y a en a une pour chaque personnage principal. Vu sous cet angle, le déclenchement de la guerre n’a pas été un crime, mais une tragédie.» En 1914, aucun dirigeant européen n’était dément, aucun ne voulait une guerre mondiale qui ferait vingt millions de morts mais, tous ensemble, ils l’ont déclenchée. Et au moment du traité de Versailles aucun ne voulait une autre guerre mondiale qui ferait soixante millions de morts mais, tous ensemble, ils ont quand même armé la machine infernale qui allait y conduire.

Dès le 7 septembre 1914, après seulement un mois de guerre, le chef du grand état-major allemand qui avait tant plaidé pour que l’Allemagne attaquât avant d’être attaquée écrivait : « J’ai l’impression que je suis responsable de toutes ces horreurs et pourtant je ne pouvais agir autrement. » Tout était dit sur l’engrenage qui mène à la guerre

Engrenage qui est d’abord celui par lequel chaque peuple se met à prêter à l’autre ses propres arrière-pensées, ses desseins inavoués, les sentiments que lui-même éprouve à son égard. C’est bien ce que fait aujourd’hui l’Occident vis-à-vis de la Russie et c’est bien ce que fait la Russie vis-à-vis de l’Occident. L’Occident s’est convaincu que si la Russie gagnait en Ukraine, elle n’aurait plus de limite dans sa volonté de domination. À l’inverse, la Russie s’est convaincue que si l’Occident faisait basculer l’Ukraine dans son camp, ce serait lui qui ne contiendrait plus son ambition hégémonique.


En étendant l’Otan à tous les anciens pays de l’Est jusqu’aux pays Baltes, en transformant l’Alliance atlantique en alliance anti-Russe, en repoussant les frontières de l’Union européenne jusqu’à celles de la Russie, les États-Unis et l’Union européenne ont réveillé chez les Russes le sentiment d’encerclement qui a été à l’origine de tant de guerres européennes. Le soutien occidental à la révolution de Maïdan, en 2014, contre un gouvernement ukrainien prorusse a été la preuve pour les Russes que leurs craintes étaient fondées. L’annexion de la Crimée par la Russie et son soutien aux séparatistes du Donbass ont à leur tour donné à l’Occident le sentiment que la menace russe était réelle et qu’il fallait armer l’Ukraine, ce qui persuada la Russie un peu plus que l’Occident la menaçait. L’accord de partenariat stratégique conclu entre les États-Unis et l’Ukraine le 10 novembre 2021, scellant une alliance des deux pays dirigée explicitement contre la Russie et promettant l’entrée de l’Ukraine dans l’Otan, a achevé de convaincre la Russie qu’elle devait attaquer avant que l’adversaire supposé soit en mesure de le faire. C’est l’engrenage de 1914 dans toute son effrayante pureté.

Comme toujours, c’est dans les mentalités, l’imaginaire et la psychologie des peuples, qu’il faut en chercher l’origine. Comment la Pologne, quatre fois démembrée, quatre fois partagée en trois siècles, comment la Lituanie annexée deux siècles durant à la Russie, la Finlande amputée en 1939, comment tous les pays qui ont vécu un demi-siècle sous le joug soviétique ne seraient-ils pas angoissés à la première menace qui pointe à l’Est? Et de son côté, comment la Russie, qui a dû si souvent se battre pour contenir la poussée de l’Occident vers l’Est et qui est déchirée depuis des siècles entre sa fascination et sa répulsion pour la civilisation occidentale, pourrait-elle ne pas éprouver une angoisse existentielle face à une Ukraine en train de devenir la tête de pont de l’occidentalisation du monde russe? «Ce ne sont pas les différences, mais leur perte qui entraîne la rivalité démente, la lutte à outrance entre les hommes» dit René Girard. Menacer ce par quoi le Russe veut rester russe, n’est-ce pas prendre le risque de cette «rivalité démente»?

Cette guerre est, à travers l’Ukraine martyrisée, une guerre entre l’Occident et la Russie qui peut déboucher sur un affrontement direct par une escalade incontrôlée

L’Occident voit trop la nostalgie de l’URSS et pas assez, le slavophilisme, c’est-à-dire la Russie éternelle telle qu’elle se pense avec ses mythes. Alexandre Koyré a consacré un livre profond (1), à ce courant dont sont nées la grande littérature et la conscience nationale russes au début du XIXe siècle quand «le nationalisme instinctif aidant, un nationalisme conscient avait fini par voir entre la Russie et l’Occident une opposition d’essence». Le slavophilisme, ce sentiment de supériorité spirituelle et morale face à l’Occident, est dans le cri du cœur de Soljenitsyne devant les étudiants de Harvard en 1978: «Non, je ne prendrais pas votre société comme modèle pour la transformation de la mienne.» Cette Russie-là ne voit peut-être pas la guerre en Ukraine comme une guerre d’invasion mais comme une guerre de sécession. Sécession du berceau du monde russe, de la terre où s’est joué tant de fois le sort de la Russie, où elle a repoussé les Polonais et les armées de Hitler. Sécession politique, culturelle et même spirituelle depuis qu’en 2018 l’Église orthodoxe ukrainienne s’est affranchie de la tutelle du patriarcat de Moscou. Et les guerres de sécession sont les pires.

Une chose en tout cas est certaine: cette guerre est, à travers l’Ukraine martyrisée, une guerre entre l’Occident et la Russie qui peut déboucher sur un affrontement direct par une escalade incontrôlée. La guerre, c’est, depuis toujours, la libération de tout ce qu’il y a dans la nature humaine de sauvagerie et d’instinct meurtrier, une montée aux extrêmes qui finit toujours par emporter malgré eux les combattants comme les dirigeants. Ni Churchill, ni Roosevelt, n’avaient pensé qu’un jour ils ordonneraient de bombarder massivement les villes allemandes pour casser le moral de la population, ni Truman qu’il finirait en 1945 par recourir à la bombe atomique pour casser la résistance japonaise. Kennedy en envoyant quelques centaines de conseillers militaires au Vietnam en 1961 ne pensait pas que huit ans plus tard l’Amérique y engagerait plus d’un demi-million d’hommes, y effectuerait des bombardements massifs au napalm, et serait responsable du massacre de villages entiers.

Si la guerre froide n’a pas débouché sur la troisième guerre mondiale, c’est parce qu’aucun de ses protagonistes n’a jamais cherché à acculer l’autre. Dans les crises les plus graves chacun a fait en sorte que l’autre ait une porte de sortie. Aujourd’hui, au contraire, les États-Unis, et leurs alliés, veulent acculer la Russie

Si la guerre froide n’a pas débouché sur la troisième guerre mondiale, c’est d’abord parce qu’aucun de ses protagonistes n’a jamais cherché à acculer l’autre. Dans les crises les plus graves, chacun a toujours fait en sorte que l’autre ait une porte de sortie. Aujourd’hui, au contraire, les États-Unis, et leurs alliés, veulent acculer la Russie.

Quand on agite devant elle la perspective de l’adhésion à l’Otan de la Finlande, de la Suède, de la Moldavie et de la Géorgie en plus de celle de l’Ukraine, quand le secrétaire américain à la Défense déclare que les États-Unis «souhaitent voir la Russie affaiblie au point qu’elle ne puisse plus faire le genre de choses qu’elle a faites en envahissant l’Ukraine», quand le président des États-Unis se laisse aller à traiter le président russe de boucher, à déclarer que «pour l’amour de Dieu, cet homme ne peut pas rester au pouvoir» et demande au Congrès 20 milliards de dollars en plus des 3 milliards et demi déjà dépensés par les États-Unis pour fournir en masse des chars, des avions, des missiles, des canons, des drones aux Ukrainiens, on comprend que la stratégie qui vise à acculer la Russie n’a plus de limite.

Mais elle sous-estime la résilience du peuple russe, comme les Russes ont sous estimé la résilience des Ukrainiens. Acculer la Russie, c’est la pousser à surenchérir dans la violence. Jusqu’où? La guerre totale, chimique, nucléaire? Jusqu’à provoquer une nouvelle guerre froide entre l’Occident et tous ceux qui, dans le monde, se souvenant du Kosovo, de l’Irak, de l’Afghanistan, de la Libye, pensent que si la Russie est acculée, ils le seront aussi parce qu’il n’y aura plus de limite à la tentation hégémonique des États-Unis: l’Inde qui ne condamne pas la Russie et qui pense au Cachemire, la Chine qui dénonce violemment «les politiques coercitives» de l’Occident parce qu’elle sait que si la Russie s’effondre elle se retrouvera en première ligne, le Brésil qui, par la voix de Lula, dit «une guerre n’a jamais un seul responsable», et tous les autres en Asie, au Moyen-Orient, en Afrique qui refusent de sanctionner la Russie. Tout faire pour acculer la Russie, ce n’est pas sauver l’ordre mondial, c’est le dynamiter. Quand la Russie aura été chassée de toutes les instances internationales et que celles-ci se seront désintégrées comme la SDN au début des années 1930, que restera-t-il de l’ordre mondial?

Trouver un coupable nous conforte dans le bien-fondé de notre attitude, et dans le cas présent, nous en avons un tout désigné, un autocrate impitoyable, incarnation du mal. Mais le bien contre le mal, c’est l’esprit de croisade: «Tuez-les tous et Dieu reconnaîtra les siens.» Au lieu de faire entendre sa voix pour éviter cette folie et arrêter les massacres, l’Union européenne emboîte le pas des États-Unis dans l’escalade de leur guerre par procuration. Mais que feront les Européens et les États-Unis au pied du mur de la guerre totale? Avec les obus nucléaires et les armes nucléaires tactiques de faible puissance, la marche n’est plus si haute. Et après? Après, tout peut arriver: l’engrenage tragique de la violence mimétique que personne n’aurait voulu mais auquel tout le monde aurait contribué et qui pourrait détruire l’Europe et peut-être l’humanité ou la capitulation munichoise des puissances occidentales qui ne voudront peut-être pas risquer le pire pour l’Ukraine, ni même peut-être pour les pays Baltes ou la Pologne. Souvenons-nous de l’avertissement du général de Gaulle en 1966 lors de la sortie du commandement intégré de l’Otan: «La Russie soviétique s’est dotée d’un armement nucléaire capable de frapper directement les États-Unis, ce qui a naturellement rendu pour le moins indéterminées les décisions des Américains, quant à l’emploi éventuel de leur bombe.»

Où est la voix de la France, de ce «vieux pays, d’un vieux continent qui a connu les guerres, l’occupation, la barbarie», qui le 14 février 2003 à l’ONU disait non à la guerre en Irak, qui en 2008 sauvait la Géorgie et s’opposait à l’adhésion de celle-ci et de l’Ukraine à l’Otan et qui plaiderait aujourd’hui pour la neutralisation d’une Ukraine qui n’aurait vocation à n’entrer ni dans l’Otan, ni dans l’Union européenne, en écho à l’avertissement lancé en 2014 par Henry Kissinger: «Si l’Ukraine doit survivre et prospérer, elle ne doit pas être l’avant-poste de l’une des parties contre l’autre. Elle doit être un pont entre elles. L’Occident doit comprendre que pour la Russie l’Ukraine ne pourra jamais être un simple pays étranger.» C’est par sa neutralisation que la Finlande a pu demeurer libre et souveraine entre les deux blocs pendant la guerre froide. C’est par sa neutralisation que l’Autriche est redevenue en 1955 un pays libre et souverain.

Faire aujourd’hui des concessions à la Russie, c’est se plier à la loi du plus fort. N’en faire aucune, c’est se plier à la loi du plus fou

Faire aujourd’hui des concessions à la Russie, c’est se plier à la loi du plus fort. N’en faire aucune, c’est se plier à la loi du plus fou. Tragique dilemme. Un dilemme comme celui-ci, vécu dans la Résistance par le poète René Char (2):

«J’ai assisté, distant de quelque cent mètres, à l’exécution de B. Je n’avais qu’à presser la détente du fusil-mitrailleur et il pouvait être sauvé! Nous étions sur les hauteurs de Céreste (…) au moins égaux en nombre aux SS. Eux ignorant que nous étions là. Aux yeux qui imploraient partout autour de moi le signal d’ouvrir le feu, j’ai répondu non de la tête (…) Je n’ai pas donné le signal parce que ce village devait être épargné à tout prix. Qu’est-ce qu’un village? Un village pareil à un autre?» Et nous, que répondrons-nous aux regards qui nous imploreront d’arrêter le malheur quand nous l’aurons fabriqué?

Nous marchons vers la guerre comme des somnambules.

(1) «La philosophie et le problème national en Russie au début du XIXe siècle» (1978).(2) «Feuillets d’Hypnos», fragment 138 (Gallimard, 1946)


;

;

 ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Pour Henri Guaino, «On n’aurait jamais dû pratiquer la porte ouverte avec l’OTAN»

 https://www.parismatch.com/Actu/Politique/Henri-Guaino-On-n-aurait-jamais-du-pratiquer-la-porte-ouverte-avec-l-OTAN-1806029

 

Edouard Roux , Mis à jour le

Invité sur Europe 1, mardi 17 mai, l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy a livré ses analyses sur la fonction de Premier ministre, mais aussi la crise ukrainienne, craignant qu’une adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN fasse redoubler de violence le conflit.

Invité sur Europe 1, Henri Guaino a d’abord tenu à rappeler le fonctionnement des institutions et les rôles du président de la République ainsi que du Premier ministre : « La Vème République est un régime parlementaire, cela veut dire que si la majorité est de la même couleur que le président, il peut mener sa politique, sinon il y a un partage des rôles ; les cohabitations ont par ailleurs été une respiration. »

 

En partant de cette définition simple, il a critiqué « le quinquennat [qui] a fait coïncider les deux mandats et a changé la nature du poste de Premier ministre et cela a changé la conception que le président de la République a de sa fonction. » L’ancien conseiller en a fait appel au général de Gaulle afin d’étayer son propos : « Le général de Gaulle disait qu’il y avait ce qui relevait du gouvernement – le quotidien – mais aussi du président, ce qui ne l’empêchait pas d’être interventionniste. Idem pour Pompidou, Giscard ou Mitterrand. »

 

Henri Guaino, comme de nombreux politiques d’opposition, a dit regretter que la fonction de Premier ministre soit dévaluée au profit du président de la République , surtout sous Macron : « Le Premier ministre a une énorme tâche car c’est lui qui est au cœur du pouvoir administratif et du dialogue avec les parlementaires. Mais aujourd’hui, on a un président qui gère tout et n’a plus de protection. Or, il doit rester un acteur à part dans la vie politique. »

 

Pour lui, le fait que le président gère tout est une erreur : « Il est en première ligne, mais vulnérable. Or, il doit être celui qui unit et incarne la stabilité de la nation. Quand Chirac sur le CPE désavoue son propre gouvernement sur ce sujet, c’est le rôle du président […] Je crois au volontarisme politique mais il y a des circonstances où on doit faire autrement. On peut mettre entre parenthèse la retraite à 65 ans ou d’autres mesures sociales. »

Il a aussi ajouté qu’ « une société qui se divise et n’arrive plus à s’unir est une société qui se réunifiera par la violence » et émis le souhait de « mettre entre parenthèse ce qui fâche et qui n’est pas urgent pour se concentrer sur ce que l’on peut faire ensemble. »

« Si vous êtes le bien, vous pouvez tout vous permettre donc on va au massacre »

Sur la crise ukrainienne, après avoir signé une tribune dans Le Figaro reprise par tous les médias, Henri Guaino a déclaré qu’il est « frappé par la rapidité de l’escalade depuis le début de la guerre. Il n’y a pas eu une initiative pour éviter la guerre, des deux côtés. L’Europe n’a rien proposé […] Le président dit des choses censées sur ce sujet, mais n’en tire aucune conséquence. »

Il a également expliqué que « la guerre a surtout à voir avec la nature humaine, les instincts de violence de l’Homme et la psychologie profonde des peuples qui ont une Histoire, des blessures, des revanches, parfois des haines, des admirations, mais le mécanisme est toujours le même. »

Pour lui, il faut apprendre des erreurs du passé : « Hitler ne nous exonère pas du traité de Versailles. La guerre de 1914 est un mécanisme de montée à la guerre, puis aux extrêmes qui est presque chimiquement pur. Cette guerre a fait de l’Allemagne le pays le plus violent du monde, puis a provoqué la guerre froide. Il faut regarder cela de cette façon. »

L’ancien conseiller a fustigé les défenseurs manichéistes du « bien » contre le « mal » : « Si vous êtes le bien, vous pouvez tout vous permettre donc on va au massacre. La guerre est le contraire de la politique. Le pacifisme et le bellicisme sont deux fautes morales : le pacifisme pense que l’on peut extirper la violence de l’Homme et le bellicisme pense que la guerre est régénératrice. »

Et l’adhésion de la Finlande et la Suède dans l’OTAN ? « On n’aurait jamais dû pratiquer la porte ouverte avec l’OTAN. On en a fait une organisation anti-Russe, c’est comme cela qu’elle le perçoit. Tout cela est déraisonnable, il y a déjà des coopérations militaires avec la Finlande ou la Suède mais l’entrée dans l’OTAN on peut l’empêcher. La France devrait mettre son véto dans le cadre d’une négociation sérieuse d’un cessez-le-feu. »

 

.

.

.

.

 

https://www.letemps.ch/monde/un-rapport-devoile-lassimilation-forcee-denfants-amerindiens-pensionnats-federaux

 

Une enquête publiée mercredi par le Département de l’Intérieur a répertorié certaines des traitements brutaux subis par des enfants amérindiens dans des pensionnats gérés par l’Etat fédéral

Deb Haaland, la ministre de l'Intérieur américaine chargée les Affaires indiennes. — © Rogelio V. Solis / AP PHOTO
 

Coupés de leurs familles et de leurs cultures, des «dizaines de milliers» d’enfants des communautés autochtones des Etats-Unis ont été assimilés de force pendant 150 ans dans des pensionnats gérés par l’Etat fédéral, où ils étaient victimes de mauvais traitements, selon un rapport publié mercredi.

Lire aussi: Internats d’enfants amérindiens: les Etats-Unis lancent une enquête

«Alors que le gouvernement fédéral faisait avancer le pays vers l’Ouest, il exterminait, éradiquait et assimilait les Amérindiens ainsi que les natifs d’Alaska et d’Hawaï, leurs langues, cultures, religions, pratiques traditionnelles et même l’histoire de nos communautés», a affirmé Deb Haaland, la ministre de l’Intérieur qui gère les Affaires indiennes.

Membre de la tribu Laguna Pueblo du Nouveau-Mexique, Deb Haaland est la première ministre amérindienne de l’Histoire des Etats-Unis. Elle présentait un premier rapport d’une centaine de pages sur le «système fédéral de pensionnats pour Indiens», un réseau de milliers d’écoles gérés par le gouvernement ou des institutions religieuses entre 1819 et 1969 et qui avaient «un double objectif d’assimilation culturelle et de spoliation des territoires des peuples autochtones», selon un communiqué. «Pendant plus d’un siècle, des dizaines de milliers d’enfants ont été séparés de leurs communautés», a déclaré Deb Haaland.

La ministre avait lancé une grande enquête en 2021 après la découverte au Canada de sépultures anonymes d’enfants autochtones sur les sites d’anciens pensionnats gérés par l’Eglise catholique. Depuis, plus d’un millier de tombes ont été identifiées par les Premières nations canadiennes.

Châtiments corporels

Le «système fédéral de pensionnat pour Indiens» a totalisé 408 écoles situées dans 37 Etats et territoires américains, dont 21 écoles en Alaska et sept à Hawaï, précise le rapport compilé par le bureau des Affaires indiennes. Il «a déployé des méthodes systématiques militarisées d’altération d’identité pour tenter d’assimiler à travers l’éducation» les enfants de ces communautés amérindiennes, notamment en leur donnant un nom anglophone ou en leur coupant les cheveux.

Les écoles décourageaient ou empêchaient les enfants de parler leur langue et se concentraient sur l’enseignement technique ou le travail manuel «avec des perspectives d’emplois souvent sans rapport avec l’économie industrielle américaine, perturbant encore plus les économies tribales», selon le rapport.

Notre éditorial: Tombes d’enfants amérindiens: reconnaître l’indicible

 

 . . . . . . .

.

.

.

.

.

 

 

 

Le Monde

Publié le 09 mai 2022 à 19h49

Temps de Lecture 2 min.

 
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2022/05/09/la-chine-durcit-l-acces-aux-streams-pour-les-plus-jeunes_6125390_4408996.html

https://img.lemde.fr/2022/05/09/15/207/1379/919/664/0/75/0/78960fa_1652101779405-screenshot-2022-05-09-15-08-51.png 664w" sizes="(min-width: 768px) 664px, 100vw" alt="Sur Douyin, le TikTok chinois, les diffusions en direct attirent chaque jour des milliers de spectateurs." class="initial loaded" data-was-processed="true" width="664" height="443">

Nouvelles séries de restrictions pour la jeunesse en Chine. Samedi 7 mai, l’administration nationale de la radio et de la télévision a annoncé plusieurs mesures supplémentaires dans le pays afin de limiter les livestreams – les diffusions en direct sur Internet.

Concrètement, une fois passé 22 heures, il sera désormais impossible pour les Chinois de moins de 16 ans d’accéder à ces contenus : la diffusion sera « éteinte par la force » à l’aide du contrôle parental, selon un communiqué de l’administration, cité par l’agence Reuters. Cette dernière encourage par ailleurs les créateurs de contenus à « renforcer la gestion des heures de rendez-vous » afin de permettre aux adolescents « de se reposer suffisamment ».

Du côté des streameurs, depuis juin 2021, la loi interdisait déjà aux adolescents de moins de 16 ans de diffuser eux-mêmes du contenu en direct sur Internet. Avec ces nouvelles règles, ceux âgés de 16 à 18 ans devront en plus obtenir l’accord d’un responsable légal pour continuer leurs activités en ligne.

Lire aussi Article réservé à nos abonnés Dans une Chine qui mise sur l’e-sport, les enfants sont privés de jeux vidéo
...................
...
...............
.......
.