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de Jacques MYARD

Membre Honoraire du Parlement

Maire de Maisons-Laffitte

Président du Cercle Nation et République

Président de l'Académie du Gaullisme

Le 25 Mai 2022

 Mainmise des États-Unis sur l’Europe

Les États-Unis viennent de réussir à parfaire leur vieux rêve de domination sur l’Europe, un exploit mené avec détermination et surtout avec le soulagement lâche des vieilles nations européennes qui «  fatiguées de trop longs efforts préfèrent qu’on les dupe pourvu qu’on les repose » selon le jugement de Tocqueville .

Cette mainmise américaine sur l’Europe a été conduite au nom de la démocratie, avec les fameuses révolutions de couleurs dans tous les ex satellites soviétiques dont les populations aspiraient légitimement à respirer l’air de la liberté retrouvée ou d’une liberté inédite.

La démocratie s’est installée dans de nombreux pays de l’ex URSS, la Pologne, la Bulgarie , la Roumanie, les pays baltes pour ne citer que les principaux.  Toutefois la démocratie revêt une dimension particulière, elle est couplée avec l’adhésion à l’OTAN, laquelle s’effectue même avant l’entrée dans l’Union européenne.

En Roumanie il est symptomatique de voir à l’entrée du ministère de affaires étrangères  le drapeau roumain avec l’emblème de l’UE et l’emblème de l’OTAN. La Roumanie a d’ailleurs adhéré à l’OTAN le 29 Mars 2004 et à l’UE le 1er Janvier 2007.

En Ukraine les manifestants portant des calicots  «Orange » en Novembre 2014 place Maïdan dénoncent les fraudes des élections présidentielles du président pro-russe et obtiennent de nouvelles élections. Il est avéré que les manifestants ont reçu le soutien actif  des Américains. C’est à cette date que l’Ukraine se tourne vers l’OTAN et l’UE et reçoit des armements et renseignements de Washington, sans oublier de nombreux conseillers.

La combativité reconnue des Ukrainiens n’est pas étrangère à ces multiples aides américaines, il n’y a pas de miracle,  Washington a ainsi la ferme volonté d’avancer ses pions en Europe !

Mais avec les demandes d’adhésion à l’OTAN de la Finlande et de la Suède, la mainmise américaine franchit une étape décisive et les pays européens passent tous sous la tutelle de Washington.

Adieu politique étrangère indépendante, adieu défense européenne, écoutez,  va-nu-pieds, l’oncle Sam se charge de tout et pense pour vous, c’est beaucoup plus efficace que vos éternelles chamailleries...

Les États-Unis après leur débandade afghane se refont ainsi une relative crédibilité à peu de frais grâce à  leurs vassaux européens qui croient dur comme fer dans l’alliance avec ce puissant, qui lui pense d’abord à ses intérêts politiques, militaires et économiques.

C’est le retour du bon vieux temps, l’ennemi rouge – la Russie - est l’ennemi parfait , il doit être puni, affaibli  puisque je vous le dis moi Oncle Sam !

Et si vous avez encore des doutes sur la mainmise américaine sur l’Europe réjouissez-vous bonnes gens d’apprendre que le Secrétaire général délégué de l’OTAN Mircea Geoana se félicite de la victoire de la chanson ukrainienne à l’Eurovision ...l’OTAN s’occupe aussi de la chansonnette ... CQFD !  

La France peut- elle accepter cette vassalisation ? Évidemment non ; mais Emmanuel Macron n’en dit mot et hurle avec les loups. Pire il soutient la logique de guerre otanienne  alors qu’il devrait tout mettre en œuvre pour trouver une solution diplomatique, même si cela déplaît aux va-t- en-guerre qui, rêvant d’une victoire militaire, contribuent à l’escalade, à un engrenage qui conduisent dans le mur !

Pour la bonne compréhension du processus en cours « vassal » vient du latin médiéval « vassalus » et du latin « vassus » qui signifie ... serviteur , sans commentaire !

« Ne soyez le Vassal d’aucune âme, ne relevez que de vous-même »

Honoré de Balzac »

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https://www.lefigaro.fr/faits-divers/challenger-l-influenceur-entre-au-stade-de-france-trois-jours-apres-avoir-tire-a-la-kalachnikov-en-syrie-20220530

 

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Le jeune homme entré dans le stade de France revenait d'un voyage touristique en Syrie, où il a alimenté ses comptes sur les réseaux sociaux. Capture Twitter

Le jeune homme, suivi par des dizaines de milliers d'adolescents sur les réseaux sociaux, s'est décrit «en Syrie», tirant avec un fusil d'assaut. Selon nos informations, un signalement a été demandé par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.

Il s'appelle Ibrahim, mais influence des milliers de jeunes avec un compte devenu son surnom : «Challenger.67». Le jeune homme fait l'objet d'une polémique depuis ce week-end, après avoir filmé son entrée au Stade de France lors du match Liverpool-Real Madrid samedi 28 mai... Et ce, quelques jours après s'être exercé au tir à la Kalachnikov, d'après lui en Syrie.

 

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Sur la vidéo, l'homme se filme passant les portiques de sécurité, qui semblent bloqués pour l'ensemble des spectateurs. Cyril Hanouna est présent, interpellé par l'influenceur, alors qu'il essaie de passer le portique, et que le personnel semble débordé. L'entourage de Cyril Hanouna précise ce lundi au Figaro que l'animateur n'a aucun lien avec le jeune homme. On ne sait pas si «Challenger» entre en fraude, comme des centaines de spectateurs. Sur la vidéo, il se vante d'avoir gagné accès en raison de sa célébrité.

La scène semble anecdotique, dans le grand chaos de la finale de Ligue des Champions. Elle l'est moins lorsque l'on apprend que «Challenger» revient tout juste d'un voyage bien particulier, supposément en Syrie, un pays qui a été un théâtre d'expansion de l'État islamique. Une excursion dans laquelle il s'était de plus filmé tirant au fusil-mitrailleur Kalachnikov. «Ça tire comment? Ça fait comment?», hurle-t-il plusieurs fois, hilare, avant que ses comparses répondent en chœur : «À la Kalachnikov!». Et de lâcher fièrement plusieurs balles, dans une zone désaffectée.

L'homme est proche d'une autre figure des réseaux sociaux, Rayanne B., qui s'est également filmé, tirant notamment au lance-roquettes. Ce dernier avait raconté la fin de leur voyage commun «à la frontière de la Syrie et du Liban» en affirmant que l'armée syrienne les aurait interpellés, interrogés longuement sur ces tirs sauvages en dehors de tout cadre légal, puis que les deux jeunes avaient été expulsés du pays.

Signalement demandé à la Justice

On ne sait toujours pas à l'heure actuelle si ce parcours était connu de l'État alors que «Challenger» entrait tranquillement dans le Stade de France, samedi dernier. Selon des informations communiquées au Figaro, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a demandé aux services de police d'effectuer un signalement auprès de la justice, concernant le jeune homme. «Le ministre a demandé à ses services de se rapprocher du parquet pour signaler ces agissements et faire toute la lumière sur les circonstances dans lesquelles ces vidéos ont été prises», annonce-t-on place Beauvau. Les investigations ont déjà commencé.

Les deux hommes sont-ils réellement allés en Syrie, ou le prétendent-ils? Pourraient-ils être poursuivis en France pour leurs activités «touristiques» de tir à la mitraillette? Oui, selon l'avocat Laurent-Franck Liénard, si une infraction est caractérisée et que le parquet le décide. «Je ne pense pas qu'ils soient allés dans un stand. Les infractions commises à l'étranger par un Français peuvent être poursuivies en France», confirme-t-il auprès du Figaro.

À VOIR AUSSI - Incidents au Stade de France: la moitié des interpellations «concerne des Britanniques», affirme Gérald Darmanin

n autre influenceur déjà condamné

Le compte de «Challenger» est représentatif d'une nouvelle génération d'«influenceurs» sur Snapchat, Instagram ou TikTok. Il se montre aussi bien au volant d'une voiture de sport à Dubaï, que devant le Ballon d'or de l'UEFA... Ou encore en tenue traditionnelle à l'entrée d'une mosquée, pour inciter ses abonnés à la prière musulmane. Son complice Rayanne B. s'est lui fait connaître en publiant plusieurs méfaits, pour distraire ses quelque 175.000 abonnés. En octobre 2021, il volait du matériel dans un camion de pompiers, les qualifiant de «fils de p.», et écopant finalement d'un stage de citoyenneté. Il insultait ensuite le ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer, le menaçant. Poursuivi, il était relaxé pour cela... Avant d'être finalement condamné, en mars dernier, à 105 heures de travaux d'intérêt général après s'être moqué d'un handicapé.


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https://www.lemonde.fr/international/article/2022/05/28/en-israel-les-defenseurs-du-temple-gagnent-du-terrain_6128018_3210.html

 

Les groupes messianiques juifs consolident leur présence sur l’esplanade des Mosquées, avec l’appui tacite du pouvoir israélien.

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Publié le 28 mai 2022 à 13h00, mis à jour hier à 05h48

Temps de Lecture 5 min

 

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Ce matin-là, une douzaine de fidèles juifs patientent autour d’un buffet de snacks et de jus de fruits : ils attendent leur tour pour « monter » sur l’esplanade des Mosquées. Eux la révèrent comme le mont du Temple, le lieu le plus sacré du judaïsme. Selon la tradition, c’est là qu’auraient été édifiés les deux premiers temples de Jérusalem, sous les rois Salomon puis Hérode. Juste à côté du buffet, une maquette reproduit ce à quoi devrait ressembler le troisième – un bâtiment rectangulaire blanc, à la façade ornée de colonnes, précédé d’une large cour.

La petite troupe est guidée par le rabbin Tzvi Tal, moustache blanche et bob beige. Tous les gardes israéliens le connaissent ; quatre ans qu’il vient depuis la colonie d’Ofra, en Cisjordanie occupée, une fois par semaine, après s’être trempé dans un bain rituel. Au bout d’une dizaine de minutes, le groupe a le feu vert. Les fidèles juifs pénètrent sur l’esplanade des Mosquées escortés par des policiers en armes, sous le regard inquiet des gardiens musulmans.

Depuis la conquête israélienne de Jérusalem-Est en 1967, l’Etat hébreu se considère ici souverain, sans que cela soit reconnu par la communauté internationale. En pratique, l’esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l’islam, est administrée par une fondation pieuse jordanienne, le Waqf. Les Israéliens ont officiellement conservé le statu quo historique de l’ère ottomane : seuls les musulmans ont le droit d’y prier. Au milieu, le dôme du Rocher, dont la coupole dorée surplombe la Vieille Ville depuis treize siècles, abrite le « Rocher de la fondation ». Les musulmans pensent que d’ici Mahomet s’est élevé au ciel. Les juifs, eux, y voient le mont Moriah, sur lequel Abraham projetait de sacrifier son fils Isaac à Dieu. C’est là que certains, dont Tzvi Tal, espèrent reconstruire le troisième temple.

« On est sur la bonne voie »

« C’est la première fois que l’Etat d’Israël est ouvert pour les juifs. C’est le moment », juge ce rabbin orthodoxe de 65 ans. Lui fait mine de croire qu’un partage de l’esplanade entre juifs et musulmans est possible. « La mosquée Al-Aqsa n’est pas dans l’enceinte du Temple, elle peut rester », dit-il. L’histoire prouve le contraire. En octobre 1990, dix-sept Palestiniens ont été tués dans la répression, par la police israélienne, d’une manifestation générée par des rumeurs de reconstruction du Temple. En septembre 1996, 80 personnes, en majorité des Palestiniens, ont péri dans des affrontements après l’ouverture d’un tunnel sous l’esplanade. L’endroit est un baril de poudre et les zélateurs du Troisième temple s’y promènent avec une allumette.

Si la reconstruction du Temple advenait, elle se ferait là où est érigé le dôme du Rocher. Mi-mai, le groupe suprémaciste juif Lehava a fait circuler un grossier photomontage. Une pelleteuse y menace la coupole dorée du sanctuaire, avec cette légende : « Le jour de Jérusalem, qui tombe le 29 mai, est la date à laquelle débutera la démolition du dôme du Rocher. » Dimanche, la Ville sainte, déjà largement sous tension, accueillera une marche de nationalistes israéliens célébrant la conquête de Jérusalem-Est en juin 1967, un moment traditionnellement propice aux débordements racistes antipalestiniens. En 2021, bien qu’annulée in extremis, elle a été l’un des éléments déclencheurs de la guerre de Gaza.

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Sur l’esplanade, le groupe de fidèles juifs poursuit la visite. Il s’arrête pour prier sous l’œil blasé d’un policier druze, puis l’un d’eux commente un texte sacré, dans un hébreu au fort accent américain. « On est sur la bonne voie, on a changé l’ambiance », glisse Tzvi Tal dans un sourire. Attablée à un café de Jérusalem, Sophie, une Franco-Israélienne de 39 ans, qui préfère ne pas donner son nom, confirme le diagnostic, chiffres à l’appui : « En 2010, un peu moins de 6 000 juifs étaient montés. De septembre à aujourd’hui, on est déjà 30 000. »

Mise en garde

Le sujet ne fait pourtant pas l’unanimité parmi les rabbins : la majorité d’entre eux, à commencer par le Grand Rabbinat d’Israël, estiment que tant que le Temple n’a pas été reconstruit, il est interdit aux juifs de « monter », notamment pour éviter de pénétrer dans le « saint des saints » par erreur. « Mais on sait où c’est ! », martèle Sophie, cheveux noirs attachés et longue jupe blanche. Son organisation, baptisée « Beyadenou » – « entre nos mains » en hébreu, une allusion à la célèbre phrase du général Motta Gur, en juin 1967 : « Le mont du Temple est entre nos mains » –, travaille à renforcer la présence des juifs sur l’esplanade des Mosquées.

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Jeudi 26 mai, un tribunal israélien a renversé un jugement qui autorisait des prières juives sur l’esplanade des Mosquées. La précédente décision, célébrée comme une victoire par le mouvement du Temple, avait été condamnée par les Palestiniens et la Jordanie. Cette dernière a mis en garde Israël contre l’érosion continue du statu quo sur le lieu saint. « Le sacro-saint statu quo ! », se moque Yehuda Glick, ancien député israélien du Likoud. « Cinquante-cinq ans après la réunification de Jérusalem, qu’avons-nous fait de ce magnifique cadeau accordé par Dieu ? On a négligé ce lieu », martèle ce natif de Brooklyn, avec des accents prophétiques.

Figure du mouvement du Troisième Temple, un temps qualifié d’« homme le plus dangereux du Moyen-Orient », le rabbin à la barbe rousse a mené d’innombrables batailles judiciaires et une brève grève de la faim pour faire valoir sa « liberté de culte ». Son organisation, la Shalom Jerusalem Foundation, vit de donations privées de contributeurs juifs et chrétiens évangéliques – certains considèrent que la reconstruction du Temple préfigure le retour de Jésus-Christ.

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« Le sionisme est un mouvement qui a dit : “Nous ne pouvons pas attendre, nous devons établir l’Etat juif”, détaille M. Glick. La reconstruction du Temple, c’est la nouvelle génération du sionisme. Nous sommes là pour continuer le projet de Dieu. » Ce messianisme religieux entre en résonance avec les franges nationalistes de la société israélienne. Leur projet politique s’inscrit dans une sorte de continuité : d’abord la création d’Israël en 1948, puis la conquête des territoires palestiniens en 1967, pour arriver à la réappropriation du mont du Temple, toujours en cours – et, in fine, la reconstruction du Temple.

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Inquiétude des Palestiniens

Ces dernières années, « il y a une institutionnalisation du mouvement, certains de ses membres sont entrés à la Knesset », souligne Ron Naiweld, chercheur au CNRS. L’ancien gouvernement de premier ministre Benyamin Nétanyahou a encouragé la police à assouplir les règles face aux activistes du Temple, auparavant considérés comme extrémistes. Ils disposent aujourd’hui de relais à la sécurité intérieure ou à la commission sur l’éducation à la Knesset, souligne Aviv Tatarsky, de l’ONG israélienne Ir Amim.

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Dans l’opinion publique aussi, le regard change. Un large pan de la société israélienne soutient les visites des juifs sur l’esplanade des Mosquées et, ces dix dernières années, ils sont de plus en plus nombreux, même chez les laïques, à ne pas s’offusquer que des prières juives s’y déroulent. Le soutien au troisième temple reste largement minoritaire mais, si cela venait à se concrétiser, « il y a suffisamment de gens qui soutiendraient le projet et il n’y aurait pas assez de monde pour monter aux barricades et résister », juge Ron Naiweld.

D’où l’inquiétude qui monte parmi les Palestiniens, à raison, précise le chercheur : « La menace n’est pas imminente mais elle n’est pas à négliger. » Pour Aviv Tatarsky, la montée en puissance du mouvement du Temple coïncide avec les violents affrontements entre la police et les fidèles musulmans. « Ce ne sont pas des visites innocentes, explique-t-il. L’Autorité palestinienne est si faible, la Jordanie n’est pas capable d’arrêter ces politiques israéliennes très agressives (…) Mais les Palestiniens de Jérusalem-Est, qu’on les soutienne ou non, disposent d’un pouvoir aussi. Ils manifestent, résistent et sont capables d’obtenir des résultats, malgré toute la puissance d’Israël. »

 

 

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https://www.fdesouche.com/2022/05/24/pap-ndiaye-et-sa-vision-de-luniversite-en-2021-il-faut-flecher-colorer-sic-certains-contrats-doctoraux-il-faut-faire-des-universites-des-lieux-ou-les-questions-dec/

 

Pap Ndiaye et sa vision de l’Université en 2021 : « Il faut flécher, colorer (sic) certains contrats doctoraux » ; il faut « faire des Universités des lieux où les questions décoloniales soient pensées, enseignées, militées, diffusées. »

Vidéo de l’intervention de Pap Ndiaye au colloque “Fondements de la discrimination contemporaine” organisé le 15 avril 2021 à la Sorbonne par la mission égalité-lutte contre les discriminations à l’occasion de la journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition.

Pap Ndiaye – Comment parler des discriminations et du racisme à l’Université pour bâtir une société plus inclusive ?

 

Résumé de son intervention par le site decolonialisme.fr

“Mais le clou du spectacle est sans conteste l’intervention de Pap Ndiaye.

Il nous rappelle d’emblée que « l’université peut être un lieu de différentes formes de violence », et nous propose un programme de déblanchiment à tous les niveaux. D’abord en orientant l’argent, nerf de la guerre, vers la bonne cible et la bonne couleur : « Flécher, colorer (sic) certains contrats doctoraux dans telle ou telle discipline », avoir une « politique à l’échelle des COMUE, des ERC, ANR », bref, une « politique de recherche fermement engagée dans ces domaines », pour éviter notamment la fuite des cerveaux (ou des écervelés ?) vers l’Eldorado des campus américains. Hélas, en matière de fléchage, ses désirs ont été devancés. L’urgence est d’établir un état des lieux de l’enseignement pour mieux décoloniser les programmes. Ainsi en histoire, il faut « enseigner la racialisation du monde », puisque « les savoirs sur l’homme au XVIe siècle s’organisent autour de l’invention des races », en lien avec l’histoire de la colonisation.

Il faut également chauffer les étudiants pour qu’ils deviennent de bons militants, à l’instar du groupe Black Lives Matter très actif à Sciences-Po, et qui a brillamment contribué à redorer l’image de cette poussiéreuse école. Le mot d’ordre est de « faire des Universités des lieux où ces questions soient pensées, enseignées, militées, diffusées ».

Pour conclure, le directeur du Musée national de l’histoire de l’immigration se réjouit que la Sorbonne aille dans la bonne direction. Certes, cela « peut susciter des réactions très vives, de celles et ceux qui estiment que les universités ne devraient pas s’attaquer à ces questions. » Certains esprits chagrins pointent les « influences néfastes qui viendraient de telle ou telle région du monde » pour « délégitimer tous ces efforts, ces recherches, ces enseignements. » La présence du Pape Ndiaye s’explique ; le Pontife est venu bénir la nouvelle croisade, remonter le moral des troupes.”

Observatoire du Décolonialisme

Merci à BB.

 

 

Fdesouche sur les réseaux sociaux

 
 
 

 

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PNI, psycho-neuro-immunologie : cette médecine de pointe où le cerveau guérit le corps. Getty Images

 

DECRYPTAGE - C'est scientifiquement validé : émotions et croyances impactent la santé. Tout un champ de recherches appelé psycho-neuro-immunologie étudie désormais l'influence du psychisme et de la pensée positive sur la physiologie.

Les médecins de famille prescriront-ils bientôt des analyses émotionnelles ou comportementales en complément de prélèvements sanguins ? C'est ce que laisse augurer la hausse exponentielle des études confirmant le poids des émotions sur la santé. «S'il suffisait simplement de microbes et de virus pour que l'on soit malade, on le serait tous, tout le temps», assure le Pr Jacques Besson, chercheur en psychiatrie à l'Université de Lausanne, en Suisse.

 

«Le corps est profondément intriqué avec le psychisme, et les hormones du stress peuvent perturber le métabolisme.» Selon lui, l'entité psychosomatique que nous incarnons est aussi intimement liée à une culture, un environnement et une communauté. Nous sommes, par essence, des êtres de relation. «Quand on sent un rhume arriver, la révolution serait, par exemple, de se demander qui nous avons rencontré avant, ce qu'on nous aurait dit qui aurait peut-être réactivé une blessure ancienne de la petite enfance», suggère le Pr Besson. Ces propos, fantaisistes pour certains, avant-gardistes pour d'autres, résonnent avec les thèses de la psycho-neuro-immunologie (PNI).

En vidéo, comment favoriser les pensées positives avec Clémentine Chatroussat

 
 

Chercher du sens

Fondée dans les années 1980, cette médecine de pointe avance qu'un stress sur un état fragilisé peut déclencher une chute d'immunité, et nous rendre ainsi perméable aux agents pathogènes. Un mode de vie sain ne suffirait donc pas à booster nos défenses contre les virus, il faudrait aussi cultiver un état d'esprit adapté. De plus en plus de disciplines médicales convergent vers cette approche holistique, à l'instar de la salutogenèse, d'Aaron Antonovsky.

D'après le sociologue américain, la médecine reste obnubilée par la pathogenèse, ou l'étude des causes des maladies. «La salutogenèse prend le sujet à contre-courant en stimulant les marqueurs de la bonne santé, et en cherchant dans le futur du patient ce qui peut le guérir», explique le Pr Besson. Entre autres leviers d'action : la quête de sens et de cohérence. Pour illustrer cette thérapie du sens, le spécialiste évoque l'histoire des maçons sur le chantier d'une cathédrale au Moyen Âge. Le premier affirme qu'il taille des pierres, le deuxième, qu'il gagne sa vie, quand le troisième dit : «J'édifie une cathédrale».

«On parle peu de santé positive», regrette Saphia Larabi, directrice des publications de la Fabrique Spinoza. Ce think tank dédié au bonheur citoyen a publié, en janvier, l'étude Santé positive : guide des déterminants scientifiques aux citoyens, professionnels et institutions. L'ambition ? Encourager une éthique du care (le prendre soin) dans le monde médical. «Notre étude se base sur le crédit scientifique pour valoriser des apprentissages émotionnels qui pourraient nous faire gagner une décennie d'espérance de vie», explique la juriste de formation.

Plus de rire, moins d'AVC

De plus en plus d'études montrent à quel point notre paysage intérieur influe sur la santé. On sait déjà qu'un stress intense peut faire le lit du fameux tako-tsubo (ou syndrome du cœur brisé), une maladie cardiaque proche de l'infarctus du myocarde. Des chercheurs ont étudié la fréquence des rires chez plus de 20 .000 personnes. Celles qui rient moins affichent 1,6 % plus de risque d'AVC ! D'autres ont montré une meilleure résistance aux rhumes chez les individus qui vivent dans un état émotionnel globalement plus porteur. «Les personnes qui ressentent plus d'émotions désagréables sont moins attentives à leurs besoins physiques, et inversement», avance Saphia Larabi. Les émotions positives favorisent une meilleure résistance aux rhumes et une capacité de récupération accrue.

En vidéo, quels sont les impacts des écrans sur le cerveau des enfants ?

 
 

Les émotions dites négatives ne sont pas à bannir pour autant. Des chercheurs ont corrélé le sentiment de bien-être avec la variété et l'abondance d'émotions, aussi bien agréables (enthousiasme, excitation, gratitude…) que désagréables (colère, anxiété, tristesse…). En France, une étude sur 35 .000 personnes montre que plus l'« émodiversité » est élevée, plus le risque de dépression baisse. En Belgique, une autre expérience, menée auprès de 1 300 personnes, souligne que la richesse des émotions peut réduire la fréquence des visites chez le médecin (jusqu'à 25 %). Ce nouveau paradigme de santé encourage l'installation d'accompagnements holistiques des patients dans certaines institutions.

À la Stanford University School of Medecine (Californie), on applique le programme Mind-Body, lancé sous l'égide du cardiologue et médecin holistique, Kenneth Pelletier. Le principe : aider les malades du cœur à s'aider eux-mêmes. Yoga, méditation en pleine conscience ou par le son, marche silencieuse…, les soins sont choisis en fonction des goûts de l'individu, après entretien, puis rigoureusement monitorés. Plus les malades sont actifs dans leur traitement, plus les quantités de médicaments sont diminuées, remarquent les soignants. Une étude du National Institute of Health américain confirme les bienfaits du programme : sur 300 personnes atteintes de maladies cardiovasculaires, 150 ont suivi un programme Mind-Body et 150 des soins classiques. Cinq ans plus tard, 20 % des patients du premier groupe n'ont plus de signe de maladie, 70 % sont stabilisés et 13,3 % ont dû être opérés. Dans le second groupe, tous les cas ont empiré, et 45 % ont dû être opérés.

Conscience sur ordonnance

D'après le docteur en médecine et formateur en coaching de santé Jean-Luc Monsempès, un travail de fond sera nécessaire sur le système de santé dans les années à venir : «Seules 20 % des maladies sont issues de facteurs génétiques. Les autres sont liées à de mauvaises habitudes de vie, et consomment près de 80 % du budget de la sécurité sociale.» Les patients devront, à terme, devenir plus responsables, à en croire cet expert dans l'application des sciences cognitives au monde de la santé. «Dans l'approche médicale traditionnelle, le symptôme est un signal d'alarme qui appelle à réparer une partie du corps en difficulté. Dans une optique systémique, le symptôme invite à déployer un niveau de conscience plus adapté à de nouvelles aspirations de vie», avance le pro. Ces deux approches se complètent : le médecin soigne au mieux, mais le patient est acteur de la lutte contre la maladie. D'où le développement de techniques issues de la programmation neurolinguistique (PNL), influencées par les découvertes de la psycho-immunologie (travail sur les croyances, affirmations verbales de guérison, visualisations…).

Parfois, une thérapie s'impose, prévient Jean-Luc Monsempès, pour changer les habitudes de vie du patient souvent issues d'événements douloureux survenus à un stade précoce. Dans son ouvrage remarquable Les maladies ne tombent peut-être pas du ciel (Éditions Dunod, mai 2022), Cyril Tarquinio détaille la manière dont les épreuves de l'enfance, petites ou grandes, marquent le corps, jusqu'à l'ADN. Le professeur de psychologie clinique et psychologie de la santé à l'Université de Lorraine, à Metz, interpelle par ailleurs sur notre responsabilité devant les générations à venir : «On parle beaucoup du climat et de l'état dans lequel nous laisserons la planète à nos enfants. Sans doute faudrait-il également s'interroger sur l'intégrité psychologique et la santé des générations futures.» En question : l'éducation, la manière dont ils auront traversé leur enfance et leur adolescence. La bienveillance, une écologie sociale ?

Cinq idées pour aller bien...

…piochées dans l'étude Santé positive de la Fabrique Spinoza.
1. Avoir un animal de compagnie : vivre avec un chien réduirait de 24 % la probabilité de mort prématurée ; le tenir dans nos bras générerait autant d'ocytocines (un neurotransmetteur antistress) qu'entre une mère et son enfant.

2. Aller voir des expositions : les personnes qui vont au musée une fois par mois ont 48 % moins de risques de faire une dépression nerveuse. L'art sur prescription est une tendance déjà établie dans les pays anglophones. Les Musées du château de Compiègne ont récemment ouvert aux médecins leurs premières ordonnances muséales.

3. Passer un moment en forêt : les bains de forêt (shinrin-yoku) ont prouvé leurs bienfaits sur la pression artérielle ou sur l'immunité. L'Espace Naturel Sensible des lagunes d'Hostens et de Gât Mort, en Gironde, vient d'être labellisé pour cette pratique médicale. On parle «d'ordonnances sylvestres».

4. Prier : un dieu, un esprit, un ange… S'adresser à une puissance surnaturelle agit sur le corps et le cerveau, comme le prouvent les étonnantes recherches de la neurothéologie. Cette jeune science étudie notamment les processus de guérison dans les cercles de prière laïque des Alcooliques Anonymes. À pratiquer selon sa sensibilité !

5. Faire et recevoir des câlins : toute manifestation de tendresse physique (caresses, massages, embrassades) fait aussi grimper le taux d'ocytocine : effet dopant sur le système immunitaire à la clé.

fabriquespinoza.org

https://madame.lefigaro.fr/societe/nft-mania-bienvenue-dans-le-nouveau-monde-du-paraitre-20220527

 

               https://i.f1g.fr/media/cms/320x395/2022/05/23/96581ca132998d7513722f8d1c52f55e4fc4450d2e747d89f9db9202f75e0c9b.jpg

Un NFT de la collection CryptoPunks, succession de petits personnages pixélisés, générés par une algorithme. CryptoPunks, 2017 CryptoPunks, 2017

 

DÉCRYPTAGE - Les collectionneurs achetaient leur Van Gogh dans le plus grand secret. Aujourd'hui, sur le Web, on adore montrer les œuvres virtuelles qu'on a la richesse de s'offrir. Décryptage du nouveau paraître digital.

Ils s'appellent WhaleShark, Colborn Bell, Eric Young, Daniel Maegaard… Ils possèdent chacun des centaines, voire des milliers, de NFT (non-fungible token ou jetons non fongibles), ces certificats de propriété numérique qui permettent d'authentifier n'importe quel fichier digital (tweet, image, vidéo, musique…). Leur collection est estimée à plusieurs millions de dollars, du moins sur le papier. Enfin… à l'écran. Particularité : elle est visible aux yeux de tous. D'un clic, on peut savoir qui (du moins quel avatar, car beaucoup de collectionneurs utilisent des pseudos) possède quoi. Les NFT sont stockés sur le système de la blockchain, registre unique de transactions décentralisé, transparent et infalsifiable : tout le monde peut y avoir accès et vérifier son contenu.

 

Bienvenue dans l'ère de l'ultratransparence. «Dans le monde de l'art, traditionnellement, on ne donnait jamais le nom des collectionneurs privés. Tout était très caché, même si, ces dernières années, les choses ont commencé à évoluer… Dans le crypto-art, toutes les collections sont “archivisibles”, et cela peut même constituer un facteur spéculatif supplémentaire. Vous pouvez facilement savoir ce que possède votre voisin. Tout le monde peut connaître la taille de votre collection, sa valeur, combien de CryptoPunks (des NFT qui prennent la forme de petits personnages pixélisés, NDLR) vous possédez…», souligne Caroline Vossen, galeriste officiant depuis plus de trente ans à la Galerie Claude Bernard, à Paris, qui a lancé en 2019 L'Avant Galerie – la première, en France, à accepter les cryptomonnaies comme moyen de paiement. Les NFT ou le symbole d'un monde égotique dans lequel le rapport à l'argent serait plus que jamais décomplexé ? Pas si simple…

 

Afficher sa réussite sur les réseaux sociaux

«Le marché du crypto-art est le reflet du monde actuel, celui de l'hypermédiatisation, de la profusion, des réseaux sociaux… D'une manière générale, on évolue aussi dans une société où l'argent se montre de plus en plus», analyse Caroline Vossen, qui vient d'organiser une exposition de NFT sur le mouvement trash art avec, entre autres, l'artiste Robness. Autre singularité du marché : les œuvres d'art numériques sont téléchargeables par tous. Dans le monde physique, un tableau de maître sera plutôt conservé précieusement à l'abri des regards ou exhibé à l'occasion d'un dîner très privé. L'œuvre Everydays : the First 5000 Days, de l'artiste Beeple, adjugée à 69,3 millions de dollars chez Christie's le 11 mars 2021, est accessible très facilement – chacun peut en un clic l'enregistrer sur son ordinateur.

Mais seul Metakovan (on sait depuis qu'il s'agit de Vignesh Sundaresan, un millionnaire indien), l'acheteur de ce collage numérique, peut se revendiquer propriétaire du NFT : il peut le garder, le transférer à quelqu'un, ou le vendre. Un coup de tampon très narcissique ? «C'est l'argument qu'avance le mouvement anti-NFT baptisé Right-Click, Save As (comprendre : clic droit et enregistrer), qui critique à coups de mèmes ironiques la valeur disproportionnée que l'on accorde au crypto-art.» Mais c'est méconnaître l'importance de la notion de rareté numérique : «Un NFT authentifie le fichier natif d'une création numérique, son auteur et son propriétaire. C'est là toute l'innovation», souligne Fanny Lakoubay, conseillère en crypto-art et NFT, installée à New York.

Le marché du crypto-art est le reflet du monde actuel, celui de l'hypermédiatisation, de la profusion, des réseaux sociaux…

Caroline Vossen

Augmenter sa cote de popularité

S'il est question d'ego dans le monde des objets virtuels, c'est aussi parce que la culture du «flex» est importante : pouvoir montrer aux autres qu'on possède quelque chose de rare, cher et désirable. Le mot «flex» vient de l'anglais. Pris dans son sens figuratif, il signifie «faire étalage de sa force». L'expression vient du monde du rap et du R'n'B. «Pourquoi voudrais-je une collection de choses que personne ne peut voir, alors que je peux avoir une collection d'objets numériques visible par tout le monde ?», s'interrogeait Ian Rogers, directeur de l'expérience client de Ledger, célèbre entreprise de portefeuilles pour cryptomonnaies, au micro de Imran Amed (The Business of Fashion) en novembre 2021.

Le «flex», c'est pouvoir prouver que l'on est capable de dépenser des milliers d'euros pour un CryptoPunk, par exemple – ces nouveaux accessoires de luxe. Ce sont 10.000 NFT qui représentent chacun un personnage unique, des œuvres numériques très pixélisées, générées automatiquement par un algorithme. Le record de vente est détenu par le CryptoPunk 5822, qui s'est envolé en février à 8000 ethers (ETH) – l'ether est l'une des principales cryptomonnaies, avec le bitcoin –, représentant environ 22,7 millions d'euros au moment de la vente. «Fin 2021, selon les données de nonfungible.com, l'art ne constituait encore que 9 % du volume des NFT, alors que les “collectibles” (série de figurines numériques, dont les CrypoPunks, peu considérées dans le marché de l'art, NDLR) en représentaient 76 %», précise Fanny Lakoubay. Mais posséder un CryptoPunk ou un Bored Ape Yacht Club (BAYC), soit des têtes de singes pixélisées, c'est aussi une manière de se reconnaître entre soi (et donc de se distinguer), car, dans l'absolu, très peu de gens savent encore les identifier…

 
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Eva Longoria fait partie de la communauté World of Women. worldofwomenNFT

Appartenir à une communauté d'exception

Et pour «flexer», on peut aujourd'hui mettre en photo son CryptoPunk sur son profil Twitter, comme l'a fait le rappeur Jay-Z par exemple. Des figures de la tech utilisent même leur CryptoPunk comme avatar sur leur compte LinkedIn. «Acquérir un NFT comme celui-là, c'est aussi un ticket d'entrée vers des expériences uniques, des accès à des avant-premières, des événements spéciaux, des aventures…», souligne Paul Mouginot, cofondateur de l'agence de métavers bem.builders. C'est en tout cas le signe qu'on appartient à un club très privé. «Il a toujours existé des clubs de socialites pour collectionneurs d'art très fortunés, mais l'idée de communauté est bien plus développée encore avec les NFT. Avec un Bored Ape, par exemple, on peut être invité à une fête privée sur un yacht à Miami ou un concert à Brooklyn. Des “avantages” très hype qui attirent surtout des jeunes, encore essentiellement des hommes, entre 20 et 30 ans, issus du monde de la tech ou de la finance», détaille Fanny Lakoubay.

De jeunes technophiles et cryptoriches qui alimentent tous les fantasmes. «Au moment de l'ascension vertigineuse des cryptomonnaies en 2017, on racontait que des gamins de 18 ans qui avaient investi très tôt dans le bitcoin ou l'ether aimaient s'offrir des Lamborghini et des belles montres de collection. La présidente de Christie's France, Cécile Verdier, raconte que sur les 33 personnes qui ont renchéri sur l'œuvre de Beeple, 30 étaient totalement inconnues de la maison de ventes aux enchères, pourtant dans le business depuis plus de trois cents ans ! Ce qu'il y a de sûr, c'est que certains reçoivent chaque jour des offres à plusieurs centaines de milliers d'euros pour le rachat de leur Bored Ape et qu'ils ont un portefeuille bien garni», indique Olivier Rivard-Cohen, fondateur de Cacio e Pepe, agence qui délivre des solutions techniques et créatives pour les marques désireuses d'emprunter le chemin du métavers.

 

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Le projet Women Rise, mené par l'artiste et activiste Maliha Abidi. womenrise.art

Avec cette logique de «flex», ce n'est pas surprenant si beaucoup de stars se lancent dans l'aventure des NFT. Jay-Z et Paris Hilton arrivent respectivement 6e et 7e au classement des influenceurs les plus importants dans le secteur des NFT, selon le magazine Fortune. Paris Hilton a notamment collaboré avec l'artiste numérique Blake Kathryn pour produire une œuvre intitulée Iconic Crypto Queen, qui s'est vendue à plus d'un million de dollars. En janvier, le footballeur Neymar a rejoint le groupe restreint des célébrités propriétaires de NFT en achetant deux Bored Aped pour près de 1,1 million de dollars.

Les nouveaux codes du crypto-art

Cette percée des stars dans le milieu n'est pas toujours vue d'un bon œil. Pour être accepté par les communautés du crypto-art, il faut en connaître les codes et les respecter. Au-delà de ces logiques de distinction sociale, se jouent également des mécanismes de «conquête». «Le rappeur Snoop Dogg a conquis sa place sur le métavers The Sandbox en explorant la plateforme à la manière d'une sous-culture. Il a révélé tardivement qu'il se cachait derrière l'avatar Cozomo de'Medici, dont la collection de NFT était réputée pour son bon goût», détaille ainsi Paul Mouginot. La très forte spéculation du marché désespère certains artistes pionniers, comme Robbie Barrat, par exemple.

«Les investissements deviennent disproportionnés. Pour beaucoup d'artistes qui étaient là au tout début, le propos, un peu utopique, de créer une communauté au modèle économique plutôt fondé sur le partage est perdu», avance Caroline Vossen, qui rappelle qu'acheter une œuvre d'art numérique n'est pas seulement une question de «flex». «Certains collectionneurs ne sont pas du tout dans cette logique-là : en achetant un NFT, ils achètent des images cultes, des traces d'une époque.» La hype serait donc l'arbre qui cache la forêt. «Nous rencontrons des collectionneurs de plus en plus pointus dans leurs connaissances. Le point de départ est souvent une envie de mieux connaître les NFT, mais, au fur et à mesure, ils développent leurs goûts et leurs intérêts. Certains s'attachent à l'art génératif ou à des artistes qui ont des histoires incroyables, des ingénieurs, des biologistes. D'autres deviennent mécènes de causes à travers leurs achats, en soutenant des artistes sous-représentés, par exemple», conclut avec optimisme Fanny Lakoubay.

 
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Boss Beauties est une initiative créée par l'entrepreneure et philanthrope Lisa Mayer. Boss Beauties

«La signature d'un bien numérique lui confère une rareté»

Pour rendre la culture NFT accessible au plus grand nombre, Anthony Masure, professeur associé et responsable de la recherche à la Haute École d'art et de design de Genève (HEAD–Genève) dévoilera en septembre prochain un guide méthodologique sous la forme d'un lexique illustré libre de droits. Ce spécialiste des implications créatives et économiques des technologies blockchain dans le monde de l'art et du design, également cofondateur du studio de création Hint3rland, nous livre quelques éléments didactiques de cette nouvelle sémantique.

Madame Figaro.- Concrètement, qu'est-ce qu'un NFT ?
Anthony Masure.- C'est un certificat infalsifiable qui permet d'authentifier et de signer des biens numériques (images, vidéos, tweets, sites Web…), mais aussi de rattacher une signature numérique à un objet physique (titre de propriété, archives, acte juridique…). Si l'on prend l'exemple d'une image numérique devenue NFT, celle-ci pourra continuer d'être diffusée et copiée à l'infini sur le Web, mais seulement une seule sera signée. On peut faire la comparaison avec un disque vinyle qui est pressé en grande série : si l'on en possède un exemplaire signé de l'artiste, il vaudra beaucoup plus cher. De la même façon, la signature d'un bien numérique donne de la valeur à ce dernier et lui confère une rareté.

Un NFT est un certificat infalsifiable qui permet d'authentifier et de signer des biens numérique, mais aussi de rattacher une signature numérique à un objet physique

Anthony Masure

Quand le premier NFT est-il né ?
Une forme rudimentaire est apparue en 2015 sur le réseau bitcoin, mais les NFT, tels que nous les connaissons aujourd'hui, sont nés en 2017. Les deux premières initiatives les plus connues sont CryptoPunks et CryptoKitties – les seconds ayant permis de définir la norme technique des NFT. Ces deux projets sont ce qu'on appelle des «collectibles», des images à collectionner avec différents niveaux de rareté, comme des cartes Panini dans la vraie vie. Les CryptoPunks représentent 10 000 images de visages stylisés de 24 pixels de côté, et les CryptoKitties sont des chatons virtuels, que l'on peut collectionner, élever et vendre.

Comment se fait-il qu'un CryptoPunk puisse aujourd'hui s'envoler à plus de 20 millions de dollars ?
C'est devenu une pièce iconique de la culture crypto. Pour des personnes qui ont gagné beaucoup d'argent avec les cryptomonnaies, posséder un CryptoPunk, c'est posséder un moment de l'histoire qui leur a permis de réussir. S'ensuit le jeu de l'offre et de la demande, et de la spéculation. Par ailleurs, des maisons de vente aux enchères comme Christie's et Sotheby's se sont intéressées à ces créations et ont commencé à les vendre comme de l'art. Elles sont donc devenues des œuvres cotées.

Quel est l'intérêt d'acheter un CryptoPunk, intangible par définition, plutôt qu'une peinture de Rothko ?
Les gens qui viennent de la culture crypto ne fréquentent pas forcément les musées traditionnels, ils vivent à 100 % dans la culture numérique. Posséder un objet numérique est plus valorisant socialement pour eux que posséder une œuvre physique, car ils peuvent l'exhiber aux yeux du monde entier à travers leur avatar – et tout le monde peut vérifier qu'ils sont l'unique propriétaire de ce bien. Si vous postez une photo d'une montre Rolex sur Instagram, qui me dit que vous l'avez vraiment achetée ?

 

https://d1wqtxts1xzle7.cloudfront.net/54600296/Memoire_Tatiana_del_Marmol.pdf?1506952782=&response-content-disposition=attachment%3B+filename%3DCorps_et_creation_dans_lacte_dapprendre.pdf&Expires=1653635921&Signature=XT2NYonvBSRVfRp0FS7N6vr0X1uwCGZmfgvjKc9vIkgxyqcH7RTFKzvPriLWrmlplKrU1Sg-zcMj4hbVR2cJzuWD9xGqMLirvL6AV8Xn3uGR8gUqIK~qZ9ob5vr8vYZrehV1nhi7Q8lKjiNVKEGGV8yksHqeURmHkdSXoiun2ZoTuLSvvvjuMzjp4~XDC4PKHOnYuxXTGJRP8iETb-wZgVSHtwiggaKdAhHDsPcy1v5CzP~6Sq7gK7SFztDF6oJvGuBB7CzxjUOUbeG6W7Qe3jhSItvPAzuB9NieySaKXJ1DP5iueWX9602-rIprOa0adht-7UhLDeh4fP55cXJp-g__&Key-Pair-Id=APKAJLOHF5GGSLRBV4ZA


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Section 2 : Le mode de fonctionnement du cerveau humain
Le cerveau humain est divisé en parties contrôlant différents domaines de notre
perception mais les parties sont coordonnées entre elles. Le processus d’apprentissage est
basé sur cette interaction entre sens, sur la création de mémoire et sur nos gènes. En
analysant plus précisément le fonctionnement de ce processus, il devient très net
quintellect et corps fonctionnent comme un tout et que l’action entendre corps en
mouvement est un élément clé pour l’apprentissage.

La construction du self

La construction de soi, le développement du self, se fait à partir des gènes, de
l’interaction avec l’environnement, des émotions et de la mémoire. Nos gènes sont
composés en partie de ceux de générations antérieures, restés intacts, ainsi que de
variations de ces gènes familiaux. Mais l’impact direct de ces gènes dans le processus
d’apprentissage est très faible. En effet, ils ne reflètent pas directement nos traits de
personnalités. Cependant, leur interaction avec l’environnement façonne notre cerveau.
La quantité de structures neurales résultantes possibles est immense et ce sont les
expériences vécues dans un certain milieu et entourage qui seront décisives dans la
construction du self. Cette construction correspond à un « câblage » de synapses, ces
dernières étant les liaisons entre les neurones (cellules cérébrales). Cette possibilité de
façonner la structure interne du cerveau à partir de l’expérience est appelée la plasticité
cérébrale et a de nombreuses conséquences intéressantes particulièrement dans les
domaines médicaux traitant les maladies et dégâts neurologiques. Elle influence
directement la flexibilité des comportements, ce qui a un impact sur l’intelligence.
Spearman dit « Plus les sens perçoivent les différences, plus le champ sur lequel nos
jugements et notre intelligence sait agir est grand »13. Elle influence donc directement
l’acquisition de compétences cognitives. Nous continuerons à parler de la plasticité
cérébrale à plusieurs reprises dans ce chapitre car c’est un élément central du phénomène
d’apprentissage qui nous intéresse.

Le self est multiple. Il n’est pas uniquement conscient, il est aussi inconscient. Ce
n’est pas uniquement un agent actif contrôlant nos pensées, nos perceptions. Joseph

13
MERCUADO Eduardo, “Neural and Cognitive Plasticity : From Maps to Minds”, Psychological Bulletin,
American Psychological Association,
2008, Vol. 134, No. 1, p112.
 
16
Ledoux14 explique également l’importance de la mémoire dans la construction du self. En
effet, elle permet de maintenir une logique de minute en minute. Le soi est donc
principalement fait de mémoires. Or, ces dernières sont des connections de synapses.
L’identité humaine a donc sa source dans ces connexions créées dès le plus jeune âge à
travers une interaction entre gènes et environnement et à travers un processus
d’apprentissage, résultat de l’expérience. En effet, Alex et David Bennet expliquent que
l’on apprend par la sélection, la connexion et les changements d’information15. Peu après
la naissance a lieu une explosion de synapses représentant une infinité d’opportunités
d’apprentissage. Entre le 8ième et le 16ième mois de la vie, des dizaines de billions d’entre
eux vont disparaître à la suite d’une sélection sculptée16 par interaction avec
l’environnement. Mais comme l’explique Begley17, rien n’est définitif grâce à la propriété
de plasticité du cerveau. Il est possible d’étendre ou de contracter des régions du cerveau.
Et cela se fait par l’action et la pensée.

Nous mentionnons et expliquons le self dans cette section et c’est assez significatif
par rapport à notre question de l’apprentissage car il est, comme le définit Carl Rogers18,
la partie organisée, composée des caractéristiques du je ou du moi. Les scientifiques plus
récents comme Damasio, Ledoux, Gallagher, Sorabji et Churchland parlent d’une
multiplicité du self car il n’est pas uniquement conscient. La partie inconsciente fait aussi
partie intégrante de ce dernier. Lorsqu’on s’intéresse à l’apprentissage, il est fondamental
de se souvenir qu’il y a une part d’inconscient structurant. Ledoux dit que le self est « la
totalité de ce qu’un organisme est physiquement, biologiquement, socialement et
culturellement. »19 Et « la conscience est le produit des processus cognitifs
inconscients »20. Selon Damasio, le sens du self est lié à la conscience, l’attention, le
comportement, l’action, les émotions et sentiments à travers la relation entre les sens de
l’organisme et un objet21. Cette perspective biologique du self implique qu’il se construit

14
LEDOUX Joseph, “The Self : clues from the brain”, Annals of the New York Academy of Science, New
York Academy of science, Vol. 1001, 2003, pp 295
-304.
15
BENNET Alex, BENNET David, The human knowledge system : music and brain coherence”, Vine, Vol.
38, No. 3, p
279.
16 Chaque interaction avec l’environnement est déterminante en termes de connexion de synapses. L’infinité
de connexions possibles au début de la vie se détermine petit à petit à force d’interagir avec ce qui nous
entoure. C’est ainsi que est sculpté un réseau d’interactions synaptiques construisant l’identité de l’individu.

17 Cité dans : BENNET Alex, BENNET David, op. cit., p 279.

18 Cité dans : LEDOUX Joseph, op. cit., p 2.

19 Cité dans : BLAIR Rhonda, op. cit., p 54.

20 Cité dans : Ibid., p 54.

21 Ibid., p 60.
 
17
de manière dynamique en relation avec son environnement et grâce à un engagement
corporel.

La mémoire

Le processus d’apprentissage, comme Joseph Ledoux l’explique dans un débat sur
les neurosciences22 et la question de la mémoire, dépend des synapses et du principe de
plasticité du cerveau. Chaque information perçue voyage dans le cerveau à travers un
réseau de chemins neuronaux se terminant dans différentes parties du cerveau. Quand une
information est significative, la force de l’input (la donnée entrante) est modifiée et
lorsqu’il y a une rencontre entre plusieurs réseaux, le faible input va avoir la possibilité
d’activer une réponse forte grâce à sa connexion à un réseau fort, ce qui permet de
récupérer la mémoire. Notre mémoire fonctionne sur l’association d’informations. Pour
l’améliorer, il est donc fondamental de créer des associations qui vont être considérées
fortes, c’est-à-dire qui nous touchent. Les émotions ont une place conséquente dans le
processus d’apprentissage car elles déterminent la force de l’information dans le cerveau.
Cette possibilité d’association permettant d’améliorer l’accès à une mémoire fait partie
du phénomène de plasticité. Ledoux23 explique également qu’il y a différentes sortes de
mémoires, ce qui implique différentes méthodes de stockage. Certaines mémoires
peuvent même être implicites. Prenons l’exemple d’un enfant apprenant à rouler à vélo.
Dans ce cas, chaque mouvement est planifié par le cerveau à partir d’un système
d’anticipation24 qui, au fur et à mesure des répétitions, corrige davantage ses prédictions
et permet à l’enfant, après un entrainement répété, de savoir rouler à deux roues. La
plupart de ces mémoires présentes dans le cerveau sont, dans ce cas, implicites.
L’apprentissage par le mouvement fait intervenir beaucoup de sens différents et de
prédictions. Les associations entre tous ces sens rendent l’acquisition de connaissances et
de compétences forte. Ce sont des informations faciles à récupérer dans la mémoire. De
même, Blair explique que, par un processus de répétition et d’association à des mémoires
fortes, on les fait passer de la mémoire courte à la mémoire longue25.

22
PAULSON Steve, “The mystery of memory : in search of the past”, Annals New York Academy of Science,
2013,
Vol. 1303, pp 36-55.
23 LEDOUX Joseph, op. cit..

24 BERTHOZ Alain, Le sens du mouvement, Odile Jacob, 2013. Le cerveau stocke des mémoires et en fait
une base de données lui permettant d’anticiper et de prédire des évènements semblables. Ces évènements
peuvent être des mouvements du corps, l’observation de mouvement d’autrui, de l’analyse d’information,
... Grâce à ce qui a déjà été expérimenté, il s’adapte, rend ces prédictions plus précises et plus justes et
apprend. Nous reparlons de ce phénomène dans une autre section.

25 BLAIR Rhonda, op. cit.
 
18
Il est ceci-dit, important de noter que les mémoires sont transformées et filtrées
par le temps. Elles sont toujours une reconstruction de l’imagination au moment du
rappel. Cependant, en comprenant que les mémoires sont un phénomène du moment,
c’est-à-dire de l’instant où elles sont rappelées et sont influencées par la nouvelle situation
et le nouvel état de corps, il serait plus judicieux de les utiliser et les associer afin de
résoudre des problèmes de manière nouvelle et créative et non de tenter une restitution
pure. Un enseignement à l’écoute des découvertes sur le cerveau devrait demander, non
pas de la restitution d’informations, mais des réponses innovantes et créatives à partir des
sujets abordés auparavant. Et ces sujets devraient être étudiés de manière à faire travailler
un maximum de sens différents.

L’interaction des sens et la perc
 
 
 
 

23
nouvelles solutions et la créativité basée sur l’expression de soi d’une manière unique45.
Ces deux types peuvent sembler séparés mais ils ne sont pas mutuellement exclusifs.
L’étude dit qu’ils peuvent se rejoindre notamment à travers de concepts tels que les
métaphores et les analogies.

Quand on parle de créativité, on peut également parler d’imagination.
L’imagination se développe à partir des mémoires et autant les unes que les autres
n’existent qu’à travers les images du corps, qui sont définies par Damasio comme les
« cartographies » des états du corps46. Comme pour les mémoires, ces images sont une
réflexion sur les évènements du moment, les interactions entre l’organisme et son
environnement. On peut dire que l’esprit raconte une histoire au départ préconsciente et
qui arrive ensuite dans la conscience. La créativité, bien qu’elle ne soit probablement pas
limitée à ce processus, se développe avec l’imagination et cette capacité de créer des
images nouvelles qui sont, en fait, des associations créées par l’interaction entre corps et
environnement.

Puisque la capacité à créer est la racine de toute innovation et de toute solution de
problème47, il est fondamental de développer cette compétence dans l’enseignement et
l’éducation.

La pratique des arts scéniques tels que le cirque, le théâtre et la danse encouragent
la création, le développement d’idées nouvelles, le développement de concepts et
méthodes nouvelles. Ainsi un jeune qui pratique ces arts va augmenter ses compétences
créatives et par conséquent ses compétences à innover et apporter des solutions. Si de
plus, ces pratiques artistiques sont utilisées pour des matières scolaires théoriques, le
jeune va apprendre à innover et solutionner dans toutes sortes de domaines. En utilisant
les métaphores et en combinant les deux types de créativité dont parle Anna Abraham
bien qu’il ne s’agisse ici encore que d’hypothèses il devrait être possible d’améliorer48

45
ABRAHAM Anna, « The promises and perils of the neuroscience of creativity”, frontiers in human
neuroscience,
The University of Tokio, Japan, 2013, Vol. 7, Art. 246, p 7.
46 BLAIR Rhonda, op. cit., p 77.

47 MCPHERSON Malinda, LIMB Charles J, op. cit., p 82.

48 Il s’agit d’un véritable enjeu pour la réussite scolaire qui est actuellement un débat dans l’enseignement.
La lutte contre l’échec scolaire est une question centrale. Comprendre le processus cérébral de
l’enseignement peut être un éclairage. Michel Desmarets en parle dans un article de La Libre Belgique et
il affirme « c’est bien d’experts en éducation dont la société a besoin. » Il dénonce la gravité de l’échec
scolaire actuel et propose de voir l’école comme un lieu de révélation d’autres problèmes sociétaires et
identitaires, d’où l’importance d’un enseignement mis à jour et à l’écoute de son public. DESMARETS
Michel, « Un autre regard sur l’échec scolaire » La Libre Belgique, 2009.
URL :
http://www.lalibre.be/debats/opinions/un-autre-regard-sur-l-echec-scolaire-51b8a96de4b0de6db9b64d67
.

 
 

24
les compétences cognitives dans beaucoup de domaines. Utiliser un tel outil dans le
domaine de l’enseignement pourrait aider les jeunes à aborder les concepts abstraits tout
en participant à un développement plus général de sa personnalité. De plus, si l’on parle
d’un apprentissage par la créativité, il est dynamique. Il s’agit d’un processus de création
partagée entre professeur ou animateur et jeune. Et s’ils atteignaient le « flow » state,
il s’agirait également d’un apprentissage demandant moins d’efforts.

Les émotions

In the beginning was emotion but in the beginning of emotion was action”
Damasio49

Les émotions jouent également un rôle clé dans notre discussion. En effet, elles
interviennent dans les processus de cognition, elles interviennent dans les processus de
raisonnement et de prise de décision et sont fortement reliées aux « marqueurs
somatiques50 » et donc au corps. Le cerveau émotionnel donne une valeur aux
informations entrantes. Cette valeur est fondamentale dans le processus de sélection et
d’organisation des synapses. De plus, elles contribuent à l’évaluation de l’environnement
lors de la perception, ce qui est à la base du processus cognitif51. Les émotions prennent
part au processus d’apprentissage. Mais elles ne sont pas uniquement fondamentales à ce
niveau-là de la discussion. Antonio Damasio a étudié des patients ayant subi un dommage
cérébral important dans certaines parties du cortex préfrontal et a découvert que les
émotions jouaient un rôle important. Ces patients, dont Phinéas Gage est l’exemple
historique, n’ont perdu quasi aucune capacité intellectuelle (dans le cas de Phinéas Gage,
les centres de motricité et de langage sont intacts), toutes leurs connaissances sont
présentes mais ils sont dans l’incapacité de prendre des décisions raisonnées, tout
particulièrement dans le domaine social et personnel. Damasio observe un changement
de personnalité conséquent qui a des répercutions dramatiques dans la vie du patient qui
est, dorénavant, dans l’incapacité d’agir de manière raisonnée dans sa vie et ce, bien que
son attention, sa mémoire, sa capacité à apprendre et son estimation soient en bon état. Il
ne ressent plus les émotions comme auparavant. Damasio52 explique que le raisonnement

49 Cité dans : BLAIR Rhonda, op. cit., p 68.

50 Terme utilisé par Damasio dans son livre, L’erreur de Descartes, pour parler des perceptions d’un état
du corps qui va donner un repère au sujet.

51
DIETRICH Arne, op. cit., p 1012
52 DAMASIO Antonio R., L’erreur de Descartes, la raison des émotions, Edition Odile Jacob, Paris, 1995.

 

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et la prise de décision dans le domaine personnel et social sont basés sur le système
émotionnel. Il explique également que ce système est influencé par le contexte, (le
Umwelt, l’environnement). En effet, d’autres études développent la corrélation entre
l’environnement et les émotions ainsi que la partie corporelle de ces dernières. Les
émotions ont un effet corporel et sont influencées par l’état du corps mais également par
le contexte extérieur53. Elles sont constituées de 5 composantes interagissant :

1) les sentiments subjectifs

2) la composante cognitive

3) la composante motivationnelle

4) la composante neurophysiologique

5) les expressions moteurs (par ex. : les mimiques)54.

Que le contexte extérieur influe implique que les individus le fassent également.
Ces influences ne doivent pas être simplement agrégées. On peut effectivement avoir un
comportement de foule différent de la somme des comportements individuels. Ceci
montre l’aspect dynamique de l’interaction entre émotion et environnement.

Quand on parle des émotions, il est important de définir clairement la différence
entre sentiment et émotion. Pour les neuroscientifiques, les sentiments sont les
perceptions des émotions qui, elles, sont davantage physiques, résultantes automatiques
d’un état de corps. Les sentiments, eux, participent à notre conception de soi, ils sont la
partie consciente de l’émotion. Blair explique que ces dernières, les émotions, régulent la
vie et en leur absence, la conscience en prend un coup car elles sont inséparables de la
raison55, ce qui rejoint les constatations de Damasio. Elle continue en disant qu’être
conscient de nos émotions nous permet d’être créatif et innovateur dans nos réponses aux
problèmes. Les émotions et notre conscience des sentiments sont acteurs dans le
processus de prise de décision. Or comme Damasio ou Ekman le disent, les émotions
dépendent de l’état du corps et donc du comportement physique. Rien n’est donc séparé.
Tout est enacté56 et vécu par rapport à sa relation avec son environnement.

53
STEPHAN Achim, WALTER Sven, WENDY Wilutzky, Emotions beyond brain and body”, Physical
Psychology
, Routledge, 2014, Vol. 27. No. 1, pp 65-81.
54 Ibid., p 74.

55 BLAIR Rhonda, op. cit., p 68.

56 Enacté est un terme nouveau qui signifie « vécu corporellement », « ancré dans le corps ». Il semble
essentiel à notre propos.

 

26
Pour notre travail visant à comprendre le processus cérébral de l’apprentissage
pour inspirer la pédagogie, le fait que les émotions soient impliquées dans l’apprentissage
mais encore davantage dans les processus de décision et de raisonnement nous pousse à
les prendre en compte dans notre réflexion sur l’éducation et l’enseignement. Sachant
qu’elles sont contextualisées et enactées, il semble intéressant de mettre en place des
environnements spécifiques57 afin de développer la capacité de raisonnement et
l’apprentissage chez les jeunes. L’exercice dramatique et la représentation scénique ont
cette particularité de créer un environnement très particulier, un lieu dans lequel il y aura
des interactions entre individus et duquel pourront apparaître des émotions. De plus,
comme il est globalement admis, un apprentissage entrainant amusement, joie et intérêt
sera toujours plus efficace que celui uniquement fondé sur l’obligation. Il en est de même
pour les apprentissages actifs en comparaison à ceux qui sont passifs. Par actifs, on peut
notamment considérer ceux qui dynamisent les émotions.

Les périodes de la vie et la plasticité

Piaget a révolutionné la psychologie cognitive en apportant notamment l’idée
qu’il y a des époques critiques pour l’apprentissage. De deux ans à seize ans, les enfants
passent par divers modes de développement, utilisant à chaque étape un niveau supérieur
du système cognitif. L’enfant découvre d’abord son système sensorimoteur (0-2 ans),
ensuite il apprend à se faire des représentations (2-6 ans). Au stade suivant, il réalise des
opérations concrètes (7-11 ans) pour développer à l’adolescence les opérations abstraites
(12-15 ans).

Selon les découvertes actuelles, on ne peut plus parler de périodes critiques mais
plutôt de périodes sensibles. En effet, la plasticité cérébrale permet de nouvelles
adaptations, la création de nouvelles connaissances et l’acquisition de nouvelles
compétences tout au long de la vie. Il serait même intéressant de développer
l’apprentissage chez les vieilles personnes pour entretenir un cerveau en bonne santé et
éviter ou ralentir l’arrivée de déficits cérébraux comme’Alzheimer58. Cependant,
certaines périodes sont plus propices à certains apprentissages. Les bébés créent des
synapses à un rythme extraordinaire. Et par exemple, les stimuli sensoriels et l’acquisition

57 Dans le dernier chapitre, nous parlerons de l’importance du lieu et de l’infrastructure scolaire.
L’environnement joue un rôle clé dans l’apprentissage. L’environnement scolaire doit donc être pensé à cet
effet.

58 DELLA CHIESA Bruno, HINTO Christina, « Comprendre le cerveau : naissance d’une science de
l’apprentissage », Cerveau&Psycho, OCDE , 2008, No. 28, p 2.

 

27
d’une langue se fait beaucoup plus facilement chez les enfants de jeune âge. Le
vocabulaire s’apprend de la même manière à tout âge mais les structures grammaticales
ainsi que l’accent, par exemple, ne s’apprennent pas avec la même facilité à l’âge adulte.
Il serait, dès lors, intéressant d’enseigner les langues avant le secondaire.

Les adolescents ont un statut particulier par rapport au développement cérébral.
Ils sont dans une phase avec un potentiel d’apprentissage très puissant mais le problème
est leur immaturité émotionnelle (le cortex préfrontal n’est pas encore mature). Et comme
nous l’avons vu, les émotions prennent une place importante dans le processus. Elles
guident et perturbent beaucoup de processus cognitifs et psychologiques, comme par
exemple la concentration, la résolution de problèmes et les relations sociales. Pour leur
permettre d’utiliser leur grand potentiel, il faudrait apprendre aux adolescents la
régulation des émotions59 et les aider à développer leur cortex préfrontal.

Les découvertes en neurosciences nous suggèrent donc de ne pas concentrer
l’apprentissage chez les enfants et jeunes adultes mais de continuer à le développer à tout
âge car « plus on apprend, plus on peut apprendre et plus on continue à apprendre, mieux
on continue à apprendre »60.

Dans les deux sections qui suivent, nous allons aborder deux concepts nouveaux
dont parlent Alain Berthoz ainsi que d’autres chercheurs et qui me semblent
fondamentaux pour la discussion de ce mémoire. Il s’agit de la vicariance et de la
simplexité. En effet, ils vont donner une structure à mon propos et
mon idée.

..............................

..........................

36
Conclusions sur le corps et la création dans l’apprentissage

Les connaissances actuelles sur le fonctionnement de l’appareil cognitif, de la
mémoire et du développement de soi montrent l’importance du corps. Pendant des siècles,
on a concentré notre attention sur la partie pensée et esprit en négligeant l’apport de la
corporalité dans le processus d’apprentissage. Damasio, en choisissant le titre de L’erreur
de Descartes, pour son livre analysant des patients à dommages cérébraux, affirme
l’importance de rassembler le corps et l’esprit qui jusque-là avaient été dissociés dans la
philosophie. En effet, il apparait des recherches neuroscientifiques évoquées qu’il serait
utile de prendre en considération la corporalité et de créer un système éducatif
l’englobant. Ceci est l’objet de ce travail. J’ai, à plusieurs reprises, mentionné les
pratiques dramatiques et d’expression corporelle car l’objectif est de les utiliser comme
outil afin de reconsidérer le corps dans l’enseignement à sa juste valeur. Les arts du
spectacle développant un esprit créatif, il me semblait également intéressant d’analyser
en quoi la créativité participe, elle aussi, au développement personnel et au processus
d’apprentissage.

Cependant, il est important de dire ce que les cours d’éducation physique
permettent déjà par rapport à ce travail du corps. Ils utilisent le jeu d’équipe ainsi que le
travail de la souplesse, de l’endurance, de la musculation, de l’attention, de la compétition
et le travail technique d’une discipline pour développer le corps et la santé physique des
élèves. Certaines disciplines des arts vivants telles que la danse et le cirque sont parfois
proposées dans ces cours. Le programme81 de l’enseignement catholique secondaire du
premier degré définit quatre axes éducatifs : l’éducation à la santé, à l’expression, à la
sécurité et l’éducation sportive. Ils ont une approche dans la lignée de ce dont nous avons
parlé dans ce chapitre. Le programme parle en effet d’adaptation au milieu, de
communication non verbale, de construction dans le respect de soi et des autres, de
précision de la perception et de la capture des informations qui nous entoure, de santé
grâce à une maîtrise du corps, de maîtrise du stress. Il sera donc important de les valoriser
dans la proposition à laquelle nous aboutirons dans le dernier chapitre.

Les découvertes neuroscientifiques actuelles nous permettent de concevoir un
nouvel outil, simplexe, pour l’éducation. Par simplexe, on sous-entend « imaginateur »,

81 FESeC, Education physique, 1ier degré : document du programme d’éducation physique premier degré,
Licap, Bruxelles, 2000. Référence : D/20007362/014.

37
novateur, anticipateur et ancré dans son environnement. Cet outil aurait comme
particularité simplexe

de renforcer les mémoires grâce à la combinaison d’un plus grand nombre de sens
et d’une plus grande activité du système émotionnel

de développer des créativités de tout type

de comprendre des concepts abstraits sur base de métaphores concrétisées

de développer le raisonnement et la prise de décision grâce à un système
émotionnel ancré et maîtrisé

de développer son identité personnelle (ou self) de manière complète.

On peut également aborder le corps dans l’apprentissage du point de vue de la
santé mentale et physique, ce qui fait l’objet de beaucoup d’études dans les recherches en
éducation physique et qui fait l’objet d’un consensus. Je ne compte pas développer cet
aspect en profondeur bien qu’il soit d’une telle importance qu’il mérite d’être mentionné
et ajouté à l’argumentation.

 

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